Le masque obligatoire en extérieur dans de plus en plus de villes

Le masque obligatoire en extérieur dans de plus en plus de villes

Lundi 19 octobre à l’hôpital privé Médipôle de Lyon-Villeurbanne, sur 20 lits disponibles dans l’unité de prise en charge Covid, 15 sont occupés. Chaque semaine, le nombre de malades augmente dans les hôpitaux français et principalement ceux présents dans les zones où le virus circule activement. Une situation qui oblige les autorités à prendre davantage de mesures restrictives. Le port du masque obligatoire en extérieur en est une. Elles sont de plus en plus nombreuses, les villes françaises qui adoptent cette mesure qui bien entendu, ne va pas sans conséquences ni grincements de dents. Éclairage.

Le port du masque obligatoire dans les Pyrénées-Orientales

Dans diverses communes en France, le port du masque à l’extérieur tend à se généraliser. Ces décisions sont surtout le fait des maires ou des préfets. Ce sont ces autorités qui jugent de l’opportunité ou non de restreindre davantage les libertés individuelles en imposant aux citoyens le port du masque dans les lieux publics, qu’ils soient ouverts ou fermés.  

C’est le cas dans l’Aude et les Pyrénées-Orientales où depuis le mois d’août, l’on doit obligatoirement porter un masque pour se déplacer d’un endroit à un autre. Gruissan, Barcarès, Argelès-sur-Mer et Canet-en-Roussillon sont quelques-unes des villes concernées par cette mesure. Si cette dernière englobe l’intégralité des lieux publics dans les trois premières, elle ne concerne que les marchés de Canet-en-Roussillon ainsi que le boulevard Cassanyes.

À Barcarès, le port du masque en extérieur s’applique sur la place de la République, la place du Tertre, la place de la Condalère sans oublier les marchés ouverts de la ville. Pour être tout à fait complet sur la question, indiquons très clairement que l’application de cette mesure correspond davantage aux lieux de rassemblement. Il s’agit précisément d’endroit où il est difficile d’appliquer la distanciation sociale. Les marchés, les lieux de loisirs, les restaurants et autres lieux de regroupement des personnes sont par conséquent les coins les plus visés.

Dans le département des Pyrénées-Orientales, l’arrêté préfectoral instituant le port obligatoire du masque en extérieur date du 5 août 2020. C’est en raison de la recrudescence de la pandémie que cette mesure a été prolongée jusqu’au 30 septembre dernier. Objectif clairement affiché : éviter la transmission du virus par tous les moyens possibles.

Les conséquences de l’insouciance

Outre la prolongation décidée par les autorités, l’ajout de Perpignan dans la liste des villes concernées par cette mesure démontre à suffisance que ce département est l’une des zones les plus touchées par la pandémie. En rendant obligatoire le port du masque en extérieur dans l’ensemble du département des Pyrénées-Orientales, le préfet a indiqué dans un communiqué rendu public que « Des contrôles seront effectués par les services de police et de gendarmerie, en collaboration avec les maires et leur police municipale ».

À Perpignan, l’extension de la zone où le port du masque est obligatoire a été décidée par Louis Aliot, le maire de la commune. Si les autorités s’activent tant en multipliant les mesures restrictives, c’est pour éviter un reconfinement total de la population. Une telle situation bien qu’étant à craindre serait catastrophique pour l’économie locale. Une telle mesure ne manque pourtant pas de pertinence si l’on tient compte du niveau de circulation actuelle du virus. Selon des sources concordantes, le rebond de l’épidémie ces dernières semaines est la conséquence du relâchement observé l’été dernier.

La sortie du confinement avait alors donné lieu à des scènes ubuesques caractérisées par une insouciance généralisée. Les images de personnes se prélassant sans masque chirurgical de protection dans les plages ou se côtoyant dans les restaurants et les boîtes de nuit avaient ému la France entière. Plus grave encore, les marches de protestation organisées par les gilets jaunes et autres syndicats se sont tenues sans aucun respect des gestes barrières. Toutes choses qui ont contribué à une propagation exponentielle du virus. C’est pourquoi les centres-villes et les zones les plus fréquentées sont désormais dans le collimateur des autorités.

Port du masque : des intérieurs vers les extérieurs, rude bataille

Auparavant, le port du masque n’était obligatoire que dans les lieux fermés. Étaient concernés par cette mesure, outre les entreprises, les administrations et notamment les espaces ouverts et les lieux destinés à accueillir le public (hall, salles d’attente, salles de réunion…) Mais depuis le 1er septembre, la substitution du protocole sanitaire Covid-19 au protocole national de déconfinement est entrée dans les faits. Entre autres exigences, le port du masque chirurgical est rendu obligatoire dans les espaces communs par ce nouveau protocole.

Cependant, le souhait du gouvernement de procéder à un examen minutieux des adaptations et des dérogations s’appuie sur la diversité et les spécificités propres à chaque organisation. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre la saisine du Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) par le gouvernement. Les amendements à apporter sur le principe du port du masque sur les lieux de travail collectifs et fermés sont au cœur des préoccupations gouvernementales.

Port du masque obligatoire, entre compromis et dérogation

L’avis du HCSP sur la question ressort deux cas de figure compatibles avec une possible dérogation. Il s’agit d’une part du travailleur solitaire occupant un espace de travail et d’autre part des ateliers de travail occupés par plusieurs personnes au même moment. Ces derniers, bien qu’exigeant d’intenses efforts physiques, doivent être munis de système d’aération et de ventilation répondant aux normes réglementaires en vigueur.

Par ailleurs, dans le cas des espaces de travail collaboratifs communément appelés Open Space, le HCSP accorde un avis favorable au salarié. Ce dernier peut en effet ôter son masque de façon temporaire. Cependant, l’intéressé doit s’assurer que la distanciation sociale est respectée et que l’air présent dans la pièce est régulièrement renouvelé par le système d’aération.

Enfin, une dérogation a été accordée par le HCSP aux activités dont l’incompatibilité avec le port du masque est avérée. Les prises de parole en public et les interventions orales sont quelques-unes d’entre elles. La poursuite du dialogue entre le gouvernement et les partenaires sociaux permettra, sans aucun doute, une meilleure prise en compte de cette problématique.