L’usage de l’écriture en Gaule méridionale du VIe au Ier s. av. J.-C. par Michel Bats

Naissande-des-alphabets

En Gaule méridionale, à partir du VIe s. av. J.-C., la connaissance et l’usage de l’écriture accompagnent les contacts coloniaux et commerciaux des populations locales avec les navigateurs méditerranéens, essentiellement Grecs et Étrusques. Le point de départ se trouve dans la fondation de Marseille par des Grecs phocéens qui, en compagnie des Étrusques, distribuent des produits exotiques (vin et céramique) le long des côtes gauloises. Les plus anciens témoignages d’écriture sont donc en grec et en étrusque, mais bientôt aussi en ibère levantin aux abords de la Catalogne. L’écriture reste très longtemps un privilège des « étrangers » : les échanges sont d’abord oraux et les situations de bilinguisme ont dû être fréquentes. Les premiers « indigènes » à s’approprier l’écriture sont les Gaulois du Roussillon (Ruscino) et du Languedoc occidental (Pech Maho, Ensérune) qui écrivent en alphabet ibère dès le IVe s. av. J.-C. Ce n’est qu’à partir du IIe s. que les Gaulois du Languedoc oriental et de Provence écrivent leur langue à l’aide de l’alphabet grec emprunté aux Grecs de Marseille. Ils continueront à l’utiliser encore après la conquête romaine jusqu’à l’époque augustéenne où triomphent la langue et l’alphabet latins.

Michel Bats, directeur de recherche honoraire au CNRS, ancien directeur du Centre Jean Bérard de Naples (1991-2000), laboratoire de l’archéologie française en Italie du Sud, a consacré ses recherches à la diaspora grecque antique en Occident, surtout à Marseille et dans ses colonies, et à ses rapports avec les populations locales, principalement gauloises, dans le domaine des consommations matérielles (produits et céramiques) et spirituelles (langue et écriture).

Le dimanche 8 décembre 2013 à 17 heures

Site archéologique de Ruscino – salle du belvédère, Château-Roussillon, Perpignan

Gratuit, dans la limite des places disponibles.