Littoral roussillonnais : un début de saison touristique poussif

Centre-plage d'Argelès, vendredi 5 juillet, 18h... On ne se bouscule pas pour se rafraîchir !

Le phénomène inquiétait déjà depuis 2016, malgré les statistiques des institutionnels qui se veulent rassurantes mais qui au final ne servent qu’à masquer la réalité et à desservir l’économie saisonnière sur le littoral roussillonnais : depuis deux-trois années, l’avant-saison donnent des signes de faiblesse inquiétants.

Des campings hauts-de-gamme 4-5 étoiles qui cassent les prix de la semaine en juin, jusqu’à être près de dix fois moins cher qu’en haute saison estivale, jusqu’aux terrasses de café et autres brasseries à moitié vides (« ou à moitié pleines » selon où on se place) : le tourisme sur le littoral des Pyrénées-Orientales ne se porte pas bien. Élus, décideurs, décisionnaires et (ir)responsables d’offices de tourisme devraient tirer la sonnette d’alarme plutôt que de diffuser des communiqués optimistes dont on sait qu’ils ne reflètent pas le « vécu » quotidiennement par les professionnels du tourisme.

Certes, chaque année, en Roussillon, depuis maintenant une grosse décennie, la saison démarre aux alentours du 10-15 pour « afficher » complet jusqu’au 25 août. En fait, à y regarder de plus près, il n’y aurait donc plus que « la haute saison estivale » pour faire vivre l’économie touristique sur la côte nord-catalane. Les établissements saisonniers n’auraient donc plus qu’une trentaine de jours, grosso-modo, pour survivre ? Tous les professionnels vous le confirmeront, qu’il s’agisse d’établissements hauts-de-gamme ou classés « populaires », une telle activité, avec un tel rythme est intenable.

La plage de Banyuls-sur-Mer, mercredi 3 juillet 2019, 15h… Déserte !

Ce début de juillet 2019 est catastrophique. Il y aura toujours des lieux, des enseignes, des festivals, pour vous convaincre du contraire, et pourtant : Canet, Saint-Cyprien, Argelès… pas de bouchons sur les routes, pas de files d’attente devant les restaurants, pas de surpopulation sur les plages, pas de conflits de voisinage dans les campings, même les parkings gratuits de nos stations balnéaires ne sont pas pris d’assaut.

A Argelès-plage, en cette période de début juillet, et malgré la tenue du festival Les Déferlantes, les 201 établissements de bouche recensés par le site internet TripAdvisor sont loin d’afficher complet. Un seul, quotidiennement, franchit la barre des 350 couverts ! L’an passé, à la même époque, ils étaient quatre restaurants à dépasser les 300 couverts tous les jours, avant le grand rush de mi-juillet. Et il y a dix ans en arrière, quatre restaurants d’Argelès-plage, en cette saison, servaient déjà entre 500 et 800 clients attablés tous les jours, deux d’entre eux atteignaient même la barre symbolique des 1 000 couverts/ jour au cœur de la saison.

Ces temps-là sont visiblement révolus, loin derrière.

Pourtant, à Argelès-sur-Mer, les professionnels du tourisme, notamment dans la restauration et l’hôtellerie de plein air, ont fait de gros efforts, au niveau par exemple de la qualité et du confort des établissements, en investissant beaucoup sur l’accessibilité, la décoration, entre autres.

C’est plutôt des collectivités locales et territoriales, qu’il faut se tourner pour, peut-être, trouver l’erreur. Ces décideurs-là n’ont pas su réagir à la hauteur de l’ampleur du problème, ou plutôt des problèmes. Par exemple, le département n’est plus un territoire d’étape, ce n’est plus l’endroit où l’on s’arrête en descendant du nord de la France (et de l’Europe) pour atteindre la péninsule ibérique (Espagne et Portugal). Le Roussillon est devenu véritablement un lieu de passage ! Et puis c’est tout. Les institutionnels au Département, à la Région, qui ont la compétence du Tourisme, n’ont pas su anticiper le phénomène, ne l’ont pas vu venir. Et cela risque de coûter très cher à l’industrie touristique du Pays Catalan.

Au large de Cebère, mardi 2 juillet, 17h… Seul au monde !

La signalisation routière et urbaine, l’état de nos réseaux, la transversalité des mobilités, etc., ce sont là autant de handicaps au développement touristique.

Enfin, les choix et les calendriers des animations proposées sont tout simplement catastrophiques. Certaines communes se sont lancées dans des programmations élitistes qui au final les rendent moins attractives ! Avant de faire venir à prix d’or des conférenciers sur la plage, voire un Prix Nobel (c’est une image), pour nous parler de l’environnement, de la fonte des glaciers, du dérèglement climatique, des océans (…) et nous culpabiliser parce qu’on aurait oublié d’éteindre la lumière en sortant des wc (c’est une autre image) ou de tendre la main à un migrant – des sujets hautement passionnants pour décompresser le temps des vacances – les décideurs au Département et à la Région seraient mieux inspirés d’améliorer sur place, dans nos stations, sur le sable, le quotidien de tous ces touristes qui économisent parfois, souvent même, toute une année pour venir en vacances chez nous…

Au large de Cebère, mardi 2 juillet, 17h… Seul au monde !
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