Michel Guallar, président de la Chambre d’agriculture

Michel Guallar, devant un des nombreux dossiers, dans son bureau à la chambre
Michel Guallar, devant un des nombreux dossiers, dans son bureau à la chambre


Hier syndicaliste, aujourd’hui, président de la Chambre d’agriculture, les pieds dans son terroir, il reste fidèle à lui-même. Sachant apprécier les situations, visionnaire pour l’agriculture de son département, aux idées bien arrêtées et les défendant, il sait prendre en compte ce que les autres disent et composer si nécessaire.

En 1999, lors des inondations tragiques pour le village d’ Estagel, il a su, avec son syndicat, répondre à l’appel du MODEF. C’est ainsi que des dossiers ont pu être mis en place. Ils ont permis à beaucoup de viticulteurs de refaire surface. Une de ses devises, « regarder ce qui unit et faisons ensemble ». Tel est Michel. Présent sur le terrain, il n’hésite pas à répondre présent en toute circonstance et elles sont nombreuses. Parfois lassé, il n’en reste pas moins qu’il est toujours prêt à recommencer. En cette période de crise profonde, la pugnacité est plus qu’une qualité. C’est un sacerdoce. Faisons le point avec lui de la situation en France, dans notre département.

Les éleveurs. Ils manifestent à Paris ce 3 septembre

Il ne faudrait pas grand chose pour que les éleveurs puissent avoir des revenus permettant de vivre dignement, d’envisager l’avenir en toute sérénité. C’est l’une des premières paroles du président. Et de poursuivre : « Dans cette crise, il y a deux pigeons. Le producteur et le consommateur ».
Alors que faire ?
Pour Michel, l’arbitrage de l’état est indispensable entre la production, les metteurs en marché et les intermédiaires. Pour lui, le système européen à permis une concurrence déloyale. L’Europe s’est construite à l’envers. De ce fait, elle créait les problèmes sur le plan social, économique, environnemental. Et de citer l’exemple de l’Espagne toute proche, ou les agriculteurs peuvent utiliser des produits phytosanitaires interdits en France, alors que leur production entre sur le marché français, européen. Effectivement, comprenne qui pourra. Le responsable agricole précise : « La crise est une crise franco-française à cause d’un système européen, aggravée par une crise mondiale ».

Le département

Si le département n’est pas touché par la crise porcine, il l’est pareillement pour ce qui concerne le reste de l’élevage avec un bémol tout de même. Pour les P.O, l’élevage représente 8 à 10 % du chiffre d’affaire de l’agriculture départementale et occupe le territoire de la plage, à la haute montagne avec les estives. Ces dernières permettent aux éleveurs du département, et à la culture des divers besoins alimentaires des troupeaux, d’avoir une presque auto- suffisance. De passer ainsi, au travers des mailles de la crise rigoureuse au possible, pour leurs collègues des autres départements. Mais les P.O , souligne Michel, ne sont pas à l’abri pour autant d’une crise profonde.
Ici, tous les efforts sont faits pour aller vers la qualité et la vente directe. Il en est ainsi pour les producteurs de lait qui fabriquent les fromages et les vendent ensuite sur les marchés. Cette qualité est due surtout à la production extensive. C’est-à-dire à la production sur de grands espaces.
Il est à noter que notre département compte le plus d’installation, pour ce qui concerne l’élevage, au niveau national.

Le vin

Un très bel avenir pour les vins du département. Voilà en substance les dires du président. Et d’ajouter : « Surtout pour le rivesaltais et la vallée de l’Agly ». Il est vrai que ces trente dernières années les sacrifices ont été faits pour aller vers plus de qualité partout. Aujourd’hui, nous commençons de récolter le fruit de notre travail pour assurer un revenu minimum au viticulteur. Mais nous sommes à une croisée des chemins et nous nous dirigeons vers deux sortes de viticulture. Celle de terroir, indispensable dans la continuité des efforts pour la qualité, notre reconnaissance, et l’autre, plus technologique, avec des vignobles modernes pour finir d’assurer un revenu.
Michel devait souligner le rôle que peut jouer la plaine se situant entre Estagel, Latour de France, Montner, qui devrait être le site privilégié pour montrer le chemin et aller dans ce sens. L’arrosage déjà en place, est un élément considérable dans cet enjeu sur cette plaine. Reste à faire évoluer les mentalités, car, il est question, de réaménager le foncier. L’attachement sentimental à telle ou telle parcelle, est bien connu et doit être respecté pour être mieux aplani.
Pour conclure notre conciliabule, le président devait souligner l’importance d’avoir des projets ambitieux pour redonner pleinement confiance aux viticulteurs. Et de donner l’exemple : « Pour la plaine citée ci-dessus, il est question d’aligner les rangs de vigne d’Estagel à Latour et d’en finir avec toute vision restrictive ».
Bien évidemment, la concertation de tous les intervenants, économiques, politiques est indispensable pour aller dans ce sens.
Alors, chiche. La plaine d’Estagel, on l’aménage ou pas ?