Tout sur la troisième semaine du festival Jazzèbre

En pas moins de dix concerts, Jazzèbre fait cette semaine le tour de la planète jazz et s’installe à la Casa Musicale, les 10, 11 et 12 octobre, pour un des temps forts de cette 31ème édition. L’entrée en matière de ces soirées est originale puisqu’il s’appuie sur le travail mené au sein du Centre Pénitentiaire de Perpignan par le quartet Blanc autour de la parole d’un groupe de détenus volontaires.

• Le jeudi 10, à 18h30, Blanc présentera cette création éphémère. Un peu plus tard en soirée, il faudra à tout prix venir découvrir le phénoménal solo de batterie du jeune percussionniste suisse Julian Sartorius et le non moins étonnant périple musical inspiré par une descente en pirogue en Guyane à la rencontre des indiens Tcko et Wayampi au coeur de l’Amazonie.

Le Festival Jazzèbre s’installe pour 3 jours intenses et neuf concerts à la Casa Musicale. Au programme, univers aventureux, explorations sonores, voix étonnantes, et jazz latin….
Le jeudi 10, la soirée s’ouvre à 18h30 avec la présentation d’une création éphèmère issue des ateliers d’écriture menés par le quartet montpelliérain Blanc au sein du Centre Pénitentiaire de Perpignan. Textes forts et emplis d’émotion sont nés de ces ateliers, ils sont mis en musique par le quartet et le chanteur Iarossi. Ce concert est d’accès libre.
A 20h30, toujours à la Casa Musicale, il faut à tout prix venir découvrir le solo impressionnant du jeune batteur suisse Julian Sartorius, artiste multiforme(il est également vidéaste, graphiste et performer). qui installe progressivement des formes de symphonies sonores, des transes ébouriffantes….
Le suivront sur scène, un quartet nantais, No Tongues, lauréat Jazz Migration, composé de deux contrebassistes, un saxophoniste et d’un trompettiste. Le quartet est parti, avec l’ethnomusicologue Florent Wattelier, en Guyane, à la rencontre des indiens Tcko et Wayampi, à une plus d’une journée de pirogue sur le fleuve Oyapock dans la forêt amazonienne. C’est à partir des chants et musiques collectés que le quartet résolument contemporain et inspiré par la transe, a créé Les Voix de l’Oyapock. Instruments préparés à la manière de John Cage, traitements des sons, No Tongues nous emmène dans un voyage initiatique étonnant où les sons inouis les grooves étranges font littéralement aborder d’autres contrées musicales.

• Le vendredi 11, le premier voyage est sonore grâce aux pierres chantantes et la batterie minimaliste de Toma Gouband en jeu complice avec le contrebassiste Brice Soniano. La chanteuse suisse Lucia Cadotsch vit à Berlin, capitale artistique effervescente, elle y a rencontré le saxophoniste Otis Sandjö et le contrebassiste Petter Eldh, tous suédois. Ensemble, ils revisitent de manières très personnelle, des standards de Billie Holiday, Nina Simone ou Abbey Lincoln…Après eux, Jazzèbre accueille un projet franco-américain, The Bridge, qui fait se rencontrer, à Chicago et en France, des grands improvisateurs. Trois soufflants répondent aux voix soul et slam de Lisa E. Harris et Mike Ladd.

Pour sa seconde soirée à la Casa Musicale, le Festival propose d’explorer des univers sonores inouïs. A 18h30, le duo Toma Gouband/Brice Soniano est un duo quasi inédit alors que les musiciens compagnons d’étude ont joué ensemble à de multiples reprises dans des formations plus volumineuses. Le percussionniste Toma Gouband développe depuis de nombreuses années un univers sonore à part, faisant résonner ses pierres chantantes, son « lithophone post-préhistorique »sur ses éléments de batterie. Brice Soniano lui répond de manière aérienne, suggère des chemins sonores.

A 20h30, c’est un trio suédois et suisse vivant à Berlin qui occupera la scène, celui de la chanteuse Lucia Cadotsch. Le trio s’empare de standards de Billie Holiday, Nina Simone ou Abbey Lincoln en proposant une relecture moderne.
Les suivent sur scène un projet transatlantique, conçu par le projet The Bridge qui lie depuis dix ans la prolifique scène de Chicago et nombre de musiciens français. Au centre de ce Bridge # 12, la voix très soul de la chanteuse américaine Lisa E. Harris et le slammer Mike Ladd, ils sont entourés par le souffle libre de Christophe Rocher, Christian Pruvost et Lionel Garcin.

• Le samedi 12, la soirée débute par un duo clarinette-saxophone alto Saxicola Rubi qui se réfère aux chants d’oiseaux. En soirée, nous rejoindrons les rives de Cuba. Le pianiste cubain Carlos Maza qui s’est rebaptisé Newel Tahiel en hommage au peuple mapuche, peuple premier du Chili dont il est originaire, joue des préludes lyriques et passionnés. Et le contrebassiste Felipe Cabrera, longtemps complice de Gonzalo Rubalcaba, est à la tête d’un quartet très latin jazz…

La troisième soirée du festival à la Casa Musicale propose à nouveau trois rendez-vous et nous emmènera jusqu’au Chili et à Cuba…

A 18h30, c’est le duo franco allemand Saxicola Rubi qui ouvrira la soirée. Les deux musiciens qui composent ce duo , Laurent Rochelle et Dirk Vogeler, jouent des mêmes instruments, clarinette et saxophone soprano, et s’amusent à mêler leurs sonorités, tels des chants d’oiseaux, c’est éthéré, méditatif, enjoué…
A 20h30, nous retrouvons un musicien invité de nombreuses fois par Jazzèbre, le pianiste et multiinstrumentiste Carlos Maza, qui s’est rebaptisé pour la scène de son nom mapuche Newel Tahiel en hommage à ce peuple chassé et nié par les conquérants espagnols. Chilien de naissance, et d’origine mapuche, l’un des peuples premiers du Chili, le pianiste a émigré très jeune à Cuba à la suite de ses parents au moment de la dictature. Il y a fréquenté les excellentes écoles de musique de l’ile….Sa carrière est désormais longue et enrichie de nombreux enregistrements. Son dernier projet présenté à Perpignan rend hommage aux mapuche au travers 24 mouvements de symphonies pan- américaines.
Le quartet du contrebassiste cubain Felipe Cabrera, pendant plus de quinze années partenaire du pianiste Gonzalo Rubalcaba et compagnon de route de bien d’autres, d’Omara Portuondo à Roberto Fonseca ou Harold Lopez Nussa, s’est installé à Paris depuis quelques années. La musique de son quartet est le reflet de ses multiples influences, cubaines bien sûr, américaines et européennes. Il est particulièrement bien entouré de musiciens de le jeune génération cubaine et du pianiste brésilien Leonardo Montana. L’un de ses enregistrements a été récemment désigné « Best Latin Jazz album ».

Bar et restauration sur place…

• Enfin, le pique-nique dominical vous mènera à ille-sur-têt, en vélo, en balade pédestre dans le village. Après le repas dans les Jardins du Comte, le festival invite à découvrir l’univers étonnant de la chanteuse catalane JUR, circassienne décalée au centre d’un cabaret folk-rock, on pense par moments à Lhasa, mais c’est avant tout un univers très personnel et poétique que Jazzèbre invite à découvrir…

Pour l’avant pique-nique, vous avez le choix, soit aller à Ille en vélo avec l’association La Casa Bicicleta par les berges de la Têt et les pistes cyclables (départ de Perpignan à 10h et de la gare du Soler à 10h45), soit suivre la Fanfare du Festival dans le centre historique du village à partir de 10h30. Ruelles, placettes et Centre d’Art Sacré, les nombreux musiciens de la Grande Fanfare dirigée par Daniel Malavergne cheminent accompagnés d’un guide qui contera points historiques et anecdotes.
Le rendez-vous du pique-nique proprement dit est à 12h30 dans les Jardins du Comte. Celui-ci est comme d’habitude tiré du sac , vins et et café étant offerts. Après l’apéro en fanfare et le repas, Jazzèbre propose de découvrir l’univers envoûtant d’une circassienne et…chanteuse catalane installée à Toulouse et fondatrice de la Crida company, Jur parfaitement entourée par des musiciens qui viennent d’univers différents, entre folk-rock et jazz et performance. Beaucoup de poésie , une voix poignante, fragile et rauque à la fois, Jur chante en espagnol, en catalan et en français. On pense parfois à Lhasa…mais l’univers est vraiment personnel. A découvrir absolument…
Cette journée est organisée grâce au soutien de la commune d’Ille sur Têt.

Lucia Cadotsch/Christoph Rückstuh

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