Perpignan : Rencontre-dédicace de Boualem Sansal « 2084, la fin du monde » (Gallimard)

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Littérature. – Le CML présente le roman inspiré du chef-d’œuvre de George Orwell « 1984 » de l’écrivain algérien Boualem Sansal , Grand Prix du Roman de l’Académie française, élu meilleur livre de l’année, vendredi 11 décembre à 18h à l’Hôtel Pams. « 2084 » est un livre très impressionnant. À sa valeur littéraire s’ajoute sa fonction d’alerte.

Boualem Sansal, né en 1949 à Theniet El Had, petit village des monts de l’Ouarsenis, est un écrivain algérien, principalement romancier mais aussi essayiste, censuré dans son pays d’origine (dans lequel il habite pourtant toujours) à cause de sa position très critique envers le pouvoir en place. Il est en revanche très reconnu en France et en Allemagne, pays dans lesquels ses romans se vendent particulièrement bien, et où il a reçu de nombreux prix. Auteur de Le village de l’Allemand aux éditions Gallimard.
La mondialisation va conduire l’islamisme au pouvoir dans une cinquantaine d’années, notamment en Europe, prédit l’écrivain algérien Boualem Sansal. « Orwell a fait une très bonne prédiction et on y est toujours », observe l’écrivain de 66 ans, qui réside dans la petite ville côtière de Boumerdès, à une cinquantaine de kilomètres à l’est d’Alger.
Selon lui, « les trois totalitarismes imaginés par Orwell (l’Océania, l’Eurasia et l’Estasia) se confondent aujourd’hui dans un seul système totalitaire qu’on peut appeler la mondialisation ». « Nous sommes gouvernés par Wall Street », résume Boualem Sansal. Mais « ce système totalitaire qui a écrasé toutes les cultures sur son chemin a rencontré quelque chose de totalement inattendu : la résurrection de l’islam », analyse l’écrivain, qui se dit « non croyant ».
Dans son analyse, c’est le totalitarisme islamique qui va l’emporter parce qu’il s’appuie sur une divinité et une jeunesse qui n’a pas peur de la mort, alors que la mondialisation s’appuie sur l’argent, le confort, des choses futiles et périssables.
Si 2084, un roman écrit en français primé par l’Académie française, est une œuvre de pure invention, Boualem Sansal estime que « la dynamique de la mondialisation musulmane se met en place ».
Pour lui, le terrain à observer est l’Europe. Après le monde arabe et l’Afrique, l’islamisme se propage aussi en Occident « avec une présence physique de plus en plus visible de barbus, de femmes voilées et de commerces halal », décrit-il. L’écrivain Michel Houellebecq a fait la même analyse dans son roman Soumission où il imagine la France de 2022 gouvernée par un parti musulman.

Quand les fanatiques répandent l’ignorance et imposent la soumission

Dans « 2084 », Sansal imagine un pays, l’Abistan, soumis à la cruelle loi divine d’un dieu qu’on prie neuf fois par jour et où les principales activités sont d’interminables pèlerinages et le spectacle de châtiments publics. « La peur de Dieu sera plus forte que celle des armes » et « les gens pourront vivre de peu. Ils auront juste besoin de mosquées pour prier, par conviction ou par peur », résume l’écrivain dont les propos rappellent le projet mis en œuvre par le groupe djihadiste État islamique en Irak et en Syrie. Pour l’auteur du Serment des barbares, « les Européens se trompent sur l’islamisme comme ils se sont trompés sur le communisme et sous-estiment la menace ». Notamment à cause de l’autocensure sur la montée de l’islamisme, qui « tue le débat ».
Boualem Sansal laisse cependant poindre une note d’espoir en soulignant que « tous les systèmes totalitaires s’effondrent »…
Imaginant le sort de son propre pays en 2084, il reste sombre. Il ne sait même pas si l’Algérie existera en 2084 sous la forme d’un pays moderne relativement administré, car selon lui la fin du pétrole va la conduire dans une situation indescriptible. L’écrivain, honni tant par les islamistes que par le régime, juge par ailleurs « terrifiant » le flux des migrants algériens vers l’Europe et l’Amérique du Nord. « L’émigration, écrit-il, est un vrai drame. Elle touche les riches, les hyper-diplômés. Quand elle atteint un certain seuil en volume, cela veut dire que le pays ne peut être sauvé. »
Boualem Sansal est jusqu’à présent resté en Algérie, où cet économiste a mené une longue carrière de fonctionnaire. Il n’a jamais ressenti un besoin suffisamment fort pour se dire « je fais mes valises, je m’en vais ». Il a toujours eu la possibilité de voyager. Il peut émigrer à n’importe quel moment. Mais aujourd’hui, l’heure est pour lui à la résistance dans son pays.
L’imagination de Boualem Sansal est à la dimension de l’Abistan, son écriture épique, tragique, ironique. Le roman est porté par un souffle et une force dans la représentation de l’arbitraire et de la violence au nom de Dieu! Quelle noire jubilation s’empare de Boualem Sansal pour narrer tous les mécanismes par lesquels les fous de Yölah, les fanatiques d’Abi répandent l’ignorance et imposent la soumission! C’est un livre très impressionnant. À sa valeur littéraire s’ajoute sa fonction d’alerte.

Le programme :
Vendredi 11 décembre à Perpignan (Hôtel Pams).
17h30 Séance de dédicaces sur place de « 2084 » (Gallimard), avec le concours de la librairie Torcatis
18h00 Conférence de Boulamen Sansal autour des thèmes de son livre, animée par André Bonet, Président du CML et le Professeur Samir Patrice El Maarouf.
Entrée libre.

Rencontre-dédicace avec Boualem Sansal, pour la présentation et la dédicace de son roman « 2084, la fin du Monde » (éditions Gallimard), vendredi 11 décembre 2015 à 18h00 Hôtel Pams · 18 rue Émile Zola · Perpignan.
Entrée libre.
En collaboration avec la Librairie Torcatis