Réforme territoriale : Quelle place pour l’appellation Roussillon dans la future région issue de la fusion de Midi-Pyrénées et du Languedoc-Roussillon ?

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Sûr que c’est là un sujet de préoccupation majeur… quand les habitants ont de plus en plus de mal à boucler leur fin de mois !

C’est le site L’Olivier – créé par celui, Bruno Delmas, qui a annoncé que Ikéa ne viendrait jamais à Perpignan (contredit depuis par le scoop du journal Les Echos en date du 14 courant!)… le même qui s’apprêterait au nom de l’UMP dit-on à intégrer le casting de l’équipe municipale (sur laquelle pourtant il vomit en permanence) pour les prochaines élections départementales – qui aurait découvert le pot-aux-roses : lors d’une réunion au début du mois d’octobre les maires de Béziers, Montpellier et Narbonne, entre autres élus présents, auraient accordé leurs violons pour appeler « Languedoc » la future grande région (au plan géographique) qui sera issue de la fusion territoriale entre Midi-Pyrénées (Toulouse) et Languedoc-Roussillon (Montpellier).

Il n’en fallait pas plus pour que les élus roussillonnais s’engouffrent dans le brèche médiatique ouverte pour mettre les pieds dans le plat et envoyer la musique démagogique sur le rythme de la catalanité…

Le sénateur-maire de Le Soler, François Calvet, par ailleurs président du Comité départemental de l’UMP’66, a réagi le premier en se fendant d’un courrier au 1er ministre (carrément!), Manuel Valls, pour lui faire connaître « mon opposition totale au fait de ne pas mentionner dans la nouvelle région l’identité catalane forte que nous représentons et qui était, jusque-là, symbolisé par le mot Roussillon. Nous avons déjà connu ce type de comportement lorsque Georges Frêche, président de la Région Languedoc-Roussillon, avait voulu changer le nom en donnant l’appellation Septimanie. De nombreuses manifestations avaient été organisées et devant la mobilisation, le Président du Conseil Régional de l’époque avait dû retirer sa proposition. Les Catalans, leur langue et leur histoire, doivent être respectés dans cette nouvelle Région! Je compte sur vous, qui êtes issu de notre Catalogne, pour que notre identité ne soit pas oubliée (…) ».

Deux jours après, ou deux jours plus tard c’est comme vous voulez, c’est Daniel Mach, ancien député, maire de Pollestres dans la banlieue de Perpignan et secrétaire départemental de l’UMP’66, qui embrayait, en s’adressant à Damien Alary, le tout-nouveau président socialiste (venu du Gard) du Conseil Régional Languedoc-Roussillon : « Par presse et rumeurs, j’ai récemment appris que, dans la perspective de fusion des régions Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées, il était envisagé d’attribuer à cette région unifiée l’appellation Languedoc. Au regard de cette initiative, je tenais à vous faire part de mon refus le plus catégorique et ce pour deux raisons essentielles. Tout d’abord, parce que nommer cette nouvelle région Languedoc, reviendrait à renier tout ce qui constitue la force des terres roussillonnaises. Ce serait une insulte à l’histoire, la culture et la langue catalanes. Le Roussillon et la Catalogne Nord ont toujours revendiqué avec fierté leur identité et en faire fi serait un affront pour toute une population qui est, viscéralement, attachée à son terroir et à ses valeurs. Ensuite, parce que nommer cette nouvelle région Languedoc, ne nous donnerait aucune lisibilité et ne permettrait aucune localisation précise. Les Pyrénées et la Méditerranée sont des atouts communs qui constituent des trésors touristiques. Notre département et ceux qui constituent actuellement le Languedoc-Roussillon vivent, en grande partie, de cette économie du tourisme et le seul nom de la future région doit encourager les visiteurs à y séjourner (…). Au vu de ces éléments, il est impératif de réviser cette position et d’engager une nouvelle réflexion (…) ».

Puis, dans la foulée, celui qui devait arriver arriva : Brice Lafontaine, adjoint au maire de Perpignan délégué aux Affaires catalanes, secrétaire général du parti indépendantiste Unitat Catalana. Bien plus malin que ses prédécesseurs, dans un communiqué de presse laconique il déclarait : « Loin des populistes qui essaient de récupérer un combat qui n’est pas le leur – au passage MM. Calvet et Mach qui siègent avec lui dans la Majorité à la Communauté d’Agglomération Perpignan Méditerranée apprécieront… – Unitat Catalana organisera une conférence de presse afin d’expliquer le choix du nom de région Languedoc avec les instigateurs de la conférence au cours de laquelle a abouti ce consensus. Il faut en effet savoir que le nom de la région leur appartient, aux Languedociens, et que les Catalans avons été considérés comme légitimement hors de leur région. Il est donc apparu comme une évidence que le Languedoc, retrouvant peu à peu sa forme historique, s’appelle Languedoc. Ce débat ne nous concerne pas, nous, Catalans. Ce n’est pas par mépris qu’ils nous ont occultés, mais parce qu’ils considèrent que la Catalogne Nord doit avoir son propre territoire et que c’est à nous d’en définir le nom (…) ».

C’est tout bonnement hallucinant! Mais c’est du Brice Lafontaine. Nous y sommes hélas habitués.

Dans ce bal populaire surréaliste, mêlant à la fois le genres musicaux David Guetta, Les Casenoves, Mireille Mathieu et Cali(méro), seul le maire UMP de Perpignan, Jean-Marc Pujol, ose se mouiller en faisant une proposition concrète depuis son blog : « Cette nouvelle grande région (…) que j’appelle de mes voeux, devra trouver une identité forte pour être reconnue, et je propose de l’appeler soit la région Midi-Méditerranée soit la région Pyrénées-Méditerranée. En effet, il faut qu’à l’autre bout du monde on puisse tout de suite situer géographiquement l’endroit dont on parle. L’identité géographique reste à ma connaissance le meilleur vecteur de communication et de l’économie. Je proposerai donc au nouveau président de la Région de se prononcer immédiatement sur ce choix ».

Jean-Marc Pujol a raison. L’appellation « Roussillon » à l’heure de la mondialisation est trop restrictive. Même en circulant sur des pots de yaourt (« abricot du Roussillon »), elle n’est pas lisible. Pareillement pour l’appellation « Catalogne », car à partir de Salses-le-Château, au Nord, pour tout le monde la Catalogne commence sur la Costa Brava, après la frontière espagnole, et c’est Barcelone et sa région qui l’incarnent. Tous les professionnels du tourisme à Paris, à Londres, à Bruxelles ou à Stockholm vous le confirmeront.

Reste que un tel débat à cinq-six mois d’une échéance électorale capitale pour le département, les prochaines élections cantonales, n’est pas très sain, car il occulte les vrais sujets de préoccupation majeurs dans les P-O autour de l’emploi, du social et bien sûr de l’économie. A l’évidence, certains ont intérêt à l’agiter pour masquer leurs échecs… Certains propos « catalanistes », qui relèveraient davantage du canular si nous n’étions pas en période de crise, atteignent des sommets pathétiques dans la dérision, surtout à un moment où nombre d’habitants du département ont de plus en plus de mal à boucler leur fin de mois !