L’Académicienne Dominique Bona en terres catalanes…

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Dominique Bona avec l'équipe du CML

L’Académicienne Dominique Bona était l’invitée du CML (Centre Méditerranéen de Littérature), le samedi 24 juin, à l’occasion de la présentation de sa biographie « Colette et les siennes » (Grasset). La rencontre s’est déroulée au Musée Rigaud (inauguré la veille en sa présence), devant une centaine de participants.

Après avoir été accueilli par Michel Pinell, adjoint au maire de Perpignan en charge des Affaires culturelles, et André Bonet, Président du CML, Jean-Jacques Bedu, vice-président du CML a assuré de son côté la présentation de l’ouvrage de Dominique Bona. Ce dernier, devait-il rappeler, nous incline à la nostalgie et à la découverte d’un monde qui disparaît au son des canons, celui de la Belle époque, prélude aux Années folles, celui des grandes demi-mondaines, des Liane de Pougy, de la Belle Otéro, de l’énigmatique espionne Mata Hari, dont vous nous dévoilez une anecdote sulfureuse, ce monde parfois interlope et équivoque où un Jean Lorrain, à la plume vénéneuse, a jadis régné en maître, et au sein duquel Colette a fait ses débuts, j’oserais dire « cornaqué » par Willy, le faussaire boulevardier, derrière lequel plane l’ombre de Paul-Jean Toulet, de Jean de Tinan, de Curnonsky et de tant d’autres…

Au-delà du portrait de ces quatre femmes tourmentées dans un monde en guerre, et qui chacune connaîtront des destins parfois tragiques, ce livre est une ode à toutes les femmes qui, grâce à elles, ont pu enfin de libérer du joug des hommes. Il ne fait aucun doute que sans Colette, il n’y aurait peut-être jamais eu Simone de Beauvoir, Violette Leduc, Marguerite Duras ou Françoise Sagan. Sans Annie de Pène, il n’y aurait jamais eu Hélène Lazareff ou Françoise Giroud. Sans Musidora ou Marguerite Moreno, il n’y aurait jamais eu Kiki de Montparnasse ou Brigitte Bardot… Chacune, dans son art, la littérature, le cinéma, le théâtre, le journalisme, a su montrer aux femmes le chemin, prouvant combien elles étaient capables de surpasser les hommes.

L’hommage à Arthur Conte
Dominique Bona a également participé dimanche matin à Salses-le-Château a un très émouvant hommage rendu à son père Arthur Conte, qui fut maire de Salses pendant 25 ans. Jean-Jacques Lopez, l’actuel maire et son conseil municipal avait invité sa fille pour inaugurer un espace culturel de la commune baptisé du nom de son père. Dans son allocution, Jean-Jacques Lopez rappela le parcours de son père : « Maire de notre commune de 1947 à 1972, élu député à partir de 1951, nommé secrétaire d’État à l’industrie et au commerce du gouvernement Bourgès-Maunoury en 1957, puis président de l’assemblée de l’Union de l’Europe occidentale en 1961, il démissionnera en 1963 de la SFIO. Et sera réélu à l’Assemblée nationale sous la Ve République, en 1968, comme apparenté UDR. Il soutient Georges Pompidou en campagne présidentielle en 1969. » Arthur Conte déclara un jour : « Si je dois résumer ma vie, j’aurai fait quelques livres, et j’aurai rajeuni mon village… » Né en 1920 à Salses, dans une famille de modestes viticulteurs où l’on ne parle que catalan, il fut avant-guerre poussé à la fois vers des études supérieures, la vie politique par son père et le maire d’un village voisin.

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Dominique Bona avec le maire de Salses-le-Château, Jean-Jacques Lopez

Il fit œuvre d’historien, spécialiste de l’histoire contemporaine notamment, avec plus d’une trentaine d’ouvrages. En juillet 1972, à 53 ans, le fin lettré qui se voulait « un homme libre », « jamais désabusé, jamais amer », est nommé président-directeur-général, titre nouveau, de l’ORTF, l’Office de Radio et Télévision Française… Pour sa fille Dominique Bona, la voix de son père résonnait comme « un accent de fidélité à une région profondément ancrée en lui qui est la région catalane ». Sa différence à lui, il savait la cultiver : il a grandi en catalan et a appris le français à l’école. Homme optimiste, authentique, il faisait quelquefois figure d’exception dans des milieux très galvaudés où il étonnait par son humour, son franc-parler et surtout son accent. Comme il le disait lui-même : « je roule les “r” comme une rivière qui charrie des cailloux. » La foule qui s’est rassemblée dimanche à Salses-le-Château pour lui rendre hommage prouve que la mémoire d’Arthur Conte reste aujourd’hui plus vivante que jamais.

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Dominique Bona en pleine séance de dédicaces, à Perpignan.