Roger Hanin : le plus « catalan » des pieds noirs d’Alger

roger-hanin-le-plus-catalan-des-pieds-noirs-dalger

roger-hanin-le-plus-catalan-des-pieds-noirs-dalgerRoger Hanin avait pris une « carte d’abonnement au CML » qui l’invita à Perpignan dès 1985, lors de la sortie de son roman « Le voyage d’Arsène », jusqu’au dernier « Loin de Kharkov » en 2007.  Une fidélité à Perpignan et au Roussillon qui avait fait de l’acteur-écrivain une sorte de catalan d’adoption.

Roger Hanin aimait le Roussillon qui lui rappelait par certains aspects de ses paysages sa terre algérienne celle de Boufarik, de Blida et d’Alger.  Sitôt arrivé il lançait de sa voix qui porte, reconnaissable entre toutes : « Allons boire un thé à la place Place Cassanyes ! » Dès qu’un de ses romans sortait en librairie, c’était devenu un rituel pour Roger Hanin : priorité à Perpignan ! Il le savait, des lecteurs et des amis l’attendaient ;  la famille Halimi, Philippe Benguigui qu’il aimait titiller… et tant d’autres visages amis et aimés du CML. Roger Hanin était fier d’être invité par un cercle littéraire qui porte la Méditerranée dans son nom. La Méditerranée, la littérature  et Albert Camus  étaient en réalité  les véritables grandes passions de l’artiste, et il nous confia plus d’une fois que  le cinéma et le théâtre  étaient nettement moins importants à ses yeux. Il rêvait en réalité d’une reconnaissance littéraire qu’il n’aura pas eu, trop « écrasé » par son personnage. Albert Camus était la passion de sa vie. Né comme lui dans un quartier pauvre d’Alger, il a connu la misère, mais aussi la solidarité avec les plus démunis. Mais, tout comme pour Camus, le destin a décidé de lui donner sa chance. Comme il l’a souvent avoué lui-même son mauvais caractère, une certaine fierté qu’il portait comme une revanche, lui auront joué bien des tours, car ceux qui, contrairement aux nombreux catalans  qui ont eu le privilège de le fréquenter régulièrement au CML, ne connaissait pas l’homme révolté au grand cœur.  En plus de vingt ans de compagnonnage avec le CML, Roger Hanin aura arpenté le Roussillon, de Perpignan à Céret, des Aspres au Conflent et la plupart des communes du littoral. Tout au long de ce périple, Roger Hanin aura été souvent là où l’on ne l’attendait pas. A Estagel, à Thuir et même Camélas… A Perpignan, le rite était sacré pour lui : point d’Inspecteur Navarro ! Mais bienvenu à un écrivain méditerranéen qui venait à la rencontre de ses lecteurs.  Dans « L’Envers et l’Endroit », Albert Camus écrit :  « Chaque artiste garde, au fond de lui, une source unique qui alimente pendant sa vie ce qu’il est et ce qu’il dit. […] Pour moi, je, sais que ma source est dans L’Envers et l’Endroit, dans ce monde de pauvreté et de lumière où j’ai longtemps vécu… ». C’est dans le reflet de ce monde, d’abord de  pauvreté puis de lumière,  que l’on peut discerner le vrai visage de Roger Hanin, qui a été marqué toute sa vie par son enfance et son destin déraciné. Adieu l’ami, adieu l’artiste, adieu l’écrivain…