Thuir : clap de fin pour le festival Théâtre d’Automne

Le spectacle « MAR’A » clôture en beauté(s) ce 19° festival de théâtre(s) d’Automne le samedi 24 octobre à 21h…..Rencontre avec Nassima Moucheni, l’auteur, avec Thomas-Antoine Pénanguer (mise en scène), de cette création chorégraphique chargée de sens, d’émotions….Suivons la chorégraphe, en toute transparence, dans un univers quasi onirique qui laisse le spectateur libre de toute interprétation…MAR’A signifie « femme » en arabe. De la scénographie, de la danse, une expérience sonore et visuelle intemporelle à laquelle Thomas Pénanguer et Nassima Moucheni invite le spectateur….Bien plus qu’un spectacle, c’est un voyage dans le monde des rêves, un travail sur les ombres et la lumière pour aborder le thème de l’oppression de la femme…

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« Je ne milite pas », précise Nassima Moucheni, la danseuse,« j’observe le monde dans lequel j’évolue, je me suis plongée dans l’Histoire passée de différents peuples, de différentes cultures. Je ne peux exister sans me poser de questions! Ma double culture ( Algérienne et Française) m’a fait me questionner sur l'(id)entité »femme« , sur cette constante contradiction entre la transmission maternelle (le poids de l’ »honneur« ) et le besoin de sortir d’un carcan d’oppression et de soumission à l’homme »
Pour autant, ici, la femme n’est pas une forme brute, immuable! La danse de la Compagnie N’MARA ( obstination en Kabyle) va au-delà et montre la capacité de cette « forme » (féminine) à se déformer, se transformer: le corps se déplie, se tord; les auteurs ont joué (on pourrait dire « danser ») sur la présence du corps qui cherche toujours « sa place ».

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La force des mots
La « décontextualisation » permet de fait le questionnement du spectateur. Les sons, la musicalité des voix « off », les interactions entre danse, musique et voix se font l’expression du travail effectué par les artistes sur la liberté d’expression, sur l’« état » de la femme. Les phrases en voix « off », apportent un rythme, un bouleversement, tels ces mots, à un moment clé du spectacle : « The flesh of my bones were falling off and the bones of my cheeks were showing ». « C’est le témoignage poignant d’une jeune femme, Pakistanaise, défigurée à l’acide par son mari qui refusait leur séparation » explique Nassima, « la musicalité de ses mots traduisent souffrance et révolte ».
Sur scène, La danseuse se débat, sans jamais une once de violence. Elle mêle le langage corporel à la force des mots, enrichis par le contraste entre le monde réel et l’univers onirique (l’ombre et la lumière). Elle en devient l’instrument, la « forme qui s ‘adapte au fond«. Comme elle le dit si justement »C’est un corps de danse qui tient le souvenir à bout de bras, les pieds ancrés dans le présent et le regard tourné vers l’avenir… »
Tout est là….Une heure pour un voyage visuel,sonore, lumineux, en quête de réflexion(s) : « On ne naît pas femme, on le devient » disait Simone de Beauvoir au siècle dernier. Avec Nassima Moucheni et Thomas Pénanguer, on peut rajouter « oui, mais laquelle? »