Le vin rosé connaît une véritable révolution en France, surpassant désormais le vin blanc en volume de consommation. Avec 36% des ventes de vins tranquilles dans l’Hexagone, le rosé s’impose comme un choix incontournable pour de nombreux Français. Ce phénomène s’étend même à l’international, où la France représente à elle seule 34% de la consommation mondiale de rosé. Mais au-delà des chiffres impressionnants, c’est toute une culture gastronomique qui évolue autour de ce vin autrefois considéré comme secondaire.
La montée en gamme des rosés gastronomiques
Les vins rosés premium, vendus au-delà de 15€ la bouteille, connaissent une croissance à deux chiffres en France. Cette tendance reflète un changement profond dans la perception de ces vins, désormais considérés comme dignes d’accompagner des plats gastronomiques élaborés. Le bœuf bourguignon et autres plats mijotés traditionnels, longtemps réservés aux vins rouges, s’accordent aujourd’hui avec certains rosés structurés de Bandol ou des Côtes de Provence.
Le Château d’Esclans Garrus, vinifié comme un grand cru blanc, illustre parfaitement cette montée en gamme avec son profil aromatique d’exception et sa capacité de garde remarquable. Son prix (entre 100 et 150€) témoigne de cette nouvelle considération.
Des techniques de production sophistiquées
Les rosés de qualité supérieure utilisent désormais des méthodes de saignée ou de pressurage direct, avec une attention particulière portée aux cépages traditionnels comme le Grenache et le Cinsault. L’innovation se retrouve également dans l’élevage sur lies fines, qui apporte une rondeur caractéristique aux cuvées premium.
Les vendanges nocturnes et les certifications environnementales comme la Haute Valeur Environnementale (HVE) participent également à cette révolution qualitative, alors que la tendance éco-responsable touche aussi l’univers du vin.
Un vin pour toutes les saisons
Les producteurs travaillent activement à dépasser l’image saisonnière du rosé, traditionnellement associé aux mois d’été. Des cuvées plus complexes et structurées permettent désormais d’accompagner des plats tout au long de l’année, comme la quiche aux asperges et saumon, plat tendance du printemps 2025.
Des domaines comme La Suffrène à Bandol proposent des rosés capables d’accompagner des viandes et fromages affinés, avec une structure tannique proche de certains vins rouges légers. À 25€ la bouteille, ces vins représentent une alternative intéressante pour les amateurs de gastronomie.
Les alternatives innovantes
L’innovation touche également d’autres segments, comme celui des vins sans alcool. Le Null akohol Rose conserve les arômes de framboise caractéristiques tout en ne titrant qu’à 0,5° d’alcool, répondant ainsi à une demande croissante pour des options plus légères.
Les assemblages originaux comme le Gérard Bertrand Gris Blanc (15€) proposent une approche ultra-légère et minérale, parfaite pour accompagner des plats comme les sushis. Ces innovations élargissent considérablement le spectre gustatif des rosés disponibles sur le marché.
Perspectives d’avenir
Si la croissance du marché a légèrement ralenti après 2019, les experts restent optimistes quant à l’avenir du rosé. Le développement de l’œnotourisme côtier et l’essor des vins « zéro intrant » offrent de nouvelles perspectives, notamment dans des régions comme les Pyrénées-Orientales qui développent des rosés de terroir à l’identité forte.
Les chiffres de consommation (15,1 litres par an et par habitant en France) témoignent d’un ancrage solide dans les habitudes, qui ne devrait que se renforcer avec l’émergence continue de rosés de caractère capables de rivaliser avec les meilleurs vins blancs et rouges.