Perpignan : La « fameuse » passerelle (enfin) inaugurée… et ouverte au public

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Crédit photo Perpignan Méditerranée
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Dimanche 21 juin 2015, en fin d’après midi, Jean-Marc Pujol a inauguré la nouvelle passerelle… Crédit photo Perpignan Méditerranée

Jean-Paul Alduy, le père du projet, était présent à la tribune, aux côtés de Jean-Marc Pujol, son successeur.

C’est fait. L’élégante passerelle qui relie les deux rives du fleuve offre désormais une agréable balade aux piétons, vélos et autres poussettes gravitant autour du cœur de Perpignan. Remplaçant la coupure géographique ancestrale par une nouvelle continuité urbaine, architecturale, environnementale et sociale, cet ouvrage de plus de 130 mètres de long rapproche du centre-ville les habitants situés en rive gauche et raccorde les plus urbains à l’espace naturel de la Têt et à ses berges.

Sur le pilier principal qui plonge profondément au milieu du lit du fleuve, on peut apercevoir les marques indiquant les différents niveaux de crues : décennales, centennales… ainsi que celui de « l’Aiguat » de 1940 situé encore 1,50 mètres en-dessous de la passerelle : aucun risque de se mouiller les pieds… C’est un rapport apaisé avec le fleuve qu’instaure l’ouvrage d’art, avec ses larges allées et ses placettes où s’asseoir pour contempler les flots, le paysage, le Canigou.
A travers un investissement de 5,7 millions d’euros, maîtrisé d’un bout à l’autre des travaux et porté par l’Agglo Perpignan Méditerranée, la Ville de Perpignan, l’Etat et l’Europe, la passerelle conçue par le cabinet d’architecte Mimram – et réalisée par les entreprises Fondeville, Resplandy… – vient désormais compléter et étendre la nouvelle polarité urbaine initiée autour du théâtre de l’Archipel. Elle s’inscrit également dans la continuité des aménagements réalisés depuis 10 ans afin de favoriser une appropriation sensible du fleuve : terrasse en surplomb de la digue d’Orry, cheminements le long de la berge en rive gauche…
Si le suivi rigoureux du chantier a permis d’exclure tout dépassement budgétaire, la réalisation de ce mini-viaduc avec son mât de 28 mètres doublement incliné et ses haubans, ses formes curvilignes, son alliance de stabilité et de légèreté a nécessité de véritables prouesses techniques, qui plus est dans le contexte d’une charte de chantier durable. En particulier, à l’issue des tests réalisés en janvier 2015, une seconde tranche conditionnelle a été activée afin de mettre en place, en quatre points de la passerelle, un système d’amortisseurs dynamiques.
En effet, de par la légèreté de sa structure métallique, la passerelle connaît un mouvement naturel lors de la traversée massive des piétons. Dans une optique de sécurité et surtout de confort, le dispositif mis en place maîtrise ces oscillations, les compense et les absorbe, sans les supprimer totalement. Quant à l’impact de la tramontane sur l’ouvrage : il est quasi nul puisque sa conception n’offre aucune prise au vent, raison pour laquelle cette passerelle est si aérienne et frémit au rythme des pas des promeneurs.

Un équipement pour relier
Du quartier du Vernet vers le cœur de Perpignan Pouvoir se rendre au centre-ville de façon rapide et agréable, prévoir en particulier une sortie au théâtre de l’Archipel où l’équipement se connecte : c’est le service offert par la passerelle piétonne sur la Têt à tous les habitants des quartiers au Nord du fleuve. L’équipement ne relie pas seulement une rive à l’autre : il assure une nouvelle continuité urbaine et sociale entre quartiers de Perpignan.
Esthétique urbaine et cohérence architecturale Conçue en continuité de l’ensemble architectural du théâtre de l’Archipel, la passerelle se devait d’être en harmonie avec la vocation de celui-ci à devenir un marqueur incontournable de l’image et de la notoriété du territoire. L’architecte Marc Mimram a conçu un ouvrage fin, sophistiqué, aux lignes épurées, tout en courbes, dont le mat d’une longueur totale égale à 28 mètres suit une ligne singulière, inclinée à la fois longitudinalement et latéralement par rapport à la verticale…
De la ville vers les rives du fleuve La passerelle sur la Têt permet de faire un petit crochet depuis le cœur de Perpignan pour aller se promener au bord de l’eau. Elle vient ponctuer les aménagements réalisés depuis une dizaine d’année afin de valoriser cet espace naturel et favoriser un lien apaisé entre la population et le fleuve : terrasse en surplomb de la digue d’Orry, escalier pour accéder à la berge et cheminement le long de la Têt. Le projet de territoire de l’Agglo fait d’ailleurs une priorité du renforcement de cette dynamique dans les prochaines années.

Un chantier exceptionnel
Entre stabilité et forme élancée Léger et aérien, l’ouvrage n’en est pas moins solidement arrimé au sol : le pilier principal au milieu du lit du fleuve plonge ainsi jusqu’à 11 mètres de profondeur… C’est au-dessus de lui que se dresse le mât élancé, à l’orientation singulière. Les haubans y sont tous fixés et ramènent l’effort de soutien des différents tronçons de la passerelle sur celui-ci… La forme incurvée de l’ouvrage, l’équilibre des câbles sur un axe qui n’est pas vertical : toutes ces spécificités architecturales ont rendu cette construction unique et représenté un véritable défi technique.
Un assemblage de précision Le « tablier » – partie sur laquelle cheminent les usagers – est composé de 7 tronçons qui pèsent chacun plus de 20 tonnes. Ces différents morceaux, acheminés par convois exceptionnels, ont été assemblés pièce par pièce avec une précision inférieure au centimètre… L’une des opérations s’est même déroulée de nuit, la perturbation de circulation sur la voie sur berges ayant ainsi été limitée lors de la pose du tronçon situé au dessus de celle-ci.

Lors de son discours, Jean-Marc Pujol (LR), maire de Perpignan, président de l’Agglo, n’a pas manqué de rendre un hommage indirect à son prédécesseur, Jean-Paul Alduy (UDI), ancien sénateur-maire de Perpignan, ex président de Perpignan Méditerranée Communauté d’Agglomération : « Beaucoup de gens l’ont critiqué, parce que beaucoup de gens n’y croyaient pas, aujourd’hui le monument existe ! L’enjeu ét nt, car il s’agit de rapprocher les Perpignanais. Bâtir une passerelle, ce n’est pas simplement jeter un pont entre deux rives, cela peut aussi être une façon théâtrale – faisant ici allusion très vraissemblablement à la proximité avec le Théâtre de l’Archipel ? – d’enjamber la ville, de connecter les populations entre elles qui vivent dans un même espace, sur un même territoire (…). Je suis convaincu maintenant, plus que jamais, que cette passerelle renforcera l’attractivité de Perpignan en général, de son centre-ville en particulier ».

Des propos à partir desquels Jean-Paul Alduy rebondira un brin polémiste sur son blog : « La passerelle a finalement été inaugurée… Ceux qui ont pris la parole étaient discrets ou franchement opposés lorsqu’il a fallu prendre la décision du financement ; il y avait même Louis Aliot, pourtant toujours aux avant-postes des pourfendeurs de tous les projets dont j’ai eu la paternité.
On est décidément dans une époque où le courage et l’ambition sont des denrées rares chez ceux qui nous gouvernent ou aspirent à nous gouverner ! Pourtant plus que jamais il faut bâtir des passerelles, des passerelles entre les cœurs et les volontés, entre les cultures et les identités, entre les quartiers de la Cité qui doit nous rassembler. Plus que jamais, dans une société en crise, crise économique mais aussi morale et démocratique, dans une ville qui à nouveau doute de son avenir, bâtir des passerelles entre les hommes pour s’opposer à la fragmentation de la ville qui conforte les communautarismes, est la clef du futur (…) »
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