Lionel Tardif : Le Cinéaste réveilleur de consciences

Lionel Tardif (Photo Jean-Luc Modat)
Lionel Tardif (Photo Jean-Luc Modat)

Il cultive l’humilité des gens de savoir qui n’ont de cesse de s’enrichir au contact de l’Autre. Mais qui est donc Lionel Tardif, ce singulier réalisateur ?

Depuis quelques mois, Lionel Tardif a posé son destin, ici, en Pays Catalan. Au pied du Castillet, dans la foule commune, attablé à la terrasse du Café de la Poste, nous le rencontrons. Sa voix douce soupçonne la bonhomie. Septuagénaire serein, il ballade son tendre regard sur son passé, son présent, le futur.

Son portrait. « Silence, moteur, on tourne ! ».

Flash-back. Les belles histoires commencent toutes ainsi : Il était une fois… Le 4 Septembre 1938 à Joué-lès-Tours en Touraine, un nouveau-né égaye le foyer d’un couple modeste. « Mes parents, laitiers, cheminaient en chariote de ferme en ferme pour collecter le lait, comme cela se faisait juste après guerre. » Évoque pudiquement, Lionel et de confier « Mes parents travaillaient tous les jours. Ils ont dû se résoudre à me confier à mes grands parents jusqu’à l’âge de 14 ans.» Dés 8 ans, le jeune Lionel se découvre une passion, fréquente assidûment la salle du cinéma du bourg. Fuir sa condition ? L’époque rude engage l’enfant rêveur vers des ailleurs improbables. A-t-il perçu ses prédispositions ? Ses dons de conteur ? De passeur d’histoires ? «Je me suis plongé dans Les cahiers du Cinéma et la revue Positif à la découverte des classiques du Septième Art.» Une pointe d’ironie, doublée d’autodérision, Lionel s’amuse à évoquer : «J’ai fait HEC : Les Hautes Études Communales et je me suis arrêté là, au certificat d’Études. A partir de 15 ans, j’ai enchaîné différents petits boulots et métiers jusqu’au service militaire direction l’Algérie pour 36 mois ! » Durant ce temps, au contact d’un gars des Cahiers du cinéma, un troufion comme lui, Lionel s’initie à la culture du 7ème Art.

Un homme debout

A 22 ans, de retour en métropole, ses origines modestes l’invitent naturellement à rejoindre la condition ouvrière. 10 ans d’usine, un engagement syndical plus tard, Lionel Tardif est licencié. Cependant, il avait mené de front des animations de ciné-club, s’était investi dans les Rencontres Internationales du Festival du Court-Métrage à Tours. Ses nombreuses rencontres le poussent à créer ses premiers courts métrages. Sa faculté ? Saisir la profondeur de l’être, l’essentiel émotionnel de l’instant. Il aime l’humain. Pour Lionel Tardif, l’Art profond du cinéma c’est la maîtrise de l’espace et du temps. « Ça ne s’apprend pas dans les écoles. On l’a en soi, d’instinct, là dans nos tripes… John Ford est l’exemple ! Un film de Ford c’est la respiration même du cinéma. Le cinéma m’a énormément apporté au niveau du développement de ma sensibilité, de ma vision du monde. » Il se remémore ses débuts en tant que scénariste et réalisateur : « Mes premiers films étaient des films indépendants. Des copains m’aidaient en mettant leurs économies dans mes films. Mon premier producteur fut Alain Bonnet. En 1967 je réalise La Fouine, en 1970, mon second film, Le matin d’Elvire est projeté dans toutes les salles en première partie du film à succès d’André Cayatte Mourir d’aimer… En 1971, paraît mon 3ème film,  La maison du départ »

Le destin a-t-il écrit son scénario de vie  ?

Là, à 33 ans, le miracle s’opère ! Lionel ne s’échappe pas du rendez-vous qu’il a avec son destin ! Jean Royer, maire de Tours lui fait confiance, lui, l’ouvrier, pour diriger le centre socioculturel du Beffroi aux 3000 adhérents jeunes, adultes et troisième âge, toutes classes sociales confondues et aux 70 activités proposées… « Ayant atteint les objectifs d’animations, j’ai eu carte blanche, j’ai pu œuvrer en toute liberté pendant vingt ans. Aujourd’hui, avec le côté formaté des choses ce serait impossible. » Évoque un brin nostalgique Lionel Tardif. C’est ainsi qu’au Beffroi, il crée des quinzaine culturelles sur des pays riches en Arts traditionnels de danses, musiques, chants parmi lesquels : L’Inde, le Tibet, l’Egypte, le Pérou, le Japon, le Mexique, la Chine, la Grèce… Il organise des cycles de conférences aux frontières de la connaissance, installe une galerie d’art, une boîte à chanson. Sa vie foisonne de rencontres essentielles.

LA belle rencontre ?

1972, Henri Langlois ! Ce fondateur de la Cinémathèque française lui confie l’une des cinq antennes pour diffuser l’histoire et le langage du cinéma. Dés lors, tous les grands chef-d’œuvres du 7ème Art sont projetés au Beffroi, durant des années. Insatiable, curieux, en  1988 et 1990 il organise deux symposiums internationaux pour réfléchir sur une « Nouvelle Conscience » de l’humanité. Pour ce faire, il réunit des dizaines de personnalités du monde entier : scientifiques, religieuses, artistiques, journalistiques, anthropologues. Cette démarche conditionnera le contenu de ses films et portera sa réflexion : « Les artistes ont une grande responsabilité, l’élévation de leur message influe durablement sur la conscience et sur les comportements humains. Les habitants de la terre célèbrent le dieu argent au détriment de la connaissance de soi et de l’Amour. »

Lionel Tardif (Photo Jean-Luc Modat)
Lionel Tardif (Photo Jean-Luc Modat)

Principaux films de Lionel Tardif

2009 : «Mascate l’élan et la grâce» Documentaire sur le voyage annuel du sultan vers son peuple.

2005 : « Sept voyages en Oman » coproduction Centre National du Cinéma / Ministère de l’information du sultanat d’Oman, la chaîne odyssée , Grenarde Production
1995 : «Chemins de gloire en Inde» , film reportage tourné dans l’ashram de Pondichéry et sur la ville future d’Aurouville, un laboratoire humain.

1985 : « la Danse de Shiva » tourné en Inde avec une belle figure tourangelle Manoshahaya,

Contact : Lionel Tardif 06 20 60 53 24 Courriel : tardif.lio@wanadoo.fr

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A suivre article sur la parution de son dernier livre

Leberceaudanslesetoiles« Le berceau dans les étoiles » :