Projection/débat du RCP 66 : la Sécurité sociale, un combat et un chantier

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Le RCP 66 (Rassemblement Citoyen et Politique des Pyrénées-Orientales) proposait, en partenariat avec la Confédération paysanne, Vallespir Terres Vivantes et Solidaires, un ciné/débat mardi 29 novembre au cinéma Le Cérétan de Céret autour du film « La Sociale » de Gilles Perret.

Jérôme Pous, l’animateur de la soirée, excusait Frédéric Pierru de ne pas avoir pu être présent comme initialement prévu. Mais Jérôme Pous avait pu réaliser une longue interview de Frédéric Pierru qui allait être projetée après le film et avant la partie débat avec la salle.

D’emblée, le ton était donné. « La Sécurité sociale c’est 1,5 fois le budget de L’État ». Cette question est donc sensible au regard des enjeux financiers. Le projet de Sécurité sociale découle de la charte du Conseil national de la Résistance de 1944. Il s’agit « d’organiser rationnellement une société juste et solidaire ». Toujours d’actualité…

Le Rassemblement Citoyen et Politique des Pyrénées-Orientales (RCP 66) nous communique en outre, avec prière d’insérer :

« C’est le ministre communiste Ambroise Croizat qui va mener tambour battant la mise en place de ce plan d’envergure, aidé par le haut fonctionnaire Pierre Laroque. En ce temps où les mots avaient tout leur sens, les expressions utilisées montrent clairement les finalités : « en finir avec les angoisses du lendemain », contribuer à réaliser « les jours heureux ». Le principe de base sera de « cotiser selon ses moyens pour recevoir selon ses besoins ».

La solidarité l’emporte alors définitivement sur la charité ou la compassion.

Pour cela, il faut protéger contre les risques de la vie. Quatre branches sont alors mises en place : la maladie, la vieillesse, les allocations familiales, les accidents du travail / maladies professionnelles. Le financement se fait par des cotisations (et non des charges comme dans la novlangue libérale) : c’est le système dit bismarckien qui permet d’asseoir une gestion paritaire. A l’opposé du système beveridgien financé par l’impôt qui peut mettre la gestion de la Sécurité sociale à la merci de décisions politiques circonstancielles.

Déjà en 1945, on peut noter ce qui va devenir une constance : la permanence des discours critiques et des attaques, avec des arguments immuables. La peur du renchérissement du coût du travail des patrons faisait agiter la menace de délocalisation vers les colonies… La réforme de 1967 portait en germes la déstabilisation durable de la Sécurité sociale : la séparation des 4 branches réduisant la solidarité entre les risques assurés, la mise en place d’un paritarisme asymétrique signifiant de fait la prise du pouvoir des patrons. Cette réforme fut portée sous la présidence de De Gaulle, celui-là même qui dirigeait la France en 1945 au moment de la mise en place de la Sécurité sociale… Qu’est-ce qui avait donc pu changer en 20 ans ? Le rapport de force… A la Libération, il penchait nettement en faveur du mouvement ouvrier. La droite et les patrons s’étaient discrédités dans les années 30 par des politiques libérales de déflation (on dirait aujourd’hui d’austérité) totalement inefficaces et au début des années 40 par la casse de la République et la collaboration.

Une offensive de grande ampleur se développe depuis la contre-révolution libérale des années 70 et 80 incarnée par Thatcher et Reagan. Il y eut le tournant libéral du parti socialiste en 1983, le plan Juppé de 1995, jusqu’au projet destructeur du vainqueur de la primaire de la droite, François Fillon. Celui-ci par la différenciation des remboursements selon la nature et la gravité (supposée) des affections remettra en cause les deux principes fondamentaux : les entorses à l’universalité des prestations deviendraient un argument pour s’affranchir de l’obligation des prestations. Ce serait le démembrement assuré de l’ensemble du système. Et le tapis rouge déroulé pour les assurances privées…

La propagande du Medef vise à faire culpabiliser la population de bénéficier d’un système trop coûteux. C’est la vieille et lancinante rengaine du « trou de la sécu » qui prouverait que « l’on vit au dessus de nos moyens » pour mieux justifier de devoir « se serrer la ceinture ». Que l’on sache que chaque fois qu’il y a un trou il y a aussi des petits tas à côté. Pour boucher le trou de la sécu, ne serait-il pas judicieux d’utiliser les petits tas des exonérations et autres cadeaux ?

En somme, un film d’utilité publique, et un débat salvateur, pour bien monter que la Sécurité sociale n’est pas une nostalgie, mais un projet continué et un chantier permanent. Le scandale de la forte augmentation des renoncements aux soins en atteste. Les acquis sociaux sont avant tout des conquêtes politiques et syndicales. Une illustration de l’indispensable double besogne…

L’enjeu sera de savoir si dans les années à venir il s’agira de célébrer une sécurité sociale préservée (voire renforcée) ou de commémorer une sécurité sociale réduite à peau de chagrin. »