Le peintre Espagnol Santiago Ydañez nous fait quelques « confidences »…

le-peintre-espagnol-santiago-ydanez-nous-fait-quelques-confidences

Le peintre Espagnol Santiago Ydañez s’exposera, sous le titre « Confidences », « àcentmètresducentredumonde » du 16 juin au 23 septembre, laissant découvrir sa peinture transgressive et viscérale.

Né à Puente de Génave (Jaén, Espagne), en 1969, Santiago Ydañez est considéré comme l’un des jeunes peintres espagnols bénéficiant d’une importante reconnaissance internationale. Dans son cas particulier, il ne s’agit pas d’une phrase toute faite puisqu’il a déjà présenté ses créations à Zurich, Milan, Berlin, Bergen, Monterrey, Sao Paulo ou encore Toronto. Entre autres récompenses, il a obtenu le Prix de Peinture ABC en 2002 et le Prix de Peinture Génération 2002 de Caja Madrid en plus de l’obtention de la Bourse du Collège d’Espagne à Paris décernée par le Ministère de la Culture en 2001. Son œuvre est exposée dans de nombreuses institutions telles que le Musée National Reina Sofia de Madrid. Actuellement, Santiago Ydañez vit et travaille entre Berlin et Grenade. Son travail se base sur l’observation, inspiré par les souvenirs de l’enfance qu’il mêle à ses questionnements culturels, son amour de l’histoire de l’art et de la littérature.

Le travail de Santiago Ydáñez est véritablement transgressif dans les trois acceptions qualifiant ce qui est révolutionnaire : la forme, le langage et la pensée. Sa façon de peindre est viscérale, rapide et intuitive, chargée d’énergie et d’un chromatisme sombre dans chaque coup de pinceau. Avec une force et une vigoureuse expressivité, Ydáñez exécute son travail dans une grande unité et une fraicheur en relation avec l’eau des acryliques utilisés dans ses peintures. Cet artiste n’est pas intéressé par la narration mais plutôt par la création de sensations qui enveloppent le spectateur subitement, avec ce coup de pinceau qui lui est propre.
Ydáñez mélange tout, réussissant une symbiose entre la spiritualité profane et le viscéral humain et animal, exprimant ainsi la brutalité et le fanatisme que l’on peut rencontrer dans la religion. Des vierges qui se transforment en femmes soumises à leurs désirs les plus primaires, dévoilant une cruelle beauté, avec des personnages si pâles qu’ils ressemblent à des morts avec leurs bouches ouvertes desquelles nous attendons que sorte un cri déchirant qui ne viendra jamais.

Sans aucun doute, Santiago Ydáñez montre un grand intérêt pour le Baroque. Dans ce style, il se focalise sur la taxidermie et les viscères, la présence latente de la mort, les vanitas et le sublime décadentisme mélancolique. Il centre son attention sur ce sentiment de “familiarité” avec le saint ou l’animal disséqué. Elevé dans le village de Puente de Génave, province de Jaén, comptant quelques deux mille habitants, Ydáñez fût en contact avec la religion et le monde animal depuis sa tendre enfance et c’est pour cela qu’il fait preuve d’une insignifiante pudeur quand il s’agit de montrer des plats remplis de têtes éclatées, de parties de corps d’êtres humains et d’autres scènes qui pourraient paraître choquantes pour certains spectateurs. Même si, peu à peu, il a introduit de la couleur dans son travail, ce qui le caractérise, ce sont bien les traits gris et noirs qui, depuis ses débuts, ont donné vie à ses énormes portraits dont le format rappelle un plan serré de cinéma et qui semblent dévoiler les photographies auxquelles font référence ses oeuvres sur le thème teutonique.

Ydáñez s’appuie sur les sentiments élémentaires et primaires qui sont aussi bien l’apanage des humains, adultes ou enfants, que des animaux, domestiques ou sauvages. Dans son essai lucide sur l’érotisme, Bataille qualifie la nudité d’“animale humanité” un état de communication qui nous rapproche du sacrifice. Ydáñez se dénude puis s’habille de peinture pour réaliser une sorte de rituel : comme entrer en transe. Il parvient à éprouver une métamorphose de grande intensité. Pour lui, la peinture est une relation avec lui-même. Une reddition face aux désirs qui nous taraudent nous faisant passer, tour à tour, par des moments d’extase ou des situations inextricables.

L’érotisme est, dans certaines occasions, un voyage tortueux, une variation perpétuelle entre les pôles de la vie et de la mort, de la bonté et de la méchanceté, du beau et de l’horrible, du doux et du violent. L’érotisme implique toujours l’histoire, le corps, le hic et le nunc. Dans l’expérience érotique, les incongruités se multiplient, par l’action de l’inconscient, domaine des paradoxes et des contradictions. L’érotisme est donc une voie qui exprime l’inconscient et, qui plus est, cette partie qui ne peut être nommée car elle est précisément mitoyenne de la jouissance.

L’œuvre de Ydáñez nous oblige à pratiquer une auto-autopsie, s’avérant être la meilleure façon d’être honnêtes envers les autres et envers nous-mêmes. Nous devons éviscérer nos vérités et nos mensonges, nos insécurités et nos peurs, démolir ces murs qui empêchent notre bonheur, ces palpitations internes liées à l’éthique, au correct et accepter que notre oeil, à l’instar des créations d’Ydáñez nous laissera voir et nous montrera ce que nous voulons vraiment voir, sans interruptions eschatologiques, sans obstacles ni préjugés à l’égard de nos désirs les plus intimes.

INFOS PRATIQUES
Où : Centre d’Art Contemporain àcentmètresducentredumonde
3, avenue de Grande Bretagne, 66000 PERPIGNAN
Quand : du 16 Juin au 23 Septembre 2018
Vernissage : Vendredi 15 Juin à partir de 18h30
Tarif normal : 4 euros
Tarif réduit : 2 euros
Gratuit pour les moins de 18 ans
Horaires : Ouvert tous les jours de 15h à 19h (dimanches et jours fériés inclus)
Web : www.acentmetresducentredumonde.com