Réunion publique sur le canal d’Elne : « La menace est toujours là »

© Collectif Canal d'Elne

Canal d’irrigation majeur en plaine du Roussillon, le Canal d’Elne fonctionne grâce à une alimentation gravitaire par l’intermédiaire d’un seuil en rivière (resclosa) qui prélève de l’eau du Tech. A Elne, il se sépare en deux branches d’environ 17 km, vers Latour-Bas-Elne et St-Cyprien. Lié à un vaste réseau de ruisseaux d’écoulement (agulles), cet outil ancestral témoigne de plus de 1000 ans de gestion de l’eau en Roussillon. Vecteur essentiel de l’essor agricole de la plaine d’Illibéris, il participe à l’alimentation des nappes phréatiques quaternaires depuis des siècles.

L’environnement, l’économie, l’emploi et le patrimoine se rejoignent autour de cet ouvrage précieux
Le Collectif Canal d’Elne est né en 2018 pour protéger cette infrastructure. À l’origine, plusieurs citoyens se sont mobilisés à l’occasion de la validation du Schéma d’aménagement et de gestion des eaux (Sage) du Tech, en 2017. Ce texte a révélé les menaces qui pèsent sur les rescloses ancestrales, notamment l’étude « Tech Aval », lancée en 2015, prescrivant l’abaissement de la resclosa de 1,70 m, afin de répondre au classement « Liste 2 » du Tech. L’objectif étant de faciliter le passage des poissons migrateurs et des sédiments, selon une « Continuité écologique » fort mal interprétée. Ce mauvais choix aurait condamné définitivement le canal, cruellement privé de son alimentation gravitaire en eau. Plus largement, il semble prévisible que l’abaissement de la resclosa affecte gravement les chenaux qui alimentent les nappes phréatiques et renforcent la ressource en eau potable.

Une victoire fragile…
En 2018 et 2019, la population d’Elne et des environs s’est saisie du problème. Le 15 février dernier, le Conseil d’État s’est prononcé sur le décret scélérat du 3 août 2019, qui donnait une portée trop large au principe de continuité écologique, tandis que l’Assemblée nationale et le Sénat ont été saisis, le 10 juin, d’un amendement à la loi « Climat et résilience », qui interdit l’arasement des seuils en rivière alimentant un moulin. Ces avancées sont des victoires pour le Canal d’Elne, mais elles n’excluent pas la vigilance, car des doutes subsistent sur son avenir.

Afin de maintenir la vigilance de la population et de communiquer les derniers éléments, une réunion publique d’information est organisée mardi 23 novembre de 18h à 19h45 au Cinéma René Vautier, 13 Bd Voltaire, 66200 Elne. Les avancées juridiques, les questions en suspens et les enjeux généraux de la gestion de l’eau en Roussillon seront abordés.

En présence de :
Mme. Françoise Lissovski, présidente honoraire de Tribunal administratif.
M. Pierre Giresse, professeur émérite de géologie à l’Université de Perpignan Via Domitia.
M. Alexis Aloujes, spécialiste des ouvrages en rivière.
M. Joan Lluís Mas, président de l’Association Terra dels Avis.
M. Jérôme Cressole, président du collectif Canal d’Elne.