Une baleine blessée par l’homme est à l’agonie depuis des mois en Méditerranée

The "Cap Cetacés" missions start in 2000, aiming at improving the conservation state of the cetacean populations of the Pelagos sanctuary in the North -Western Mediterranean. The last six years, the programme, led by Denis Ody, cetacean and ambassador boat programme officer, focus on contamination and collision issues for the larger species: fin whales (Balaenoptera physalus), sperm whales/cachalot (Physeter macrocephalus) and pilot whales (Globicephala). We deploy tags to understand better their behavior in the vincinity of ships, and we collect biopsies of skin and blubber. Skin sampling makes it possible to know the sexing, to identify the animal, its relationship, its genetic structure, the size of its population. Fat gives information about her pregnancy status and the rate of contaminants (phthalates) in the body.

L’état de Fluker est très préoccupant. Le rorqual commun du Sanctuaire Pelagos en Méditerranée est bien connu des observateurs. Depuis 25 ans et facilement reconnaissable de par sa queue à demi-amputée, résultat d’une malheureuse rencontre avec l’Homme. Il y a moins d’un an, un second accident lui a amputé définitivement du reste de sa queue. Il est probable qu’un engin de pêche abandonné (filets, lignes appelés « filet fantôme ») en soit responsable. Privée de son moyen de propulsion, Fluker ne peut désormais plus plonger. Or, les baleines ont la particularité de se nourrir de petites crevettes, le krill, à de grandes profondeurs. N’étant plus en capacité de se nourrir, Fluker puise dans ses réserves depuis des mois et son état se dégrade de jour en jour. Cet été lors d’une sortie en mer du Blue Panda, le bateau du WWF, les équipes WWF accompagnées du photographe Alexis Rosenfeld ont été témoins de la détresse du mammifère, amaigri et affaibli.

A quelques kilomètres des côtes françaises, dans le Sanctuaire Pelagos, on rencontre des cachalots, dauphins, globicéphales et des baleines, tels que les fameux rorquals communs. 20 espèces de cétacés sont présentes en Méditerranée dont 8 sont communes. Le rorqual commun est le deuxième plus grand animal vivant sur terre avec une espérance de vie de  plus de 80 ans. Sur-pêche et pêche illégale, engins de pêche perdus ou abandonnés, prises accessoires, augmentation du trafic maritime et de ses impacts (collisions, pollution sonore sous-marine), pollution plastique et chimique, menacent continuellement ces seigneurs de l’océan. Toutes les espèces de mammifères marins présentes en Méditerranée subissent aujourd’hui ces différentes pressions. 

On estime à 1300 le nombre de rorquals communs dans le Sanctuaire Pelagos, et entre 8 et 40 le nombre de rorquals communs tués par des collisions chaque année.

C’est pour mettre fin aux collisions de cétacés avec les navires que le WWF demande

  • La création d’une Zone Maritime Particulièrement Vulnérable en Méditerranée nord-occidentale, grâce à l’implication des Etats concernés (France, Italie, Monaco et potentiellement Espagne) et la soumission d’une demande à l’Organisation Maritime Internationale (OMI). Cela permettra entre autres la mise en oeuvre de réglementations permettant de réduire la vitesse des navires dans les zones à risque à 10 noeuds, vitesse à laquelle le risque de collision létale est considérablement réduit.
  • L’appui des pouvoirs publics pour le développement et le déploiement de systèmes anti-collision performants dans le but de poursuivre les actions menées avec le système Repcet. Ceci afin de permettre une cohabitation entre les cétacés et le transport maritime dont l’augmentation annuelle est de 4%. Le développement d’un système opérant et fonctionnel en Méditerranée pourrait permettre la duplication et l’adaptation aux autres mers et océans. Le WWF, ANDROMEDE OCEANOGRAPHIE et QUIET-OCEANS travaillent déjà activement au développement d’un nouveau système anti-collision via des bouées de détection acoustique.

Bien que l’impact des engins de pêche fantômes ne soit pas encore quantifié avec précision en Méditerranée, il est reconnu que ces derniers impactent de façon importante et grandissante la vie marine. C’est pourquoi le WWF demande

  • Le soutien des pouvoirs publics à l’élaboration et la mise en oeuvre d’une réglementation adéquate concernant la gestion des engins de pêches fantômes, en amont et en aval du problème, notamment via une mise en œuvre ambitieuse de la filière à responsabilité élargie du producteur pour les filets et engins de pêche afin, d’une part, de prévenir l’abandon de nouveaux engins et, d’autre part, d’organiser la récupération et le recyclage des engins abandonnés ou usagés via la mise en place de facilités portuaires adaptées.
  • L’adoption d’un traité international pour lutter contre la pollution plastique à l’échelle mondiale.
  • Le marquage et la traçabilité des engins de pêche, pour pouvoir les localiser quand ils sont perdus et savoir à qui ils appartiennent s’ils n’ont pas été signalés (ce qui permet également de lutter contre la pêche illicite non-déclarée et non-réglementée).
  • L’innovation et le développement d’engins de pêche en matériaux biodégradables pour limiter leur durée de vie une fois perdus.
  • Un travail de sensibilisation des professionnels de la pêche pour optimiser la remontée d’informations concernant les engins fantômes, et améliorer les connaissances de leurs impacts.
  • La mise en place d’actions curatives notamment la localisation et l’enlèvement de filets perdus.

  • Sur le site du WWF France, vous trouverez une page dédiée aux cétacés qui comprend : une fiche d’identité scientifique très complète sur ces mammifères (taille, poids, régime alimentaire…). Également, une explication des menaces qui pèsent sur l’espèce (dérèglement climatique, pollutions, contamination plastique, trafic maritime…). Enfin, le détail des grands projets de terrain menés par le WWF pour protéger cette espèce et mieux la connaître.