« Désobéir » s’oppose à la fermeture de l’école des beaux arts

Kévin Courtois et Jimmy Paradis, cofondateurs du mouvement Désobéir nous communique avec prière d’insérer :

« Un budget de 900.000 euros pour la Commune : 13 enseignants (9 à temps plein et 4 à temps partiel), des intervenants externes dont 2 réguliers, 4 personnels administratifs, le tout pour 67 étudiants, soit un coût de 13.432 euros 84 centimes par étudiant.

Le ratio sans nul doute n’est pas bon, du moins sur le plan comptable. Car de quoi parle t-on ?

D’enseignement supérieur avec délivrance d’un diplôme national valant grade de Master et ce, avec la transformation de ce qui n’était qu’un service municipal en Etablissement Public à Caractère Culturel, l’Ecole Supérieure d’Art de Perpignan.

Plongée dans ses petits comptes d’apothicaire, la municipalité aurait décidé de fermer la boutique.

Illustration parfaite de ce que nombre de voix avaient souligné lors du passage en EPCC imposé par le Ministère en 2010 : la vulnérabilité des écoles territoriales d’Art au gré de l’incompréhension et de la courte vue des élus locaux.

Alors si on veut rester dans les chiffres, que ces élus locaux prennent en compte le rapport de l’OCDE de 2014 sur les coûts de l’éducation pour la puissance publique qui l’a en charge : en France, un étudiant du supérieur coûte 15.375 euros par an (base de 2011, toutes filières confondues). Si on veut bien regarder du côté des « modèles » de nos élus, en Allemagne c’est 16.723 euros, en Suède 20.818 euros et aux Etats Unis 26.021 euros. Avec ses 13.432,84 euros, l’Ecole Supérieure d’Art de Perpignan fait « petit joueur »…

Mais la vraie question n’est pas là. Au-delà de la question financière, au-delà même de la question « qu’est-ce qu’une école d’Art ? » – ce qui semble peu intéresser nos élus-, on peut mettre en exergue l’économique et les filières culturelles ne comportant pas moins d’emplois que celles de Droit, de Sciences, de Lettres ou d’Economie… On peut également – et ce devrait être le raisonnement de nos élus qui vont bientôt nous parler de la « Grande Région » – souligner qu’en terme de gestion du territoire, l’existence d’une Ecole Supérieure d’Art à Perpignan répond à un besoin de sa population et à un souci d’équilibrage entre les écoles territoriales équivalentes de Montpellier, Nîmes et Toulouse.

On pourrait même imaginer – mais cela supposerait que ces élus aient quelque ambition et une vision politique – qu’ils/elles se rassemblent pour demander -et obtenir- la création d’une Ecole Nationale d’Art à Perpignan : cette Grande Région qui sera la 2ème en superficie (5ème en population et 6ème en P.I.B.) pourrait être dotée d’un tel établissement dépendant directement (et financièrement) du Ministère de la Culture. Après tout, et sans parler des multiples arguments historiques et artistiques qui rendraient ce choix judicieux, le département des P.O. doit pouvoir compter sur Ségolène Neuville, sa Secrétaire d’Etat catalane ainsi que sur Jacques Cresta, rapporteur de la commission culturelle au Parlement !

En attendant, parce qu’il s’agit d’assurer le financement de la rentrée prochaine et puisqu’il/elle sont également élu(e)s localement, Conseillère Générale influente pour l’une et Vice Président du Conseil Régional pour l’autre, qu’il/elle prennent conscience qu’un établissement public à caractère culturel recueille en principe la participation des autres collectivités locales concernées – Département et Région – et ce, abstraction faite des étiquettes politiques en présence, dans le seul souci de l’intérêt général. C’est à ça que doit servir l’argent public, celui des impôts des citoyens !

Et puis quoi de plus important – à entendre leurs discours lors des campagnes électorales – que l’Education, la Culture et la défense de Leur territoire ?

A défaut, il leur faudra assumer eux aussi et au même titre que Jean-Marc Pujol, le maire de Perpignan, la fermeture de l’Ecole Supérieure d’Art et ce, malgré les petites promenades digestives que les uns ou les autres ont pu faire pour aller « soutenir » les étudiants grévistes, ou les lettres types adressées à tel ministre (qui doit avoir cinq à six personnels chargés d’ouvrir, de jeter à la corbeille et d’envoyer la réponse type…).

Fermer une école par bêtise et pour une histoire de sous, voilà le pire déni politique ! »