Vallée de l’Agly/ Un désert économique en attente : une mort programmée !

Le barrage de l'Agly le 6 mars 2024.

De source souvent bien informée sans pour autant être officielle, nous apprenons que des techniciens de Paris sont venus expertiser notre département en fonction de la sécheresse et du changement climatique. Ce qu’il ressort de leurs pérégrinations est que notre département est réellement en danger. Que pour la vallée de l’Agly, il n’y a plus d’espoir de redresser la situation. Quelle est donc condamnée. On ne peut pas être plus clair. Mais de quel droit de parfaits inconnus se permettent-ils de plastronner de telles déclarations qui se veulent sans retour possible ? Nous savons que d’autres, dans le département, pensent la même chose. Ce qui en fait est encore plus grave.

Il faut savoir que le canton de la vallée de l’Agly s’étale de Rivesaltes à Vira en passant par Pézilla-de-Conflent. Qu’il compte 38 communes pour quelque 29 552 habitants au recensement de 2021, avec environ 500 élus municipaux. C’est cette population qui serait sacrifiée à la suite de l’expertise de techniciens venus d’ailleurs dressant leurs inventaires sans prendre en considération la vie des habitants ? Ce n’est donc pas uniquement de l’économie de notre arrière-pays, mais tout simplement de la vie des gens dont il est question. Et les hommes, les femmes, ne sont pas des machines ou des terres, que l’on peut rayer de la carte d’un seul trait de plume.

Les landes gagnent du terrain.

Nul besoin d’être un expert en météorologie et en changement climatique, pour voir que la vallée de l’Agly perd tous les jours des terres cultivées. Que la vigne perd du terrain sur nos coteaux, dans nos plaines. Ceci est visible lorsque l’on traverse le canton par la 117, mais quand on prend des chemins départementaux et vicinaux, l’angoisse assaille vos entrailles, fait pleurer vos cœurs devant le désert qui s’installe. Nous savons tous, que les gens ne s’établissent pas dans des zones désertiques, et que seuls, quelques bobos fortunés à la recherche de sensations fortes, peuvent décider de passer des vacances dans des contrées abandonnées ou l’eau devient une denrée de luxe. Il faut savoir que dans le canton, des communes sont ravitaillées en eau potable, d’autres placées sous surveillance. Ma grand-mère avait une expression pour caricaturer de telles situations : « Has de ser abandonat de la mà de Déu ». (Il faut être abandonné de la main de Dieu.). Mais pour le quart d’heure, ce n’est pas Dieu qui nous abandonne, mais bien des hommes et des femmes qui ont en responsabilité le bien-être des populations.

Que d’eau, que d’eau….. perdue ! L’Agly à Estagel le 6 mars 2013.

Des efforts réduits à néant ?

Tous les efforts faits par nos élus, tous les beaux lotissements prévus, les aménagements pour améliorer la réception de l’eau et son acheminement, seraient ainsi réduits à néant ? Des sommes conséquentes pour ces réalisations perdues ? Inutile d’aller consulter internet pour savoir comment les populations vont bouger. Si cette mauvaise politique, si cet abandon qui semble programmé se concrétise, les populations de nos villages ne peuvent que diminuer.

Un exemple :

Estagel, en 1881 comptait 2970 habitants. Au dernier recensement, 2100. Dans un avenir proche combien restera-t-il d’habitants dans ce village ?

Mais ce sont aussi les efforts consentis dans tous les domaines par les agriculteurs courageux, qui sont aussi menacés. Sans compter les répercussions sur les commerces déjà en difficulté pour lesquels les gérants et les propriétaires font des efforts incommensurables pour les maintenir en vie, les développer.

Les élus doivent descendre dans l’arène.

Il faudrait que les élus sortent un peu de leurs salons lambrissés et rendent des comptes aux populations concernées, car, quand on s’installe dans le confort, on passe à côté des choses évidentes.

Il n’est pas possible que nos maires, nos élus locaux, départementaux, soient dans l’ignorance de cette situation, de cette expertise. Nous savons que c’est impossible. Mesurent-ils la responsabilité qu’ils prennent en gardant le silence ? En ne mobilisant pas les populations pour dire : « Nous voulons vivre de notre travail chez nous ».

En effet, pour empêcher cet abandon ignoble, ce ne peut être que l’affaire de tous.

Alors en avant ! Mesdames, Messieurs les Élus politiques tiraient les premiers.

Nous savons que la colère n’est pas bonne conseillère, mais parfois, lorsqu’elle est bien réfléchie, il faut l’exprimer.

Pour le quart d’heure, il semblerait que ce soit une question de vie ou de mort.

Si cette mobilisation ne devient pas effective, en agriculture, il ne restera plus que quelques domaines plus ou moins importants sur le territoire. Cette situation nous ramènerait à l’époque des seigneurs et des serfs. Les quelques agriculteurs formés à l’excellence, pour gagner leur pitance, devant vendre leur force de travail à ces exploitations conséquentes.

Nous attendons !

Joseph Jourda