La lumière matinale dore les façades provençales d’Ollioules. Au cœur du Var, cette ville de 14 320 habitants garde un secret architectural exceptionnel. Pendant que Sanary-sur-Mer et Six-Fours attirent les foules balnéaires, Ollioules protège la seule collection de plus de 80 gypseries Renaissance en Provence.
À 7 km de Toulon, un hôtel particulier du XVIIe siècle révèle un trésor caché. La Maison du Patrimoine dévoile un escalier monumental baigné de lumière dorée. Les bustes d’empereurs romains veillent sur ce patrimoine classé Monument Historique depuis 2000.
La maison des têtes : un palais Renaissance caché derrière une façade discrète
Place de la Mairie, rien ne laisse présager la merveille intérieure. La façade sobre du 20 rue Gambetta dissimule un univers somptueux. Cette ancienne demeure de Melchior Martinenq, avocat et consul d’Ollioules en 1632, transformée en Centre d’Interprétation en 2020.
Le contraste architectural saisit dès l’entrée. L’extérieur discret s’efface devant un vestibule aux décors fastueux. Les voûtes d’arêtes s’élèvent vers un puits de lumière quadrangulaire de 12 mètres de hauteur. Le faux marbre et les gypseries créent un théâtre d’ombres et de clarté unique en région.
Comme ce village corrézien aux 27 monuments historiques, Ollioules concentre un patrimoine exceptionnel sur un territoire restreint. Cette concentration patrimoniale distingue radicalement la ville des stations balnéaires voisines.
80 bustes Renaissance et un puits de lumière qui défie la gravité
L’escalier monumental du XVIIe : théâtre de lumière
L’escalier révèle sa magie entre 10h30 et 11h30. La lumière naturelle traverse le puits quadrangulaire de 3,5 mètres sur 3,5 mètres. Elle caresse les décors maniéristes : plantes, animaux et chimères sculptés dans le plâtre avec une précision millimétrique.
Chaque marche dévoile de nouveaux détails. Les fausses marbres imitent à la perfection les veines naturelles. L’architecture végétalisée typique du maniérisme provençal orne chaque surface disponible. Cette technique du XVIIe siècle atteint ici son apogée artistique.
Plus de 80 têtes sculptées : empereurs romains et ornements végétaux
Auguste, Jules César, Marc Aurèle et Néron contemplent les visiteurs. Ces bustes d’empereurs romains côtoient des décors végétalisés d’une richesse inouïe. La collection compte exactement 82 gypseries, classées Monument Historique pour leur qualité exceptionnelle.
Cette concentration unique en Provence dépasse même les collections parisiennes de l’Hôtel de Soubise. Les techniques Renaissance provençales atteignent ici leur summum. Seules les demeures lyonnaises de Bullioud rivalisent avec cette profusion décorative.
Ollioules, capitale mondiale des anches pour instruments à vent
Les anches d’Ollioules : réputées par les plus grands musiciens
Le label « Ville de Métiers d’Arts » honore un savoir-faire ancestral méconnu. Les artisans ollioulais façonnent les anches réputées comme les meilleures au monde. Les musiciens professionnels de l’Orchestre de Paris aux philharmoniques new-yorkaises commandent exclusivement ici.
« Nos anches offrent une sonorité incomparable », explique Marcel Bonnard, maître artisan depuis 1987. « Le roseau local et notre technique de séchage produisent une qualité sonore inégalée. » Cette spécialité unique attire les virtuoses du monde entier dans cette ville varoise.
Cabinet de curiosités : de Pierre Puget à Félix Mayol
Les 500 m² d’espaces immersifs célèbrent les illustres personnages provençaux. Pierre Puget, Jean Aicard, Félix Mayol, Raimu et Mireille Darc revivent dans ce cabinet de curiosités interactif. Les effluves méditerranéennes parfument chaque salle thématique.
Comme à ce village des Alpes-Maritimes où les maîtres verriers perpétuent leur art, Ollioules préserve jalousement ses traditions artisanales. Les souvenirs 100% locaux garantissent l’authenticité aux visiteurs exigeants.
Entre gorges vertigineuses et hôtels particuliers secrets
Les gorges du Gros Cerveau surplombent la ville à 52 mètres d’altitude. Ces formations géologiques offrent des panoramas sur la rade de Toulon et l’archipel des Embiez. Victor Hugo et Hubert Robert ont immortalisé ces paysages arides et déchiquetés.
Le centre médiéval cache une vingtaine d’hôtels particuliers des XVIe et XVIIe siècles. L’église romane Saint-Laurent du XIe siècle ancre ce patrimoine dans l’histoire millénaire. Châteauvallon-Liberté, scène nationale réputée, prolonge cette richesse culturelle.
Contrairement à ces quartiers d’Avignon préservés du tourisme de masse, Ollioules reste confidentielle. Le label « village fleuri » 3 fleurs couronne cette authenticité préservée à l’abri de l’affluence côtière.
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Comment visiter la Maison du Patrimoine ?
Ouverture du mardi au samedi de 9h à 12h et 14h à 17h30. Entrée à 5 € pour les adultes, 3 € tarif réduit. Visites commentées sur réservation à 10h et 14h15. La gare d’Ollioules-Sanary se situe à 800 mètres, lignes TER toutes les 30 minutes depuis Toulon.
Pourquoi les anches d’Ollioules sont-elles si réputées ?
Le roseau local et les techniques de séchage ancestrales produisent une sonorité exceptionnelle. Les grands orchestres mondiaux s’approvisionnent exclusivement ici depuis le XVIIIe siècle. Cette spécialité unique fait d’Ollioules un centre artisanal incontournable pour les musiciens professionnels.
Ollioules versus Sanary-sur-Mer : quelle différence ?
Ollioules privilégie le patrimoine Renaissance et l’artisanat d’art. Sanary mise sur le tourisme balnéaire et la plaisance. Distance : 4,3 km et 7 minutes en voiture. Hébergement 40% moins cher à Ollioules. Fréquentation 30 fois moindre qu’à Sanary.
À 17h, la lumière dorée traverse encore le puits de la Maison des Têtes. Les gorges du Gros Cerveau s’assombrissent doucement. Dans le silence du centre médiéval, comme cette ville où les monuments gardent leurs secrets millénaires, Ollioules révèle ses trésors à qui sait pousser les portes discrètes.
