La CPAM de Perpignan aide les personnes à réaliser les soins dont elles ont besoin

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Dans un pays envié pour la performance de son système de santé, les difficultés d’accès aux soins demeurent, alors même que cet accès, garanti par la Constitution et reconnu comme un droit, est au cœur du modèle social français. Une conférence de presse sera consacrée le vendredi 16 juin à l’Hôtel de Ville de Perpignan à la problématique de l’accès aux soins.

Cette conférence aura pour thème « Agir contre le renoncement aux soins. Diagnostic, solutions et déploiement ».

Une étude réalisée en 2015 par la CPAM des Pyrénées Orientales, en partenariat avec l’Observatoire des non recours aux droits et aux services (Odenore), a révélé que 36% des assurés interrogés dans les accueils de l’Assurance Maladie seraient concernés par des situations de renoncement à un ou plusieurs soins.

Les travaux menés en coopération avec l’Odenore ont permis de mettre trois constats clés en lumière :
1. Les raisons financières constituent certes un frein majeur à l’accès aux soins (trois fois sur quatre) mais ne sont pas seules en cause ;

2. Les personnes sont en attente d’explications voire d’orientation dans un système de protection maladie et de soins perçu comme complexe ;

3. Les conséquences du renoncement aux soins sont multiples, à la fois en termes de santé mais aussi sur les plans professionnel, social, voire même familial.

De par son ampleur et ses conséquences multiples, le renoncement aux soins, source d’inégalités et de dépenses supplémentaires à moyen et long termes, devient un défi qui concerne la collectivité dans son ensemble.

Afin d’agir sur le renoncement aux soins, la CPAM de Perpignan a mis en œuvre dès le mois de mai 2016, un dispositif expérimental, la PFIDASS (PlateForme d’Intervention Départementale pour l’Accès aux Soins et à la Santé) qui est dorénavant déployé par la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAMTS) à l’ensemble du territoire à partir d’avril 2017.

Ce dispositif induit une nouvelle approche qui, au-delà de délivrer des droits ou des prestations dans une logique de « guichet », va au-devant des personnes qui méconnaitraient leurs droits administratifs et se charge également de repérer, en partenariat étroit avec les autres acteurs de la santé et du social, celles qui rencontreraient des difficultés pour accéder aux soins, voire qui renonceraient à se soigner.

Concrètement, une fois identifiés, et sous réserve de leur consentement, les assurés se voient proposer un accompagnement « sur mesure » par un conseiller PFIDASS.

1ère étape : l’assuré bénéficie d’un bilan exhaustif de ses droits pour disposer d’une vision globale de sa situation administrative et mieux cerner ses besoins : de quels droits peut-il bénéficier ? Est-il avant tout pénalisé par un reste à charge ou par l’avance de frais ? A t-il besoin d’obtenir un ou plusieurs devis pour appréhender le montant de l’éventuel reste à charge ? S’agit-il d’identifier un spécialiste qui pratique des tarifs opposables pour éviter tout reste à charge, de réaliser un montage financier d’aides pour la délivrance de lunettes ?

Suite au bilan des droits, l’assuré bénéficie alors d’un accompagnement personnalisé selon ses besoins. Chaque assuré conserve le même conseiller tout au long de l’accompagnement, et jusqu’à la réalisation des soins.

2e étape : le conseiller procède à l’accompagnement :
· création, mutation, ouverture des droits et mise à jour des droits à l’Assurance Maladie, attribution de carte Vitale, enregistrement d’un médecin traitant… ;
· recherche des droits à la CMU-C ou à l’ACS ; recherche de droits complémentaires auprès d’autres organismes,
· accompagnement au choix d’un contrat et d’un organisme complémentaire ;
· information relative aux droits et à leur bon usage ;
· aide au choix d’un professionnel de santé correspondant à ses besoins et à ses droits, orientation dans le système de soins, en respectant le principe de libre choix.
· accompagnement au montage financier, construit le cas échéant par cofinancement de plusieurs partenaires pour faire face à des restes à charge auxquels la personne, en raison de son « reste pour vivre », ne pourrait faire face. Par exemple examen avec elle des devis établis puis apport de solutions, afin de financer le reste à charge (octroi d’une aide financière d’action sanitaire et sociale par la CPAM, recherche d’aides financières complémentaires auprès d’autres partenaires).
L’accompagnement s’effectue par des contacts téléphoniques, des rendez-vous physiques ou des échanges de courriels selon les besoins de l’assuré afin de garantir la continuité du parcours engagé ensemble. Il ne s’arrêtera que lorsque les soins seront réalisés.

3e étape : l’accompagnement vers les actes de prévention
Une fois le plan d’accompagnement aux soins finalisé, l’accompagnant PFIDASS procède à un accompagnement santé visant à garantir la réalisation des actes de prévention nécessaires (dépistages du cancer colorectal, du cancer du sein, du cancer du col de l’utérus, adhésion au service en santé SOPHIA, vaccination anti grippale, réalisation des examens bucco-dentaires pour les enfants dans le cadre du programme MT’Dents).

Premier bilan de la PFIDASS de Perpignan
Du 2 mai 2016 au 31 mai 2017, 372 dossiers ont été ouverts pour 497 renoncements. La durée moyenne d’un accompagnement est de 73 jours.

À l’issue de l’expérimentation, les assurés accompagnés qui ont été interrogés par l’Odenore, dans le cadre de l’évaluation du dispositif, se sont, pour beaucoup, déclarés très satisfaits et ont majoritairement réalisé les soins déclarés initialement comme renoncés (30 % de soins dentaires).

Le dispositif répond à un besoin et les personnes interrogées ont déclaré que, si elles n’avaient pas été prises en charge, elles auraient vu leur renoncement persister ; 66,4% des personnes qui ont réalisé leurs soins pensent qu’elles n’auraient pas pu le faire sans l’appui de la CPAM.

Pour beaucoup d’assurés, les bénéfices de l’accompagnement sont multiples : réalisation des soins, soulagement physique et/ou moral, stimulation pour avancer dans leur parcours de vie, perspectives professionnelles et/ou sociales renforcées…

Au-delà de l’accompagnement à la réalisation des soins, les équipes du dispositif de lutte contre le renoncement aux soins participent souvent à la remobilisation des personnes dans la prise en charge de leur santé, grâce à la relation de confiance qu’elles ont établie et à la relation humaine personnalisée et attentionnée qu’elles ont su instaurer.

« Maintenant et je me soigne, je ne mets plus ma santé de côté ».