Une Catalogne indépendante dans le monde du XXIe siècle : de Washington à Moscou

La Delegació del Consell per la República, le cinéma Castillet et le Comitè de Solidaritat Catalana vous invitent à la conférence qui aura lieu jeudi 28 octobre à 18h30 au cinéma Castillet (centre-ville): « Une Catalogne indépendante dans le monde du XXIe siècle, de Washington à Moscou », par Josep Lluís Alay. Entrée libre sur présentation du passe sanitaire, limitée à 150 personnes.

« La Catalogne a été historiquement un pays ouvert aux relations commerciales et politiques avec le monde, et depuis des temps immémoriaux avec l’ensemble des pays voisins, quand les Consolats de Mar abondaient sur le pourtour méditerranéen. Pendant la première moitié du XXème siècle, le mouvement indépendantiste mené par Francesc Macià a tissé des liens dans toute l’Europe, mais aussi avec l’Amérique et la Russie, alors qu’après la Seconde Guerre Mondiale le nationalisme catalan a développé une vocation très nettement européiste afin de faire partie intégrante d’un continent uni, représenté aujourd’hui par l’Union Européenne, laquelle a toujours été perçue comme une garantie pour la survie de la nation catalane.

Cependant, en ce XXIème siècle, la montée extraordinaire du désir d’un État catalan indépendant est allé de pair avec de nouvelles tendances géopolitiques dans le monde. Après la déclaration d’indépendance de 2017, il apparaît clairement que l’Europe ne se limite pas à Bruxelles et que le monde ne se limite à l’Europe. Une Catalogne indépendante doit également se tourner vers Londres ou d’autres pays européens qui ne font pas partie de l’UE. Par ailleurs, il n’échappe à personne que la Russie est une réalité géographiquement proche et qu’elle continue à exercer une grande influence dans la diplomatie internationale, et de ce fait il convient de maintenir des relations avec cette puissance.

En dehors de la sphère européenne, il va sans dire que les États-Unis continuent à s’affirmer en tant que première puissance mondiale, et que de ce fait, quelconque nouvel État doit avoir son consentement, ou en tout cas l’absence d’opposition de sa part. Avec l’Amérique latine, il y a des liens humains étroits qui nous unissent, notamment avec l’exil catalan du XXème siècle, mais aussi des liens symboliques comme la proclamation de la première Constitution d’une république catalane à Cuba, il y a de cela presque cent ans. Au jour d’aujourd’hui on assiste à l’émergence d’autres régions du monde en Asie et en Afrique, avec lesquelles une Catalogne indépendante se doit d’établir de nouvelles relations politiques.

A la Catalogne, il lui convient de sortir des carcans espagnols et français concernant les relations internationales, afin de créer un nouveau cadre catalan adapté à ses intérêts légitimes, et avec lequel il doit être possible se mettre en relation avec toutes les nations du monde. Et que peut apporter une Catalogne indépendante au monde ? Une partie de la réponse nous la trouverons dans la défense ferme de la liberté et du droit des peuples à l’autodétermination, depuis la Nouvelle-Calédonie jusqu’à l’Écosse, en passant par les Ouïghours. »

Josep Lluís Alay
Directeur de cabinet du Président Carles Puigdemont
Né à Barcelone en 1966. Docteur en physique, docteur en histoire et licencié en philologie. Une partie importante de sa vie professionnelle a été consacrée à la recherche et au professorat aux universités de Louvain-la-Neuve, Hiroshima et Barcelone. Actuellement, il est professeur d’histoire à l’Université de Barcelona. Il est l’auteur d’une dizaine de livres et il a traduit plusieurs œuvres littéraires du tibétain et du russe au catalan.

Il a été directeur du Département « Patrimoine, Musées et Archives » de la ville de Barcelone entre 2011 et 2015 et chargé de mission des « Relations Internationales » pour la Députation de Barcelona entre 2015 et 2018. Depuis sa création en 2018, il est le directeur de cabinet du Président à l’exil Carles Puigdemont. Il a été détenu à deux reprises par la Police nationale et la Garde civile espagnoles depuis 2018 et fait l’objet de quatre poursuites judiciaires associées à des affaires internationales, considérées comme faisant partie de la répression espagnole contre le mouvement indépendantiste catalan.