« Pour une autre mobilité sur la communauté urbaine de Perpignan et dans le département »

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Les élus de la communauté Urbaine Perpignan Méditerranée ont procédé le 27 novembre 2017 à un vote de soutien au projet de doublement de la RN116 en 2×2 voies entre Ille sur Têt et Prades. Or la RN116 qui relie Perpignan à Bourg-Madame appartient au réseau routier national, sous compétence directe de l’État et ce projet de doublement, estimé à 300 millions d’euros (soit 20 millions d’euros le kilomètre) a été abandonné dernièrement. En effet, une étude a conclu qu’à court et moyen terme le flux de circulation reste insuffisant (15 000 véhicules par jour) pour justifier un passage à 2×2 voies entre Ille et Prades. Alternatiba66, Association des usagers de la ligne Perpignan-Villefranche, FRENE 66, FNAUT Occitanie, Vélo en Têt nous communique avec prière d’insérer :

« Nous nous étonnons donc de cette prise de position : la Communauté Urbaine Perpignan Méditerranée juge pertinent de dépenser 300 millions pour fluidifier un trafic sur un territoire qui n’est pas de sa compétence, par ailleurs desservi par le train et l’autocar, alors que nous constatons chaque jour sur son territoire que le réseau routier est saturé (1), que le réseau cyclable est insuffisant et que le réseau de transports en commun est inadapté.

Les chiffres de fréquentation de Sankeo atteignent une moyenne journalière de 30 000 usagers sur l’ensemble du réseau. A l’occasion de l’inauguration de la ligne de Bus à Haut Niveau de Service en 2013, l’entreprise s’était fixée pour 2016 un objectif de 44 000 usagers journaliers. Le Bus à Haut Niveau de Service n’a en effet jamais vu le jour, faute d’avoir aménagé les boulevards avec des voies en site propre et de pouvoir proposer un service ponctuel et régulier. Le report de la voiture vers les transports en commun est resté lettre morte à Perpignan. Font notamment les frais de cette situation les habitants qui n’ont pas de voiture (plus d’un quart de la population à Perpignan, contre seulement 15% sur le département (2)), sur un territoire qui concentre la précarité.

Nous constatons pourtant que des villes de la même dimension voire plus petites que Perpignan sont déjà passées à l’acte pour améliorer le cadre de vie de leurs administrés. Pour ne citer qu’eux :
– À Avignon (92 200 habitants), on construit actuellement une ligne de tramway de 5,2km dont la mise en service est prévue pour 2019
– À Besançon, agglomération de 120 000 habitants, une ligne de tramway de 13,4km comportant 31 stations a été mise en service en 2013 pour un budget de 17 millions d’euros du kilomètre et 40000 voyageurs par jour
– À Aubagne, 45 000 habitants, une ligne de tramway de 2,7 kilomètres est en service depuis 2014.
– A Amiens, un réseau de Bus à Haut Niveau de Service en site propre totalement électrique va être mis en service en 2019.

Parce que cela est possible, nous demandons aux élus de la Communauté Urbaine de prendre des mesures concrètes et efficaces sur le long terme pour que, sur son territoire, nous ayons enfin des alternatives crédibles à la voiture individuelle comme seul horizon de l’aménagement du territoire. Réaménageons en urgence l’entrée de ville et les boulevards et faisons une place aux transports en commun et à la mobilité douce.

En effet, les contraintes démographiques, sociales, urbanistiques et environnementales font que nous devons prévoir dès maintenant des modes de déplacement capables d’endiguer la circulation automobile et les maux qui lui sont inhérents (pollution, bruit, perte de sols agricoles, coût des infrastructures, problèmes de sécurité). A l’heure du défi du changement climatique que notre territoire subit de plein fouet avec la sécheresse récurrente, et des alertes scientifiques en tous genres, nous vous demandons d’agir pour des jours moins bruyants et moins pollués dans notre cité et pour développer les alternatives aux projets routiers. »

1) Chaque jour en moyenne, 57 653 véhiculent transitent par la pénétrante Nord, 41 214 par le giratoire de Mailloles,
36 530 par le Mas Rouma, 35 646 par le pont Arago, en plein coeur de ville, des enjeux bien plus importants que les
15000 véhicules journaliers qui transitent entre Ille sur Têt et Prades (données http://www.ledepartement66.fr/114-comptage-routier-et-circulation-pyrenees-orientales.htm)
2) INSEE donnée 2014.