Modem66 : « La culture : la clé de notre prospérité économique… »

Guy Torreilles, président du Modem66, nous communique sous le titre « La culture : la clé de notre prospérité économique… », avec prière d’insérer :

« À Perpignan, un bilan culturel plutôt affligeant, qui s’est illustré par de mauvaises décisions en particulier avec la fermeture de l’École des Beaux-Arts, ou la dénaturation du Théâtre Municipal». Alors que dans cette ville et sur ce territoire nous avons tous les atouts pour réussir …

Si notre département bénéficie de toutes les conditions et de toutes les chances pour exploiter plus encore qu’il ne le fait, les filières stratégiques de l’agriculture et de l’énergie, on sait la richesse extraordinaire des sites naturels et des patrimoines historiques et culturels qui irrigue notre territoire béni des dieux, depuis la Cerdagne et le Capcir, Fenouillèdes et Vallespir, jusqu’aux plages du littoral.

Soyez sûrs du fait que, de toute la région Occitanie, notre département est sans aucun doute le plus riche de ce point de vue, pour une raison simple qui tient au site géographique exceptionnel qui est le nôtre. Outre l’aspect frontalier qui est une richesse culturelle en soi, nous avons cet atout considérable : montagne/plaine et mer, dans un mouchoir de poche. Et autant de climats, de paysages différents, inspirants des modes de vie singuliers, et avec eux des cultures et des patrimoines d’une variété remarquable.

Il n’y a pas l’équivalent dans la Région Occitanie, et si peu dans tout le Sud de la France, quand nous n’avons rien à envier au départ ni aux Alpes Maritimes, ni à la Côte basque. Ce territoire privilégié, peuplé depuis la Préhistoire comme l’attestent la Caune de l’Arago et l’Homme de Tautavel, lieu de passage stratégique depuis l’Antiquité, ne pouvait pas ne pas investir sur le tourisme. Ce que nous n’avons fait que partiellement en n’exploitant véritablement que le littoral et la haute montagne.

Sans doute le MoDem66 reviendra sur les manques regrettables concernant l’exploitation touristique de notre territoire, qui a heureusement investi dans les sports d’hiver avec ses stations de ski, la santé avec ses stations thermales, et investi en masse par le biais de la Mission Racine des Années 60 sur les saisons estivales avec ses stations balnéaires, mais qui laisse en friche tout le tourisme vert et culturel si dense et si riche dans la plaine du Roussillon et nos trois vallées.

D’autant plus au moment où les investissements de départ commencent à vieillir et être dépassés par l’évolution des sociétés, et où il faut réinventer beaucoup de choses, urgemment aujourd’hui, dans le contexte contemporain du Covid qui donne un coup d’accélérateur à la numérisation et à la dématérialisation de tous nos rapports sociaux.

Cette introduction pour dire que, si nous sommes conscients que notre patrimoine, naturel et culturel, n’est pas exploité à sa juste mesure, on ne peut pas s’étonner du manque d’équipements culturels dans notre département.

Et encore moins du manque d’investissement dans les secteurs de la Culture et d’absence de politique culturelle.

– Maillol, Matisse, Derain, Braque et Picasso

La richesse de notre département, la beauté de ses sites, la qualité de sa lumière, avaient su attirer tous les génies de l’Art Moderne du XXe siècle, lorsque le Fauvisme a été conçu à Collioure avec Matisse et Derain, lorsque le Cubisme a été théorisé à Céret avec Braque et Picasso, et nous avons, chez nos voisins de Cadaquès, une Mecque du Surréalisme avec Dali, qui finalise le fameux triangle des 3C, qui fait de notre territoire un véritable volcan de l’Histoire de l’Art mondial du XXe siècle. Une chance aussi magnifique qu’insolente.

Qu’en faisons-nous ? Sommes-nous à la hauteur de cette Histoire ?

Le Musée d’Art Moderne de Céret était le moins que nous pouvions faire. Et donc ? Comment se porte le Musée ? Quel rayonnement assure-t-il à Céret et au département ? Est-il un moteur d’émulation, de recherche et de création, à échelle régionale et nationale ?

Lorsque les noms cités précédemment devraient nous garantir un rayonnement à échelle internationale.

De la même façon, la figure de Maillol est-elle exploitée à la hauteur de ce qu’elle représente dans l’Histoire de l’Art mondial ?

Le charme de La Métairie doit être préservé, et conservé dans sa beauté d’écrin ravissant et émouvant, mais le département n’a-t-il ni la place ni les moyens de créer un Musée ou un lieu relais d’envergure qui pourrait nous assurer une connexion directe et évidente au Musée Maillol parisien ?

Lorsque Maillol trône dans les Jardins des Tuileries comme au MoMa de New York ?

Le tourisme et la Culture sont deux secteurs économiques puissants qui devraient être les mamelles du département. Puisqu’ils sont les préalables d’un rayonnement qui garantiraient l’optimisation de nos productions agricoles, et l’attractivité !, dont nous manquons pour attirer un tourisme de qualité à pouvoir d’achat élevé, des investisseurs et des entreprises, et avec eux de nouveaux habitants d’une sociologie complémentaire de celle dont nous disposons.

La culture des campings de la Côte est une chose largement exploitée, qui a certes été une manne financière pour les P.O, mais dont nous voyons les limites. Il s’agit désormais de tricoter de nouvelles filières de qualité supérieure.

Pourquoi ne le faisons-nous pas ? Soit parce que nous nous sous-estimons, et pensons ne pas avoir les moyens de toucher ces publics nationaux et internationaux. Soit parce que nous en sommes parfaitement conscients, mais n’en avons pas envie.

Nous pensons qu’il y a un mélange des deux. Et le MoDem66 sera toujours là pour contrer le premier élément de réponse, en rappelant toutes les richesses, tous les atouts, tous les patrimoines dormants de notre territoire, et marteler avec d’autres, que nous avons tout pour rayonner, dans la région, mais aussi aux échelles nationales et internationales.

Nous sommes prêts à participer aux efforts des collectivités, associations, acteurs touristiques et culturels, de tous ceux qui cherchent à éduquer, sensibiliser, localement, la population, les secteurs professionnels concernés, les élus, la jeunesse, les entrepreneurs, à nos gisements inexploités de circuits touristiques et culturels.

Si nous parvenons déjà à donner la juste conscience de ces trésors abandonnés et perdus pour tout le monde (pour le reste du monde comme pour nous-mêmes), alors ne restera qu’une seule explication possible à notre incapacité chronique à réussir, sans ambiguïtés : celle selon laquelle nous n’avons pas envie.

– Des états généraux de la Culture

Le MoDem66 préconise à la fois Des états généraux de la Culture et un inventaire complet de nos ressources culturelles.

– Reconnecter le territoire à sa ville

Observant qu’il y a une méconnaissance du tissu existant, un manque cruel de communication entre les territoires, lorsqu’on ne sait pas dans les cantons ce qu’il se passe à Perpignan aussi vrai qu’on ne sait pas à Perpignan ce qu’il se passe dans les cantons, au-delà des grands événements à l’échelle des Déferlantes hors ville, ou de Visa pour l’Image en ville, le MoDem66 veut reconnecter la ville de Perpignan à son territoire, et le territoire du département à sa ville.

– Inventaire général de la Culture

Les grands festivals ne sauraient être les seules cautions d’une vie culturelle, lorsqu’il faut identifier tous les acteurs, les savoir-faire, toutes les initiatives, toutes les innovations, toutes les idées, et faire l’inventaire complet des équipements (théâtres, salles de spectacles, cinémas, salle des fêtes, musées, écoles, studios de danse …), des formations, des manifestations (festivals, événements, fêtes traditionnelles …), des ressources humaines (professeurs, porteurs de projets, créateurs, producteurs, techniciens, intermittents …) et donc, en creux, l’inventaire complet de tout ce qu’il manque.

Le MoDem66 propose de convenir d’une méthode pour convoquer des Etats Généraux de la Culture, pour apprécier l’état des lieux rendu possible par l’inventaire général finalisé. Cet état des lieux permettra d’identifier à la fois ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Et, à la fois, ce que nous avons déjà comme ce qu’il nous faut construire.

Aucune politique culturelle ne pourra être pensée sans ce travail préliminaire indispensable, qui présuppose une nécessaire réunification fédératrice du territoire tout entier, où personne ne sera mis à l’écart, pas même pour des raisons politiques.

Pour le tourisme comme pour la Culture, il faut accepter l’idée que la ville ne rayonnera jamais seule sans son territoire, et qu’inversement le territoire ne rayonnera jamais seul sans sa ville.

Sur ces sujets, ici encore, le MoDem66 prône le rassemblement et l’esprit d’équipe, pour servir l’intérêt général.

Il faut aider la ville de Perpignan à rayonner, quels que soient ses élus, quand la ville est la capitale du territoire, avec ses portes d’entrée (aéroport, gare …), censées nous connecter au reste du pays et au reste du monde, avec son patrimoine exceptionnel (capitale du Royaume de Majorque, ville art déco …) comme ses équipements (Conservatoire, Théâtre de l’Archipel – scène nationale -, Musée Rigaud, Cinémathèque …), aussi vrai qu’il faut aider le territoire tout entier à rayonner. Le succès de l’un alimentera le succès de l’autre.

Il faut enfin penser le territoire comme un tout, un seul organisme vivant, où rien ni personne ne sert à rien, et où tout sera interconnecté, pour mutualiser, organiser et optimiser nos ressources, dans un projet commun.

Il reviendra aux États Généraux de la Culture d’écrire ce projet commun, cette ambition commune.

Ambition comprise comme une vision d’avenir sur plusieurs générations, pour l’ensemble de la population et tous ses secteurs d’activité, ambition qui ira bien au-delà des mandats électoraux de quelques uns.

– Les services facilitateurs

Pour optimiser nos exploitations touristiques et culturelles, les États Généraux de la Culture devront aussi évaluer tout ce qu’il faut de mise en réseaux, de communication, d’information, de transports (navettes aéroport, autobus, routes …), d’accueil et de réception des publics, qui posent les conditions de bon sens d’une réussite globale, lorsqu’on peut s’étonner de la difficulté à obtenir des choses simples comme les informations à jour d’horaires et de tarifs, des heures d’ouverture appropriés et adaptés aux besoins comme aux pratiques contemporaines, et que l’on voit nos impréparations, notre désinvolture ou manque de professionnalisme, quand on observe partout des dysfonctionnements dommageables.

Ainsi, on s’étonne que des programmations puissent faire  » doublons  » ou pire, se faire de la concurrence, avec des agendas non concertés, dans le choix des dates ou des programmes qui dispersent ou perdent les publics, on s’étonne qu’on ne trouve pas automatiquement les informations sur l’offre culturelle de l’ensemble du territoire dans les hôtels ou qu’on ne puisse pas dîner dans un restaurant en ville à la sortie d’un spectacle après 22 heures par exemple.

Il faudra donc tout penser ensemble, jusqu’aux moindres détails, pour donner de la cohérence et de l’efficience à nos efforts, quand chacun, quel que soit son secteur d’activité, aura son rôle à jouer.

– La Culture, un secteur économique et industriel  » comme les autres « 

Si nous n’avons pas conscience localement de nos ressources culturelles exceptionnelles, nous souffrons d’une autre entrave intellectuelle plus largement partagée, au-delà du département, qui est un travers national français : on considère la Culture comme un secteur non essentiel, et la crise du Covid le confirme de façon insupportable, un secteur qui ne serait pas de première nécessité.

Pour nous, la Culture n’est pas une  » danseuse « .

C’est un secteur économique stratégique essentiel, créateur de richesses et d’emplois.

Pour mémoire, les Icc (Industries Culturelles et Créatives) rassemblent 600 métiers et 300 000 entreprises, associations et organisations publiques en France.

Une étude de 2013, avait fait référence en révélant quelques chiffres impressionnants qu’il faut sans cesse rappeler pour convaincre, d’autant plus aujourd’hui, alors même que nous voyons sous nos yeux l’incompréhensible sacrifice du monde culturel sur l’autel d’une sécurité sanitaire poussée outrancièrement à son paroxysme.

– Le poids économique de la Culture est « comparable à celui de l’industrie agroalimentaire et plus important que celui de l’industrie automobile »

L’Étude nationale de 2013 sur la Culture qui fit date, portée par Ernst & Young, passait au peigne fin neuf filières – musique, spectacle vivant, cinéma, télévision, radio, jeu vidéo, livre, presse et arts graphiques – et calculait leur poids économique. Au total, elles pesaient près de 75 milliards d’euros de chiffre d’affaires (2,8 % du PIB) et représentaient plus de 1,2 million d’emplois (5 % de l’emploi en France).

Avec un tel périmètre, la Culture pesait plus lourd que le luxe, l’automobile ou les télécommunications et se classait au cinquième rang des secteurs français.

En prenant seulement en compte son impact direct (61 milliards d’euros de chiffre d’affaires), elle se situait à la huitième place économique, entre l’automobile (59 milliards) et la chimie (62 milliards). « L’économie de la culture et de la création est un des fers de lance de l’attractivité et de l’influence de la France.

Une influence directement liée à l’exportation de nos savoir-faire créatifs, qui ont crû deux fois plus rapidement que la moyenne des exportations françaises entre 2013 et 2016 », commente Marc Lhermitte, associé chez Ernst & Young.

Cette fameuse étude, publiée par l’inspection générale des finances et l’inspection générale des affaires culturelles, lorsque Aurélie Filippetti était Ministre de la Culture, devait permettre de réhabiliter la Culture comme un secteur économique à part entière. C’est la thèse que défend ici, pour notre territoire, le MoDem66.
La Culture est une filière économique au même titre que les autres.

Si, et c’est l’honneur de la France, nous avons conceptualisé une  » exception culturelle « , qui considère que les produits culturels ne sont pas des produits  » comme les autres « , idée que le MoDem66 ne conteste pas et que nous défendrons toujours, il n’en reste pas moins que les produits culturels sont des produits. C’est à dire qu’il y a une production culturelle.

On produit des films, des spectacles, des expositions, des disques et des livres. Avec des producteurs qui investissent et attendent des retours sur investissements selon les mêmes logiques que lorsqu’on investit dans l’industrie ou le BTP.

– Une chance et une opportunité pour notre territoire

Il n’y a pas de politique culturelle sur un territoire, s’il n’y a pas de politique de  » production culturelle « .

Nous ne pouvons nous contenter de programmer des spectacles parisiens dans le cadre de festivals qui le font très bien et sont pour certains dans leur rôle, mais qui programment à Perpignan des artistes en tournée que l’on peut voir le lendemain à Nîmes ou Carcassonne.

Il faut aussi que le territoire soit en mesure de programmer des spectacles ou des expositions que l’on ne voit pas ailleurs, et qui justifient que l’on vienne chez nous pour les voir.

Mieux encore, que l’on puisse exporter et faire tourner en région ou à échelles supérieures.

Les Etats Généraux de la Culture auront donc vocation à réfléchir à comment réunir les conditions d’une créativité artistique dans le département, création d’œuvres originales, production de produits culturels originaux, qu’il faudra défendre aussi ardemment que nos productions agricoles ou industrielles.

Cela passera sans doute par la formation, au départ, pour dispenser aux jeunes des formations aux métiers de la Culture, aux métiers d’art, et formations artistiques, lorsque le MoDem66 chérit notre Conservatoire de Musique aussi fort qu’il conspue la fermeture de l’Ecole d’Art de la ville de Perpignan, ou regrette l’absence d’un centre chorégraphique d’envergure qu’il reste à inventer.

– Equipes sportives, théâtres, orchestres, musées, festivals … têtes de pont du marketing territorial.

La visite déçue de Patrick Dupond à Perpignan qui cherchait un site où s’implanter nous rappelle l’anecdote évoquée par Marie-Pierre Baux ( fondatrice de feu le festival des Estivales ) dans son livre*, selon laquelle Jean Vilar cherchant à créer un festival de Théâtre en province, et dans ce but, privilégiant pour la connaître l’exceptionnelle cour d’honneur du Palais des Rois de Majorque de Perpignan, s’est retrouvé face à l’incompréhension totale d’élus qui l’a conduit à créer son festival … à Avignon.

De la même façon, nous trouvons consternant que nous n’ayons pas su dérouler le tapis rouge à Patrick Dupond et le convaincre de s’installer chez nous, pour profiter de son rayonnement comme Aix-en-Provence profite du Pavillon Noir d’un Angelin Preljocaj.

L’attractivité d’un territoire et d’une ville tient au prestige des quelques têtes de gondole de renom. Cela peut être une équipe sportive qui rayonne, chose dont nous disposons avec nos équipes de rugby, une Université un orchestre symphonique (et nous demandons à ce que nous investissions dans ce sens) qui tourne au moins à échelle régionale pour porter nos couleurs, un Musée (lorsque nous avons tous vu le succès du pari de Bilbao avec le Guggenheim, ou plus récemment les effets d’un Soulages à Rodez), ou un festival (qui nous ramène au rendez-vous manqué qui a finalement profité à Avignon).

Une ancienne équipe en place à Perpignan, au bilan culturel affligeant, qui s’est illustrée par toutes les mauvaises décisions possibles en la matière, ouvrant son mandat avec la fermeture de l’Ecole des Beaux Arts, et l’achevant avec la dénaturation du Théâtre Municipal, bornant son action par deux catastrophes symboliques, n’a eu que le Grand Rigaud à défendre, lorsque ce dernier a été davantage une opération de BTP que de politique culturelle, en réunissant trois hôtels particuliers à rénover en centre-ville, certes, nous dotant d’un lieu, mais sans ambition pour l’Institution et son rôle dans une politique culturelle globale.

Personne n’a été dupe. Malgré les belles expositions organisées que nous ne pouvons que saluer, dont la belle expo Picasso de 2017 ou la superbe et habile expo Rodin Maillol de 2019, les résultats de la fréquentation et du rayonnement du Rigaud sont décevants, lorsque la fonction du Rigaud n’a pas été pensée, privée de l’apport essentiel de l’Ecole des Beaux Arts que l’on a fermée, pourtant consubstantielle à la dynamique culturelle et la légitimité-même du Musée des Beaux-Arts (comment pouvait-on honnêtement rouvrir le Musée d’une main en fermant l’école d’une autre ?), privée d’une stratégie pour l’ensemble du territoire ( concertée notamment avec le Musée de Céret), lorsque le Rigaud est finalement réduit à l’autosatisfaction d’un entre-soi perpignanais qui, malgré la bonne volonté d’une conservatrice que nous ne saurions blâmer, et celle d’un élu à la Culture que nous blâmons – malgré sa tentative de militer à nos côtés pour des raisons politiques – reste un Musée de province, déguisé certes en grand Musée, mais qui ne rayonne nulle part, ni au national, ni au régional, et malheureusement, pas même à l’échelle départementale.

Il faut stimuler la création culturelle, défendre nos artistes, leur donner les moyens de produire et de vivre de leur production, accompagner et soutenir les résidences d’artistes, les galeristes, les institutions, assurer des formations ( Ecole d’Art / Université / Ecoles privées ) pour garder nos jeunes chez nous le plus longtemps possible, en attirer d’autres, venus d’autres territoires, voisins ou non, avec des filières spécifiques, pour garantir l’émulation et animer un agenda culturel, en misant sur les initiatives individuelles et collectives, permettre à ceux qui veulent travailler de le faire. Tout faire pour que l’on produise des produits culturels de qualité sur notre territoire et pour que ça se sache. Et être à la hauteur de nos potentialités comme de nos héritages.

– Quand la Covid nous oblige

Alors que le monde de la Culture souffre, avec Musées et Théâtres fermés, production ralentie et manque de visibilité, nous devons prendre l’initiative de miser justement sur la Culture, que l’Etat semble (vouloir ?) abandonner, et prendre l’opportunité de réinventer chez nous, les modes de formation, de production, de distribution et de diffusion de la filière économique culturelle au complet.

Nous devons accepter les mutations de la société et ses conquêtes technologiques (numérique), accélérées par la crise sanitaire, anticiper ces évolutions à la fois techniques et sociales, y compris et d’abord dans nos formations, lorsque la dématérialisation demande ou demandera en contre-balancier de la réincarnation, la mondialisation de la relocalisation, et les désastres psychologiques de la crise sanitaire demandent ou demanderont du Care, pour lequel l’Art thérapie semble être une piste pour à la fois prendre soin des personnes en détresse et mobiliser des artistes ou intermittents laissés seuls dans le sable.

Il faudra enfin accepter et anticiper les mutations tout en transmettant ce qui nous paraît devoir être transmis aux générations futures, de notre héritage commun dont nous devons être fiers, de notre identité, notre Histoire, et de nos savoir faire locaux, qui font notre singularité et notre différence. Et donc, à terme, notre attractivité.

Dans la concurrence qui fait rage entre villes moyennes et territoires, nous tirerons notre épingle du jeu en restant fidèles aux spécificités culturelles qui font que Perpignan n’est pas Arles ou Albi.

Le challenge consistera à échelle départementale à faire la meilleure synthèse possible entre passé et avenir, (d’où nous venons et où nous allons), en n’étant ni des passéistes réactionnaires au progrès, ni des progressistes hors sol, déracinés, en définissant ensemble les contours d’une politique culturelle ouverte à tous, quelles que soient nos origines sociales (médiation culturelle), ou géographiques.

Et en convenant du fait que la Culture est notre atout premier, justifié par notre patrimoine exceptionnel, pour développer l’investissement, l’activité, soutenir nos secteurs énergétiques, agricoles, et touristiques, et retrouver le positionnement régional légitime de courroie de distribution entre Barcelone, Toulouse et Montpellier, comme pour capter l’exode urbain déjà entamé de la séquence tragique que nous traversons depuis un an, pourtant pleines d’opportunités, que le MoDem66 ne voudrait pas que nous manquions par paresse ou renoncement.

Nous avons tout pour être un pôle d’excellence dans le domaine culturel. Et nous sommes convaincus qu’il est la clé de notre avenir et de notre succès. »

* Mes éclats de mémoire  » de Marie-Pierre Baux aux Editions Talaïa.