TVE ne transmettra pas la Supercoupe d’Espagne en Arabie Saoudite

La nouvelle du boycott est tombée jeudi : la télévision publique espagnole ne participera pas à l’appel d’offres pour les droits de la Supercoupe d’Espagne, délocalisée en Arabie saoudite pour les trois prochaines saisons.

La Fédération espagnole de football (RFEF) avait lancé mardi l’appel d’offres pour les droits, qui doivent rapporter dans les 30 millions d’euros.

Un porte-parole de TVE justifie ce boycott : « Nous pensons que nous ne devons pas lutter pour une Supercoupe qui va se jouer dans un endroit où les droits de l’homme ne sont pas respectés. » Quant à ceux des femmes, faudrait-il encore qu’ils aient droit de cité. Concernant l’accès des femmes au stade, la RFEF s’engage à « l’accès sans restriction des femmes aux rencontres et le lancement d’une compétition de football féminin en Arabie saoudite ».

Ce vœu pieu n’a pas convaincu TVE, et pour cause. Au mois d’août, le Roi a émis des décrets visant à émanciper les femmes. Mardi dernier, la Sécurité d’État annonçait, au travers d’une vidéo et d’un article, que le féminisme serait désormais assimilé à l’extrémisme et à l’incitation au terrorisme. Un pas en avant, trois en arrière.

Citons quelques faits : en mars dernier, trente-six États ont remis une déclaration au Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève, critiquant la répression menée par le gouvernement saoudien contre les défenseurs des droits humains. Militants pacifiques incarcérés et victimes de tortures et de violences sexuelles, tout pouvoir sur les femmes, parfois enchaînées à leur « tuteur » ; Riyad assumant la responsabilité du meurtre du journaliste Jamal Khashoggi ; des activistes féminines passibles de peines de prison pouvant aller jusqu’à 20 ans, des dissidents dans le couloir de la mort, peines capitales au motif de contestation du régime.

Le foot espagnol, baignant dans le sang des pétrodollars ? TVE s’y oppose. Une première. Sera-t-elle suivie par d’autres ?