Traverser l’archipel des Galápagos, c’est remonter le temps jusqu’aux origines de la théorie de l’évolution. Ces îles volcaniques, surgies des profondeurs du Pacifique à 1000 km des côtes équatoriennes, forment un laboratoire vivant où la nature s’est développée en parfait isolement. Ici, l’iguane marin – seul lézard au monde capable de plonger pour se nourrir d’algues sous-marines – vous observe sans crainte, illustration parfaite de ces adaptations qui fascinèrent Darwin lors de son passage en 1835.
Le sanctuaire de Darwin : entre science et émerveillement
Les Galápagos ne sont pas seulement un paradis pour les naturalistes, mais aussi le témoignage d’une histoire humaine méconnue. En 1832, alors que Charles Darwin n’avait pas encore foulé ces terres, des soldats mutins équatoriens y fondèrent la première colonie pénitentiaire sur l’île Floreana, sous la direction du général José María de Villamil – premier gouverneur de ce territoire nouvellement annexé à l’Équateur.
Ce qui frappe immédiatement en débarquant sur l’une des 18 îles principales, c’est cette sensation d’entrer dans un monde préservé. Avec 97% de leur territoire classé Parc National, les Galápagos maintiennent une biodiversité exceptionnelle : plus de 400 espèces de poissons, 800 types de mollusques et 56 espèces d’oiseaux dont 27 endémiques.
Parmi ces derniers, les célèbres « pinsons de Darwin » – plus de 100 espèces d’oiseaux que le naturaliste britannique étudia pour forger sa théorie révolutionnaire – continuent d’évoluer sous nos yeux. À l’instar du Parc national de Canaima au Venezuela, chaque recoin recèle des trésors naturels uniques.
Un monde forgé par le feu et sculpté par le temps
Le Volcán Wolf, culminant à 1710 mètres sur l’île Isabela, rappelle l’origine volcanique de l’archipel. Ces formations géologiques spectaculaires, résultant de la convergence des plaques Nazca, Cocos et Pacifique, offrent des paysages lunaires contrastant avec le bleu profond de l’océan. Certaines îles, âgées d’à peine quelques centaines de milliers d’années, continuent de se transformer au rythme des éruptions volcaniques.
À Devil’s Crown, ancien cratère partiellement submergé près de l’île Floreana, l’anneau de corail abrite une concentration incroyable de vie marine. Les plongeurs y croisent requins, raies manta et poissons multicolores dans une eau cristalline. Ce paysage sous-marin n’a rien à envier aux formations rocheuses terrestres, comme celles de Bescanó, village catalan marqué par le volcanisme.
À la rencontre des gardiens du temps
Les tortues géantes des Galápagos, pouvant vivre plus de 130 ans, sont les véritables mémoires vivantes de l’archipel. Au Rancho Primicias sur l’île Santa Cruz, ces imposants reptiles se déplacent avec une lenteur majestueuse entre les flaques boueuses et la végétation luxuriante.
Plus au sud, sur l’île Española, Gardner Bay offre un spectacle rare : les colonies de lions de mer se prélassent sur le sable blanc, indifférents aux visiteurs qui les approchent. À quelques kilomètres, les « waved albatross » (moins de 35 000 individus à l’état sauvage) reviennent chaque année s’accoupler pour la vie, dans une danse nuptiale fascinante.
Sur l’île Fernandina, Espinoza Point abrite l’extraordinaire cormoran aptère, seul oiseau de son espèce ayant perdu la capacité de voler pour devenir un plongeur exceptionnel, à l’instar des espèces adaptatives du Parc National Kruger.
FAQ : Préparer votre voyage aux Galápagos
Quelle est la meilleure période pour visiter les Galápagos ?
La saison chaude (janvier-mai) offre des eaux claires à 22-24°C idéales pour le snorkeling, avec des pluies brèves et un ensoleillement optimal. La saison fraîche (juin-décembre) permet d’observer davantage d’espèces marines attirées par le courant de Humboldt.
Comment accéder aux îles Galápagos ?
Il faut d’abord rejoindre l’Équateur (Quito ou Guayaquil) puis prendre un vol pour Baltra ou San Cristóbal. Une taxe d’entrée au parc de 100$ est obligatoire. Les déplacements inter-îles se font par bateaux ou petits avions avec des guides certifiés.
Le tourisme menace-t-il l’équilibre fragile des îles ?
Les Galápagos figurent depuis 2010 sur la liste du patrimoine mondial en péril. Les autorités limitent strictement le nombre de visiteurs et imposent des règles sévères pour préserver cet écosystème unique, menacé par les espèces invasives et l’augmentation du tourisme (+150% en 15 ans).