Lydie Salvayre, sur les traces de la mémoire espagnol de sa famille

http://www.le-journal-catalan.com/perpignan/2015-lydie-salvayre…-de-sa-famille/

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Fille de républicains espagnols exilés, la romancière Lydie Salvayre  a tenu à participer pour la première fois en Roussillon, durant deux jours,  à différentes manifestations sur la Retirada  qui fait écho à l’histoire de sa famille confrontrée à  la Guerre civile, lors des manifestations, organisées par  le CML, la Ville d’Argelès et l’association FFREEE, centrée sur la Retirada et le devoir de mémoire.  L’écrivaine a attiré de Perpignan à Argelès plus d’un millier de participants. Après un moment de recueillement vendredi au cimétière des espagnols d’Argelès-sur-Mer, en présence du Premier Ministre  Manuel Valls  et du député-maire argelésien Pierre Aylagas, puis la visite d’une émouvante exposition au Mémorial du camp d’Argelès sur mer à Valmy, lieu consacré à l’internement de 200 000 républicains ayant fui le Franquisme en 1939, Lydie Salvayre a dédicacé son livre  samedi à Perpignan, puis à Argelès. Dans Pas pleurer, elle met en parallèle la radieuse échappée d’une jeune femme à l’été 36 et le regard douloureux de l’écrivain Georges Bernanos sur les crimes franquistes. Accueillie  samedi  matin  à Perpignan dans un  Hôtel Pams archicomble par Jean-Marc Pujol, maire et Michel Pinell, son adjoint à la culture, Lydie Salvayre a répondu aux questions d’André Bonet, Président du CML et participé à un débat autour de son roman primé par l’Académie Goncourt.

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« Pas pleurer », un geste d’amour filial

Pas pleurer est un geste d’amour filial. Âgée de quatre-vingt dix ans en 2011, la mère de la narratrice oublie tout : un mariage de plus de soixante-dix ans, les longs hivers  et une langue française peu à peu grignotée par l’espagnol originel. Tout sauf une parenthèse enchantée, l’été radieux de ses seize ans : le 31 juillet 1936 elle quitte en camionnette avec son frère Josep leur village de haute catalogne pour rejoindre Barcelone et les anarchistes de Durruti. Quelques mois plus tôt, Montse dite Montsita, la « mauvaise pauvre », a refusé d’aller faire la bonne chez les riches qui l’avaient pourtant trouvée « bien modeste ». Lydie Salvayre est revenue sur ce triste épisode de son histoire familiale : « Une mauvaise pauvre est une pauvre qui ouvre sa gueule » a-t-elle résumé. L’auteur a évoqué la guerre civile et les idées libertaires, Georges Bernanos,  qui est cette époque à Palma de Majorque ,  et qui racontera plus tard l’horreur des crimes attroces dont il a été témoin,  dans Les grands cimetières sous la lune, paru en France en 1938 et réédité en 2015 au Seuil à l’occasion de la parution du roman de Lydie Salvayre. La lauréate du Prix Goncourt, émue aux larmes,  a ponctué son intervation par ces mots :  « Pas pleurer a été pour moi un étrange exercice qui a consisté à reconstituer les pièces manquantes d’une mémoire en lambeaux tout en respectant la vérité historique. Les plus bouleversantes pages du roman sont celles consacrées à la Retirada, au courage de la jeune fille de dix-sept ans traversant à pied les Pyrénées encadrée par la 11e division de l’armée républicaine pour rejoindre la France. « Pas pleurer » murmure t-elle à son bébé accroché à sa poitrine. « Cet été radieux que j’ai mis en sûreté entre ces lignes puisque les livres sont faits, aussi, pour cela » a conclu Lydie Salvayre.