Le Barcarès/ Expo : ferronnerie d’Art chez Marie-Jeanne

Interview de Marie-Jeanne, créatrice en ferronnerie d’art au Barcarès.

Bonjour Marie-Jeanne, peux-tu te présenter ? Qu’est ce qui t’a amené à t’orienter vers le secteur du marché de l’art ?

Ce qui me qualifie le mieux est le goût du voyage : dans l’espace, les relations humaines, les différents métiers pratiqués et la matière. Je suis une curieuse obsessionnelle ! Créer de mes mains a toujours été nécessaire à mon équilibre ; faire une pièce unique au monde a quelque chose de magique et j’aime partager cette énergie créative. C’est un échange heureux et passionné ! Mon amour du fer est dû à la plus belle rencontre de ma vie : un ferronnier d’Art de la vieille école, artiste visionnaire, qui m’a tout appris et avec lequel je fusionne depuis 30 ans.

Comment a évolué ta pratique artistique depuis que tu as commencé ?

J’ai toujours écrit ; journaliste, Rédactrice en Chef, Éditeur de magazines puis Écrivain public, je continue à écrire aujourd’hui pour divers clients et corrige des mémoires de doctorants. Quand je n’avais pas un stylo entre les mains, j’avais un pinceau, une disqueuse, un poste à souder ou une machine à coudre. J’ai fait du flaming auto, de la signalétique sur tous supports, de la calligraphie, j’ai créé des ateliers de dessin dans des foyers sociaux, vendu de vieux objets en fer sur les vide-greniers … Vivre de la création, et surtout tenir sur le long terme, est super dur ; j’ai fait plein de boulots alimentaires, appris pas mal de métiers, rencontré des humains fabuleux et des gens moins chouettes. Ma créativité est nourrie de ces 40 années éclectiques. La rencontre avec le fer, associée à l’écrit, me permet aujourd’hui de vivre -presque- exclusivement de mes passions.

Quelle est l’histoire de ton atelier « Chez Marie-Jeanne » ?

L’histoire de Chez Marie-Jeanne commence en 1999, à Estagel, où nous ouvrons, Sergio Troïlo et moi, l’Atelier de ferronnerie d’Art 41 bis ; il crée des pièces uniques, je travaille la mosaïque et le fer de récupération, nous exposons des peintres, des sculpteurs, nous transformons une BMW 628 CSI en salon d’intérieur et filons exposer en Suisse romande avec un semi-remorque… l’hystérie. Les aléas de la vie nous expatrient à Pau, où nous ouvrons Vita Principale, un Atelier d’Art dans une splendide ferme béarnaise du XVIIème siècle. La vie de château ! Qui ne dure pas, s’ensuit une longue traversée du désert créatif, mais je n’ai pas renoncé à mon rêve : ouvrir à nouveau un show-room de ferronnerie d’Art. Je trouverai le lieu idéal à Nautica en juillet 2018. Pourquoi le Barcarès ? La Catalogne est ma terre de cœur et l’eau mon élément. L’ambiance ici est sereine et conviviale, il y fait bon vivre et créer. Le temps d’œuvrer à mes pièces uniques (et il en faut, du temps !), de faire les travaux d’aménagement et de subir 6 mois d’inondations -youpie-, j’ai ouvert Chez Marie-Jeanne en mai 2019.

D’où vient cet amour pour les couleurs vives ?

Donner vie au fer, le rendre sensuel, chaleureux, accueillant. Effacer sa réputation de froideur prétentieuse et hostile ! Je ne peins pas le fer, je le vernis avec des produits techniques anticorrosion hyper performants, et ceci pour 2 raisons : la peinture masque les imperfections des soudures et s’écaille avec le temps ; mes soudures sont parfaites et le vernis laisse voir le fer en transparence avec une longévité anticorrosion optimale. Pas d’entretien ! Les vert anis, les bleus nautiques, les orange mordorés, les paillettes, c’est ma marque de fabrique sur fer, la signature de ma féminité. Une pièce de Chez Marie-Jeanne se reconnaît sans étiquette, elle est signée.

Quel est le processus de création d’une de tes œuvres ?

La penser, la rêver, puis la dessiner sur papier et la transfigurer en fer. Le choix des matériaux qui l’exprimeront le mieux : fer plat, rond, tube… diamètres, épaisseurs, poids et encombrement final. Mon moteur, c’est me dire que quelqu’un que j’aime la trouvera belle, même si cette personne ne peut pas la posséder. Ensuite, c’est l’immersion dans le fer, la sensualité, la vigilance, le respect de la matière. Les finitions, nettoyage des soudures et vernis multicouches, sont les plus exigeantes en termes de temps. C’est ce qui fait la différence entre du fer d’importation et la ferronnerie d’Art ; sur mes chaises et tabourets, tu peux t’asseoir avec des bas en soie. Tu peux caresser mes sculptures, elles ne te blesseront jamais.

Quels sont les matériaux que tu utilises le plus, et pourquoi ?

Le fer, le fer, le fer. Violent si tu le méprises, hostile si tu le contrains, honnête car toujours à nu, et résistant aux ravages du temps. Il me ressemble. Je l’associe au bois, à de beaux tissus d’ameublement, au verre…

Quelles sont tes principales sources d’inspiration ?

Les éléments ! L’eau, le vent, la lumière naturelle et la vue depuis mon atelier, exceptionnelles à Nautica. Mes lectures aussi -je suis fan d’heroic fantasy- et l’érotisme écrit, peint ou photographié. Les visites d’églises, riches en Histoire de l’Art, sont toujours pour moi un voyage dans les fantasmes.

Parle-nous d’une de tes créations…

J’ai beaucoup d’affection pour Mars Attack, alien avec une femme nue pailletée d’or dans la tête, des ailes le long de la mâchoire et des serres d’aigle au bout de ses 4 pattes ; toute une symbolique ! Mars Attack a beaucoup d’humour, il m’accompagne depuis 20 ans ; c’est dire s’il est invendable !

Comment définis-tu tes œuvres ?

Je ne crée pas des œuvres, mais des histoires. Je vends du rêve. Chaque pièce de mon show-room a son parcours et sa propre vie. Mes clients continuent ou inventent l’histoire qui va avec. Ils leur donnent parfois un nom, et m’envoient la photo de leur acquisition dans sa nouvelle vie, chez eux. Acheter chez moi, c’est un échange d’émotion, de joie, c’est un partage de belle énergie. Mes œuvres sont gaies, d’où mon logo : Meubles joyeux, Déco pimpante ! Mes clients sont mes amis, et réciproquement.

Le mobilier d’art est-il abordable, tant symboliquement, que financièrement ?

Financièrement, Chez Marie-Jeanne est à la portée de toutes les bourses. Tu peux te faire plaisir pour moins de 20 balles, et repartir avec un paquet cadeau époustouflant. Je ne compte ni mon temps, ni mon énergie. Symboliquement, il faut s’extraire de la consommation de grande distribution et avoir une capacité au rêve, ce qui rend le mobilier d’Art beaucoup moins abordable…

Pourquoi choisir de vendre en cette période de confinement ?

La question qui tue ! Je n’ai pas d’autre choix, tout simplement. Artiste libre, je n’ai aucune aide ou financement d’État ; je n’ai que la vente de mes créations pour vivre. Je garantis toutefois une parfaite sécurité sanitaire : je mets à disposition de mes visiteurs des masques en tissu, cousus par mes soins et signés. Je livre aussi à domicile, à la demande. La période est tellement sombre… je vends des pièces uniques créées en France, belles dans la longévité ; c’est d’actualité.

Qu’est-ce que ton mobilier artistique peut apporter à nos Catalans et Pyrénaliens ?

Le fer sied si bien au Sud… Les Catalans ont une longue tradition avec la ferronnerie d’Art ; notre département a connu des artistes d’exception. La plupart de ceux que je connais sont désormais à la retraite, les autres font des escaliers, des balustrades et des portails pour vivre. Ils n’ont guère le temps de créer… C’est la loi du marché, notre métier disparaît. Il faut être tarée, utopique et passionnée pour ouvrir un show-room de ferronnerie d’Art à La Coudalère. Je suis les trois. Seule, je ne pourrais rien faire ; je suis entourée d’une équipe de fous furieux qui me suivent à fond. Les meilleurs. Nous apportons ce que tu ne trouveras jamais sur le Net, ou dans les grandes enseignes, sans que ça te coûte une blinde.

Où peut-on te trouver ?

Un mot pour la fin ?

Merci.