L’Institut Jean-Vigo vient de publier sa revue Archives consacré à Ricardo Muñoz Suay

L’Institut Jean-Vigo vient de publier, en coédition avec le Centre de recherches RIRRA21 de l’Université Paul-Valéry de Montpellier et avec l’aide du Conseil Régional, un gros numéro triple de sa revue Archives (n° 105-108) consacré à Ricardo Muñoz Suay (1917-1997), homme de cinéma espagnol qui fut tour à tour producteur, scénariste, assistant réalisateur, et critique de cinéma parmi les plus marquants du cinéma espagnol.

Opposant au régime franquiste – ce qui lui a valu un long séjour en prison en 1950 –, il fut l’un des acteurs des historiques Conversations de Salamanque en 1955 où se dessina de manière décisive le renouveau à la fois idéologique, économique et esthétique du cinéma en Espagne. Il collabora à plusieurs reprises avec Luis Garcia Berlanga et Juan Antonio Bardem, les deux piliers du renouveau du cinéma espagnol dans les années 1950. Son plus grand titre de gloire est d’avoir été à l’initiative du retour de Luis Buñuel en Espagne pour la production de Viridiana (Palme d’Or au Festival de Cannes en 1961), cinéaste avec lequel il entretint jusqu’à la fin une relation amicale dont témoigne leur abondante correspondance.

Pourquoi cette publication ? Parce que Muñoz-Suay fut –les plus anciens s’en souviennent – un ami de Marcel Oms et un compagnon de route de Confrontation et des Amis du cinéma, au point qu’il laissa à l’institution perpignanaise une partie non négligeable de ses archives : 69 scénarios, environ 160 ouvrages en langue espagnole et une collection de revues hispanophones. Ce fonds espagnol unique en France, l’un des trésors des archives de l’IJV, était jusqu’alors mal connu et à peine exploité. Un chercheur de l’université de Gérone en a fait l’inventaire dans le cadre des accords avec l’université Paul-Valéry. un colloque eut lieu en 2011 au laboratoire Rirra21. L’occasion était belle pour jeter la lumière sur cet « homme de l’ombre » par une publication lui rendant justice. Les meilleurs spécialistes français, espagnols et catalans de la période ont apporté leur contribution à cet ensemble qui décrit les diverses facettes d’une personnalité multiforme. C’est un grand pan de l’histoire du cinéma espagnol et du cinéma européen qui s’éclaire ainsi.

Deux événements accompagneront la sortie du numéro : le 1er décembre, la projection de Plàcido de Berlanga (1961) sera l’occasion d’évoquer ses relations avec le cinéaste du Bourreau, même s’il n’a pas produit lui-même Plàcido : ce film, sur un scénario de Rafael Azcona, fournit un exemple typique du ton acerbe de Berlanga et de sa façon de contourner la censure franquiste. Le grand classique Viridiana de Buñuel, contemporain du précédent, produit par Muñoz-Suay pour UNINCI, représenta un point d’orgue et un tournant dans la carrière des deux hommes.

L’ouvrage fera l’objet d’une séance de signature à la librairie Torcatis, un volume d’environ 60 pages, prix de vente 20€.

A l’occasion de la sortie du numéro spécial de la revue Archives consacré au scénariste et producteur Ricardo Muñoz Suay, l’Institut Jean-Vigo propose :
– Le 1er décembre à 19h10 Plácido de Luis García Berlanga (Espagne, 1961, 1h27). Ce film sera présenté par François Amy de la Bretèque.
– Le 3 décembre à 19h10 Viridiana de Luis Buñuel (Espagne/Mexique, 1960, 1h30). Film ayant reçu la Palme d’or au Festival de Cannes en 1961.

François Amy de la Bretèque et Guillaume Boulanger, co-auteur de ce numéro Archives seront présents le 1er et le 2 décembre à l’Institut Jean Vigo.

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Mardi 1er décembre – 19h10

PLACIDO

Luis García BERLANGA, Espagne, 1961, 1h27

Sc. : L. G. Berlanga, Rafael Azcona, José Luis Colina, José Luis Font.

Image : Francisco Sempere ; Int. : Cassen (Casto Sendra), José Luis López Váz- quez, Elvira Quintillá, Manuel Alexandre…

En Espagne, fin des années 50. La veille de Noël, la bourgeoisie bien-pensante d’une petite ville de province organise une grande manifestation caritative « Invitez un pauvre à votre table », avec le parrainage d’un fabricant de cocottes minutes et la participation de quelques artistes de seconde catégorie. Le livreur Plácido, est mobilisé avec son triporteur motorisé, mais il doit aussi se débrouiller pour payer avant le soir une traite de son précieux engin…

Ironisant sur ce qui fut un véritable mot d’ordre de la dictature franquiste, Berlan- ga dénonce la mesquinerie, l’hypocrisie, la suffisance ridicule de divers piliers du régime, à travers une succession de scènes burlesques ou tragi-comiques.

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Jeudi 3 décembre à 19h10

VIRIDIANA

Luis BUÑUEL, Espagne/Mexique, 1960, 1h30

Sc. : L. Buñuel, Julio Alejandro Image : José Aguayo.

Int. : Silvia Pinal, Francisco Rabal, Fernando Rey, Margarita Lozano…

Avant de prononcer ses vœux définitifs, la belle et blonde novice Viridiana se rend chez son oncle pour un bref séjour, séjour qui va bouleverser leur existence… Tel est le point de départ d’un film qui suscita un énorme scandale et dont la projection fut interdite en Espagne, le pays même où il fut tourné puis sélectionné pour le Festival de Cannes 1961.

Viridiana est un film unique dans sa virulence amène, dans la ferme et aimable évidence avec laquelle il dénonce les impasses de la foi. Don Luis Buñuel est sans pareil, tout comme ce film, l’un de ses chefs-d’œuvre.

Palme d’or au Festival de Cannes 1961.