Rivesaltes/ Attentats de Paris : La préfète a réuni tous les maires des P-O

PREFETE ETAT URGENCE QUATRE

Le 20 novembre 2015, en matinée, dans les locaux du CFA de Rivesaltes, la préfète des Pyrénées-Orientales, Josiane Chevalier, est intervenue devant plus de 200 des 226 maires des Pyrénées-Orientales.

Morceaux choisis de son intervention, dans le cadre de l’application de l’état d’urgence…

– « Depuis le vendredi 13 novembr 2015, une guerre nous est imposée. Cette guerre est menée par des terroristes Ces terroristes veulent semer l’effroi pour nous diviser Ils veulent nous empêcher de vivre en citoyens libres Ils ont la haine de la France, de ce qu’elle est, de ce qu’elle représente, et de ce qu’elle fait sur la scène internationale.
Notre réaction doit être totale et impitoyable. Dès vendredi soir, la puissance de l’État s’est mobilisée pour riposter à cette agression et pour défendre la République. Mais l’État a besoin de tous ceux qui aiment la République, et d’abord des élus parce que les élus incarnent la République dans les territoires, parce que les élus font vivre la République chaque jour auprès de nos concitoyens.

Aujourd’hui, l’État a besoin de votre détermination pour défendre la République.
C’est pourquoi à la demande du Ministre de l’Intérieur, j’ai souhaité vous réunir, avec le Procureur de la République, avec les directeurs et chefs de services de l’État, pour vous informer de la stratégie de l’État dans les Pyrénées-Orientales dans ces circonstances exceptionnelles, et pour répondre à vos questions et attentes. La stratégie que je vous présenterai dans quelques instants, les mesures opérationnelles qui garantissent sa mise en œuvre ont un seul objectif :
– Il faut continuer à vivre pleinement,
– Il faut continuer à vivre librement,
– Il faut continuer à vivre ensemble.

La vie quotidienne d’abord : Dans quelques semaines nous entrerons dans la période des fêtes de fin d’année et des marchés de Noël. Je vous demande de ne pas les annuler, mais simplement d’adapter le niveau de sécurité et l’exigence de vigilance au contexte actuel.
La vie économique et sociale, elle aussi, doit continuer. L’État continue à se mobiliser sur tous les fronts, les projets continuent à avancer. C’est le message que tous les chefs de services de l’État, à qui j’ai demandé d’être présents ce matin, veulent vous porter.

J’ai demandé aux sous-préfets de ne pas relâcher leur présence de terrain, aux côtés de ceux qui font avancer le département, que ce soient les élus qui portent des projets pour leur territoire, les chefs d’entreprise qui veulent investir et créer les emplois de demain, les associations qui développent le lien social.

Dans deux semaines, nous aurons l’occasion de faire triompher la vie démocratique. Les élections régionales se tiendront à la date prévue. Elles auront forcément une résonance particulière dans le contexte actuel : ce sera l’occasion de montrer que, quelles que soient les épreuves que notre pays a traversé au cours des derniers jours, il n’est pas atteint dans son essence même, qui est celle de la démocratie, c’est à dire la possibilité de pouvoir choisir librement ses représentants et son projet d’avenir.

Mais il faut surtout faire vivre notre République et ses valeurs. Les barbares nous ont déclaré la guerre parce que nous sommes la France. La France, c’est une communauté de destin qui garantit la liberté à ses membres, qui organise la solidarité pour ceux qui sont vulnérables ou en difficulté, qui accueille ceux qui sont persécutés et qui ont droit à la protection, qui est ouverte sur le monde et sur les autres.
Faire vivre notre République, c’est : refuser les amalgames et ne pas céder à la lâcheté du silence, combattre les surenchères, lutter contre les discriminations (…).

PREFETE ETAT URGENCE DEUX

5 axes de travail guident mon action dans les Pyrénées-Orientales :

1) La vérification de la mise en œuvre effective des mesures prévues par le plan Vigipirate
Nous sommes en posture Vigipirate renforcée depuis les attentats de janvier. Depuis cette date, nous avons régulièrement rappelé aux exploitants des sites les plus sensibles (centres commerciaux, exploitants de sites Seveso, exploitants des réseaux de transport…) leurs obligations en matière de sûreté.
Ces obligations ont été rappelées dès le samedi 14 novembre, et nous nous assurons de leur mise en œuvre effective sur le terrain.

2) Une présence accrue des forces de l’ordre dans l’espace public Objectifs : rassurer, protéger, et anticiper. Toutes les forces disponibles ont été rappelées (annulation ou report des congés et formations) et les missions non essentielles reportées ; Les tournées des patrouilles ont été adaptées pour renforcer la présence autour des sites sensibles, le DDSP et le colonel de gendarmerie y reviendront ; Des forces mobiles ont été mises à disposition soit une quinzaine de gendarmes et j’ai bon espoir aussi d’obtenir des militaires en renfort ; Je voudrai à cet égard vous remercier pour la mobilisation des services municipaux, et notamment les polices municipales (tout particulièrement celle de Perpignan), qui ont apportent leur assistance aux services de l’État dans cette co-production de sécurité. Ce partenariat est essentiel et nous allons encore l’intensifier autour de la video-protection, des protocoles de participation citoyenne ou encore des conventions thématiques comme celle des transports ou avec les bailleurs sociaux.

3) La gestion des rassemblements, qui accueillent un public nombreux : moments de recueillement à la mémoire des victimes, manifestations culturelles, sportives…
Je veux tout d’abord saluer la dignité avec laquelle les habitants ont réagi à ces attentats : solidarité avec les victimes et leurs proches, civisme dans l’application des mesures de sécurité renforcées, annulation des mouvements revendicatifs et sobriété dans l’expression. Dès le soir des attentats, il a fallu anticiper la décision de maintenir ou reporter certains événements sportifs ou culturels, compte tenu du fait que la priorité des forces de l’ordre devait d’abord être la protection des sites sensibles. Après une concertation avec les élus concernés, j’ai pris plusieurs décisions : pas d’interdiction de principe des rassemblements sportifs, culturels et associatifs, sous réserve que le dispositif de sécurité des organisateurs soit adapté à la menace. J’ai eu aussi à rappeler les règles en matière de déclaration de manifestation. La loi doit être impérativement respectée, il en va de la protection de tous. Nous mettrons aussi à votre disposition une fiche de consignes générales pour tout organisateur d’événement, auquel je vous invite à vous référer, qui rappelle les principales mesures de sécurité : ° renforcement de la surveillance à l’entrée des établissements et sur les parkings de ceux-ci ; ° renforcement du nombre d’agents de sécurité et sensibilisation de toutes les personnes, professionnelles ou bénévoles, chargées de la sécurité ; ° ouverture systématique des sacs et paquets : vous avez le droit de le faire, la seule chose qui est interdite, sauf pour les agents habilités, est la fouille des sacs. Vous avez le droit de refuser l’entrée à toute personne qui refuse d’ouvrir son sac ; ° palpation par des agents de sécurité habilités le cas échéant ; ° affichage Vigipirate et rappel par haut parleur des consignes de sécurité à intervalles réguliers ; ° appel immédiat au 17 en cas de comportement ou d’événement suspect.

4) Application des mesures de l’état d’urgence
Les décrets d’application de l’état d’urgence prévu par la loi du 3 avril 1955 ont donné des pouvoirs accrus aux préfets. Plusieurs mesures sont désormais possibles : L’instauration d’un « couvre feu » pour interdire la circulation sur la voie publique à certaines heures de la journée ;
La création de « zone de protection et de sécurité » aux abords de certains bâtiments sensibles par exemple, auxquels seules les personnes habilitées pourront accéder.
L’assignation à résidence : elle consiste à obliger les personnes visées par l’arrêté à pointer jusqu’à 4 fois par jour au commissariat ou à la brigade de gendarmerie la plus proche, et à n’autoriser les sorties que sur des périodes très courtes. Cette mesure permet de mieux surveiller ces personnes. Un individu est actuellement assigné à résidence dans notre département. La perquisition administrative : je peux donner l’ordre aux policiers et gendarmes de perquisitionner le domicile, le commerce, la voiture de tout individu suspecté de détenir des armes ou objets susceptibles d’être liés à des activités terroristes. 12 perquisitions administratives ont déjà eu lieu et d’autres sont prévues dans notre département. Elles nous ont permis des levées de doute ou de mieux appréhender un environnement.
Je voudrais insister sur un point important. L’état d’urgence n’est pas l’état de non droit. Toutes ces mesures doivent être motivées. Elles sont notifiées à la personne concernée avec les voies de recours possibles. Elles sont prises en étroite liaison avec le Procureur de la République . Elles sont placées sous le contrôle du juge administratif. Je signe personnellement chacune de ces mesures. Je veille à ce qu’elles soient adaptées et proportionnées.

5) Une action résolue en matière de lutte contre la radicalisation :
Depuis plus d’un an maintenant, le dispositif de lutte contre la radicalisation islamiste et les réseaux djihadistes est opérationnel dans les Pyrénées-Orientales.
Je voudrais saisir cette occasion pour vous donner quelques informations très précises sur ce dispositif :  A ce jour, 50 personnes sont suivies par les services de renseignement ;  Parmi ces 50 personnes, il y a à la fois des individus radicalisés dont l’appartenance à la mouvance islamiste est connue et qui sont visés par des enquêtes judiciaires ou qui sont déjà en prison. Il y a ensuite des individus en cours de radicalisation dont le suivi doit permettre soit de les mettre à disposition de la justice soit de mettre en place des mesures d’accompagnement pour éviter de les voir basculer dans l’extrémisme. Très régulièrement, je réunis les services de renseignement et de sécurité pour faire un point sur le suivi de chaque individu et décider des mesures appropriées. Régulièrement, je saisis le Procureur de la République, la Protection judiciaire de la jeunesse, le SPIP, le conseil départemental, le CCAS de Perpignan ou encore l’Éducation nationale pour que les mesures les plus adaptées de protection, de suivi et d’accompagnement social, soient mises en œuvre. Dans cette mission, nous travaillons tous en équipe, et je remercie également les référents « radicalisation » des différentes administrations et des collectivités qui ont été désignés et que j’ai réunis encore hier. Ils nous apportent une aide précieuse dans l’accompagnement social des individus signalés et de leurs familles tout comme dans les signalements.

Mesdames et Messieurs Je vous l’ai dit, notre pays est en guerre. Notre pays est en deuil. Et pourtant, il est de notre devoir de faire en sorte que la vie prenne le dessus, malgré tout. La différence entre nous et ces barbares, c’est que nous, nous aimons la vie, et eux, ils aiment la mort. La lutte contre le terrorisme sera longue. Il faudra s’armer de patience autant que de dureté. C’est en faisant preuve de persévérance, d’unité, de lucidité et de dignité, qu’ensemble nous empêcherons le terrorisme de détruire la République ».

PREFETE ETAT URGENCE CINQ