J’ai grimpé ce matin à travers les ruelles de schiste de Corsavy, ce village du Vallespir perché à 777 mètres d’altitude. L’eau ruisselle partout ici, captée depuis des siècles en d’innombrables fontaines qui jalonnent les sentiers de ce hameau de 247 habitants. Contrairement aux trois fontaines légendaires de Nîmes ou de Pontivy, celles de Corsavy ne portent pas de noms sacrés gravés dans la pierre. Pourtant, elles racontent une histoire bien réelle : celle d’un village catalan qui a survécu grâce à cette eau de montagne, captée patiemment au fil des siècles.
Le Riuferrer, la rivière de la Fou et la rivière del Freixe drainent ce territoire abrupt du Canigó. Chaque source, chaque fontaine témoigne d’un savoir-faire hydraulique ancestral. En cette fin octobre, les feuillages des châtaigniers prennent des teintes cuivrées. Le silence n’est troublé que par le chant de l’eau.
Un réseau hydraulique millénaire sculpté dans le schiste
Des fontaines à chaque coin de sentier
Corsavy compte plus de fontaines que de rues. Ce n’est pas une légende touristique, mais une réalité géographique. L’eau qui descend du massif du Canigó a été canalisée dès le Moyen Âge par les habitants. Chaque fontaine possède sa propre histoire, souvent liée aux anciens mas et aux hameaux dispersés comme Léca. Certaines sources alimentaient les forges de Batère, fermées en 1997 après des siècles d’exploitation du fer.
L’architecture catalane au service de l’eau
Les fontaines de Corsavy sont construites en schiste local, ce matériau sombre qui donne au village son caractère austère et authentique. Les bassins en pierre, les rigoles taillées à la main, les petits abreuvoirs pour les troupeaux : tout révèle une adaptation parfaite au relief. Contrairement aux villages alpins où l’eau est parfois rare, ici elle abonde. Cette richesse hydraulique a permis la survie d’une agriculture de montagne et d’un artisanat local encore vivant aujourd’hui.
Une authenticité préservée loin des circuits touristiques
Le Vallespir méconnu face au Conflent saturé
Pendant que des milliers de randonneurs envahissent les gorges de la Carança ou le lac des Bouillouses, Corsavy reste dans l’ombre. Cette commune rurale du Haut Vallespir-Sud Canigó n’affiche aucun panneau aguicheur, aucune promesse de panorama instagrammable. Pourtant, ses ruelles pittoresques et sa tour à signaux offrent un voyage dans le temps bien plus authentique que les villages rénovés du Conflent. Ici, on croise encore des habitants qui parlent catalan, qui produisent fromage de brebis, miel et charcuterie selon des méthodes ancestrales.
Un patrimoine roman oublié
L’ancienne église Sant Martí de Cortsaví se dresse à l’écart du hameau, témoin de l’ancienne vicomté qui contrôlait ces vallées. Son architecture romane simple contraste avec les églises baroques du littoral. Peu de visiteurs s’y arrêtent, préférant les sites classés. C’est justement ce qui fait la force de Corsavy : un territoire préservé comme Jujols plus au nord, où les traditions se transmettent sans artifice.
L’expérience exclusive qui vous attend
Randonnées entre sources et forêts de châtaigniers
Les sentiers autour de Corsavy traversent des forêts mixtes où chênes verts et châtaigniers se côtoient. En automne, les champignons poussent près des sources, attirant les cueilleurs locaux. Les chemins mènent vers des hameaux abandonnés, des ruines de mas en pierre sèche, des anciens cortals de bergers. Aucun balisage excessif, juste des cairns discrets. Vous croiserez peut-être un apiculteur remontant ses ruches d’altitude, un berger surveillant ses brebis, ou un ancien racontant l’histoire des mines de Batère.
Découverte d’un artisanat vivant
Contrairement aux villages musées où l’artisanat n’est qu’un spectacle pour touristes, Corsavy abrite encore des producteurs authentiques. Le fromage de brebis se fabrique dans des ateliers familiaux, le miel provient de ruches installées dans les hauteurs, la charcuterie suit des recettes catalanes transmises de génération en génération. Vous ne trouverez pas de boutique clinquante, mais des ventes directes chez l’habitant. Cette authenticité rappelle celle de Fuilla, où les cloches naissent encore du feu de vigne.
Accès et conseils d’initié
Comment rejoindre Corsavy depuis Perpignan
Comptez environ 70 kilomètres et 1h15 de route depuis Perpignan. Prenez la direction de Céret par la D115, puis suivez les routes secondaires vers le Haut Vallespir. Les routes sont sinueuses mais en bon état. Stationnement possible au centre du hameau. En cette fin octobre, les conditions sont idéales : peu de fréquentation, températures fraîches entre 5 et 15°C, lumière dorée de fin d’après-midi sur les schistes.
Conseils pratiques pour une visite réussie
Privilégiez la fin de matinée ou la fin d’après-midi pour profiter des meilleures lumières. Prévoyez des chaussures de randonnée adaptées : les chemins peuvent être humides près des sources. Emportez une gourde, mais vous pourrez la remplir aux nombreuses fontaines du village. Si vous cherchez à acheter des produits locaux, renseignez-vous à la mairie ou auprès des habitants sur les horaires de vente directe. Combinez votre visite avec Mosset à 35 kilomètres, autre village préservé du Conflent.
Vos questions sur Corsavy et ses fontaines
Combien de fontaines compte exactement Corsavy ?
Il n’existe pas de recensement officiel, mais les habitants évoquent plusieurs dizaines de points d’eau répartis dans le village et ses alentours. Chaque hameau, chaque mas possédait sa propre source captée.
Peut-on boire l’eau des fontaines de Corsavy ?
Certaines fontaines du centre du village sont potables, mais par précaution, renseignez-vous auprès des habitants ou de la mairie avant de consommer l’eau des sources isolées.
Quelle est la meilleure période pour visiter Corsavy ?
L’automne offre des couleurs magnifiques et une fréquentation minimale. Le printemps est également idéal avec les floraisons, mais les sentiers peuvent être boueux.
Y a-t-il des hébergements à Corsavy ?
Le village ne dispose pas d’hôtel, mais quelques gîtes ruraux et chambres d’hôtes sont disponibles. Réservez à l’avance, l’offre est limitée. Céret à 25 kilomètres propose plus de choix.
Les fontaines de Corsavy sont-elles liées à des légendes locales ?
Contrairement aux trois fontaines légendaires de Nîmes ou de Pontivy, celles de Corsavy ne sont pas associées à des récits sacrés documentés. Leur histoire reste celle, plus modeste mais tout aussi fascinante, d’une adaptation humaine remarquable au relief montagnard.





