Les nuages défilent à grande vitesse au-dessus du col de la Croix-Morand. À 1401 mètres d’altitude, ce passage stratégique entre les vallées auvergnates raconte mille histoires oubliées. Au cœur des Monts Dore, ce col mythique révèle ses secrets à qui prend le temps de s’y arrêter, loin des sentiers battus du tourisme de masse.
Un télésiège fantôme et une station disparue : l’étrange passé du col
Peu le savent, mais le col de la Croix-Morand cache les vestiges d’une histoire singulière. En 1963, un télésiège aux sièges « casquettés » fut installé sur le flanc abrupt du puy de la Tache. Particularité étonnante : il fonctionnait principalement l’été pour les amateurs de vol libre et de parapente.
Abandonné dans les années 1990, ses structures fantomatiques parsèment encore le paysage, créant une atmosphère presque post-apocalyptique. Non loin, la « station fantôme de Barbier » conserve sa gare de départ intacte, témoin silencieux de l’âge d’or des remontées mécaniques artisanales des sixties.
« Le Val Blanc était une petite station familiale convertible été/hiver », raconte Jean-Pierre, randonneur local. « Aujourd’hui, les bâtiments résiduels créent cette ambiance de ville-morte alpine qui fascine les photographes. »
Entre pastoralisme idyllique et défi cycliste extrême
Le col de la Croix-Morand vit au rythme des contrastes saisissants. L’ancien buron, abri traditionnel des bergers auvergnats, a été transformé en restaurant contemporain offrant une vue panoramique époustouflante. Sa terrasse ensoleillée propose aux randonneurs une truffade réconfortante après l’effort.
Le « Galibier auvergnat » qui fait trembler les mollets
Si vous êtes amateur de vélo, préparez vos mollets ! Avec ses 511 mètres de dénivelé sur 10,5 kilomètres depuis le lac Chambon, ce col représente un test pour cyclistes aguerris. Des passages à 8,2% rappellent étrangement les cols alpins, mais sans le trafic intense qui les caractérise.
« C’est vraiment le Galibier auvergnat », affirme Gérard, cycliste rencontré au sommet. « Même profil, même difficulté, mais on y croise dix fois moins de monde ! » De quoi tenter les amateurs de défis authentiques et préservés.
Un col aux mille visages selon les saisons
Ce qui fascine au col de la Croix-Morand, c’est sa personnalité changeante. En hiver, le « burle », vent glacial redouté des locaux, transforme le paysage en décor de film d’horreur. Certains blogs locaux le qualifient même de « preneur d’Hommes », une expression qui en dit long sur sa réputation.
En été, tout change : les estives verdoyantes accueillent troupeaux et randonneurs dans un cadre bucolique digne des plus belles cartes postales. Ce côté « caméléon » a inspiré Jean-Louis Murat, célèbre chanteur né à Chamalières, qui lui a dédié une chanson éponyme.
À la tombée du jour, les teintes rosées du soleil couchant sur les versants volcaniques offrent un spectacle naturel comparable aux plus beaux parcs nationaux.
Le renouveau touristique par l’authenticité
La transformation du buron en refuge gourmand symbolise parfaitement la nouvelle approche touristique de ces territoires montagnards. Face aux défis du réchauffement climatique, les stations de moyenne montagne comme celle du col de la Croix-Morand privilégient désormais le patrimoine et l’authenticité aux infrastructures massives.
Cette évolution « low-tech » pourrait bien faire école dans d’autres massifs français, notamment dans les villages d’altitude catalans qui partagent des problématiques similaires.
FAQ : Tout savoir sur le col de la Croix-Morand
Quelle est la meilleure période pour visiter le col ?
De mai à octobre. L’hiver, les conditions peuvent être extrêmes avec le « burle » (vent glacial). Juin et septembre offrent le meilleur compromis entre météo clémente et faible affluence.
Le col est-il accessible en voiture toute l’année ?
Non, la route D996 qui traverse le col peut être fermée en hiver lors d’épisodes neigeux importants. Vérifiez les conditions routières avant de partir, particulièrement entre décembre et mars.
Quelles sont les randonnées possibles depuis le col ?
Plusieurs sentiers balisés partent du col, notamment vers le puy de la Tache (1632m) et le puy de la Croix-Morand (1520m). Ces randonnées offrent des panoramas exceptionnels sur le massif du Sancy.