Libre Pensée 66 commémore les 150 ans de la Commune

Plaque commémorative quai François JOLY à Port-Vendres : « Aux déportés de la Commune, rentrés à Port-Vendres en 1879 Le cadavre est à terre et l’idée est debout ». Victor Hugo. Photo Libre Pensée 66

A Port-Vendres du 1er septembre au 12 octobre 1879, 1547 Communards déportés sont débarqués à Port-Vendres par les bateaux Le Var, Le Picardie, La Seudre, Le Vire, et Le Calvados,(1). Anniversaire pour lequel la Libre Pensée 66 rendra hommage aux communards à Port-Vendres où ont été débarqués plus de 1500 communards.

Hommes, femmes et enfants, qui seront très bien accueillis par la population Port-vendraise, avec comités d’aide et accueil des amnistiés dans les familles. Victor Hugo adressera une lettre à la ville : « L’amnistie pleine et entière est désormais certaine. Laissez-nous exprimer notre joie. La ville de Port-Vendres, en recevant si admirablement nos compatriotes a été la France entière. Nous remercions, attendris. »

Déportés pendant 8 ans, en Nouvelle Calédonie, pour s’être soulevés avec le peuple de Paris le 18 mars 1871 et avoir participé, il y a 150 ans, à l’insurrection des Communards. Pour la Libre Pensée, il est nécessaire de célébrer la Commune et ses réalisations, et donc les hommes et les femmes qui l’ont instaurée, qui ont élaboré et réalisé pour partie son programme.

Ce sont également ces hommes et ces femmes qui ont été victimes d’une des plus sanglantes répressions dans l’histoire. Mais pas dans n’importe quelle histoire ! Celle du mouvement ouvrier, celle des « sans-voix » celle du peuple qui décide par lui-même de son avenir.

Pour la population d’ouvriers et d’artisans de tous métiers, la vie est dure ; la défaite de 1870, la chute de l’Empire, le siège de Paris par l’armée prussienne, la décapitalisation de Paris au profit de Versailles pour préparer manifestement le retour de la monarchie, attisent encore plus la volonté de se dégager de ces régimes liberticides.

L’élément déclencheur est la décision du gouvernement Thiers d’exiger que la garde nationale donne ses canons (payés par souscription !). Il s’agit de désarmer le peuple de Paris ! Le Comité central de la Garde Nationale remet au peuple de Paris l’élection au suffrage universel d’un Conseil de la Commune. 92 membres élus le 26 mars constituent ce « gouvernement » communal. 25 sont des ouvriers, 34 sont membres de l’Association Internationale des Travailleurs comme Eugène Varlin, ouvrier relieur. La Commune décide que les élus sont révocables par leurs électeurs s’ils ne respectent pas le mandat confié.

Parmi les mesures prises par la Commune :

  • moratoire et annulation des dettes de loyer des familles populaires et des traites dues par les petits artisans et commerçants ;
  • réduction de la journée de travail ;
  • interdiction du travail de nuit pour les ouvriers boulangers ;
  • séparation de l’Église et de l’État, suppression du budget des cultes et transformation des biens de l’Église en propriété nationale ; instruction laïque, gratuite et obligatoire ;
  • rétablissement du droit au divorce ;
  • recensement et réquisition des ateliers abandonnés et création de coopératives ouvrières.

Un des tous premiers décrets de la Commune, celui du 2 avril, proclame que « dans une République réellement démocratique », il ne peut y avoir « d’exagération de traitement » et fixe un maximum salarial à 6000 francs par an (environ 620 euros actuels) pour les employés supérieurs de services communaux, et dans le même sens, elle interdit aux fonctionnaires communaux tout cumul de traitements.

Les femmes sont présentes durant toute la Commune et jusqu’à la Semaine Sanglante où elles sont sur les barricades. L’irruption des femmes dans le mouvement social est une expression de la dynamique populaire de la Commune de 1871. Elles mènent une lutte pour l’émancipation et l’égalité.

« Voilà ce que signifiait le 18 mars. Voilà pourquoi ce mouvement est une révolution ; voilà pourquoi tous les travailleurs du monde le reconnaissent et l’acclament ; voilà pourquoi les aristocraties n’y pensent qu’avec fureur »(2).

Devant la volonté acharnée de mettre en œuvre toutes ses mesures pour le peuple pendant les 72 jours que dura la Commune, on ne peut s’empêcher de penser à la situation d’aujourd’hui. Le gouvernement Macron, comme les gouvernements précédents pendant des décennies, s’acharnent, eux, à démanteler toutes les conquêtes sociales obtenues par le mouvement ouvrier et dont les communards ont été les précurseurs.

Le saccage des hôpitaux publics, le démantèlement du code du travail, la remise en cause de la loi de 1905, de la loi de 1881 sur la liberté de la presse, de la loi de 1901 sur les associations, le chômage, la misère qui voit des étudiants faire la queue aujourd’hui pour pouvoir manger, des écarts de salaires indignes d’une république démocratique. Nous y reviendrons.

La Libre Pensée rendra hommage, à Port-Vendres, comme il se doit aux Communards. Elle invitera à une réunion.

(1) Source : Le bulletin de l’Association Port-Vendres des Paquebots.

(2) Livre PO Lissagaray, Histoire de la Commune de 1871, première édition en 1876.