Rue de la Cloche d’or : la ville de Perpignan s’opposerait à une restauration trop loin de notre culture culinaire, et peut-être « douteuse »…

Entre la fin de l’année 2019 et le début de l’année 2020, la SAS ESKIS a acquis ou conclu dix baux commerciaux correspondant à des locaux situés dans la rue de la Cloche d’or. Initialement, cette société envisageait de créer dans ce secteur une « artère gourmande », qui devait être composée d’une série de points de restauration permettant une offre variée.

Les travaux réalisés par cette société dans le cadre de son projet ont révélé que plusieurs immeubles présentent un risque pour la sécurité des personnes. Le changement de destination projeté par la SAS ESKIS est alors apparu impossible, sans que les propriétaires des biens concernés réalisent les opérations de consolidation et de sécurisation de leurs bâtiments. Cette situation a conduit la SAS ESKIS à renoncer à son projet d’artère gourmande et à vouloir céder les dix baux commerciaux dont elle est titulaire dans la rue de la Cloche d’or.

Étant donné que cette voie se situe dans le périmètre de protection du commerce et de l’artisanat de proximité, la SAS ESKIS était tenue de déclarer à la commune la cession de ses baux, afin que la ville puisse apprécier l’opportunité d’exercer son droit de préemption.

Aux termes des déclarations d’intention d’aliéner (Dia) réceptionnées à cette fin, les baux de la SAS ESKIS sont présentés comme vendus moyennant un prix généralement dix fois supérieur au prix d’acquisition ; et cela alors même que les commerces dont il s’agit sont fermés depuis près de deux ans et qu’une partie des immeubles concernés sont frappés d’un arrêté de péril compte tenu de leur mauvais état.

Les différents échanges entretenus avec la SAS ESKIS n’ont pas permis de lever les ambiguïtés entourant son projet de cession : nature des activités projetées, identité des acheteurs, état des bâtiments, montant des investissements réalisés, garantie sur la viabilité des activités projetées, cessibilité des baux.

Sur chacun de ces points, les demandes d’information que la commune a formulées dans le cadre de l’instruction des Dia sont restées lettre morte. Plus encore, les déclarations effectuées par voie de presse où les multiples courriels spontanés reçus du Président de la SAS ESKIS ont entretenu la confusion et les incertitudes sur le devenir des dix commerces détenus par cette société.

Ce haut niveau d’incertitude fait peser un risque de paupérisation de la rue de la Cloche d’or ; laquelle risque d’être dénaturée de sa vocation commerciale et de perdre la diversité du tissu commercial sur lequel repose son attractivité. Aujourd’hui, rien ne permet de garantir que les commerces fermés par la SAS ESKIS vont pouvoir rapidement rouvrir leurs portes.

Pour la municipalité, la redynamisation de cette rue traditionnellement commerçante est une priorité et doit se réaliser en concertation avec les commerçants déjà installés, mais aussi avec l’ensemble des acteurs économiques, notamment la Chambre de Commerce et d’Industrie et la Chambre des Métiers. L’épisode du projet d’artère gourmande abandonné montre que la municipalité doit être particulièrement attentive et prudente, à l’égard des projets immobiliers et commerciaux développés dans le secteur hautement stratégique de la rue Cloche d’or. Cette mauvaise expérience a abouti à la fermeture de plusieurs commerces qui fonctionnaient, et dont le remplacement apparaît aujourd’hui autant incertain qu’en décalage avec la vocation originelle de la rue de la Cloche d’or.

C’est la raison pour laquelle le Maire de Perpignan prend ses responsabilités et ceci après avoir consulté l’opposition municipale ainsi que les commerçants en activité dans cette rue. Soucieuse de la préservation du commerce de proximité et de l’attractivité du cœur de ville, la municipalité a donc, en toute logique, décidé de préempter les dix baux commerciaux cédés par la SAS ESKIS. Cette décision s’inscrit dans la droite ligne de la politique de redynamisation du cœur de ville menée par la commune, et qui se traduit notamment par la requalification de la Place Hyacinthe Rigaud ou la revitalisation de la Rue des Augustins.

La préemption des différents baux détenus par la SAS ESKIS est notifiée ce jour à cette dernière, ainsi qu’aux différents bailleurs concernés. Dans la foulée de cette notification, la commune saisira le juge compétent dans ce domaine, afin que l’acquisition des baux préemptés s’effectue à un prix correspondant à leur valeur réelle.

Conformément à la législation applicable en la matière, la commune disposera de deux ans suivant l’acquisition des baux pour les rétrocéder à des commerçants ou artisans. D’ores et déjà, la municipalité s’engage sur une sélection de porteurs de projets économiquement viables, facteurs d’attractivité pour le centre-ville et dont les activités devront correspondre à l’identité de la rue de la Cloche d’or ainsi qu’à sa vocation commerçante.