Jacques Cresta s’exprime sur la régulation des zones commerciales…

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Jacques Cresta, député PS et vice-président de la Région, est intervenu ce matin dans l’hémycicle de l’Assemblée Nationale à l’occasion des questions orales au gouvernement.

Il a évoqué la question des régulations des zones commerciales. En effet nos territoires, malgré les difficultés économiques rencontrées, voient se multiplier les créations ou les extensions de zones commerciales, souvent en périphérie des zones urbaines. Le développement des grandes et moyennes surfaces aux portes des villes était présenté comme une chance pour l’ensemble des agglomérations, avec des conséquences indolores pour les commerces de centre-ville. On sait aujourd’hui qu’il n’en est rien.

Dans le seul département les Pyrénées-Orientales qui, selon diverses études statistiques, est un des plus pauvre de la métropole, plus de 300 000 m² de superficie commerciales ont vu le jour ces 3 dernières années, venant se rajouter à celles existantes, faisant de ce territoire un des mieux dotés de France en zones commerciales. Ces secteurs de chalandises captent de plus en plus de consommateurs, alors que dans le même temps de nombreux commerces de centre-ville cessent leur activité par manque de clientèle. En effet sur cette même période, et selon une étude menée par la Chambre de Commerces et d’Industrie plus de 20% des commerces du centre-ville ont « baissé rideau » chaque année. Résultat aujourd’hui il y a ¼ des commerces du centre-ville qui sont fermés. Cette concurrence exacerbée a des incidences directes sur l’emploi, avec une baisse de 10% des salariés sur les 7 dernières années, et fragilise la viabilité des commerces restant avec une baisse d’1/3 de leur chiffre d’affaire sur la même période.

Ce phénomène va continuer à s’amplifier dans les prochaines années, malgré les grandes difficultés des commerces de proximité énoncées ci-dessus, avec près de 100 000 m² de zones commerciales qui devraient voir le jour sur la seule agglomération de Perpignan.

De plus à l’occasion d’une concurrence exacerbée entre ces zones commerciales nous constatons que de plus en plus de zones sont laissées en friche, avec la fermeture de nombreuses enseignes pour se déplacer vers les nouvelles zones commerciales, plus attractives et offrant toujours plus de services. Cette situation a amené le gouvernement à prévoir la transformation de ces locaux commerciaux en zone d’habitat.

Tout ceci provient d’une absence de régulation, qui est encore plus criante depuis la disparition des chambres consulaires et des professionnels au sein des CDAC, qui a laissé la place aux seuls élus locaux, dont l’accueil pour leur commune d’une zone commerciale est souvent le seul moyen de créer de l’emploi et de s’assurer de nouvelles entrées fiscales.

Cette gestion au coup par coup, sans vision territoriale et à court terme engendre des problèmes sociaux et économiques avec la désertification et une paupérisation accrue des centres-villes. Car le plus terrible, c’est que, passé un certain seuil de destruction d’activités commerciales, la crise des centres villes s’auto-entretient, s’emballe et contribue à son tour à devenir un facteur aggravant de la situation générale.

Moins de commerces en centre-ville, c’est moins de services, bien sûr, mais aussi moins de fréquentation, moins de vie, moins d’animation. Les centres villes perdent leur attractivité, notamment auprès des classes moyennes et supérieures, qui préfèrent partir emménager en périphérie dans une maison avec jardin. Leur départ contribue à entretenir et amplifier la paupérisation enclenchée par la crise du commerce.

Ultime étape de ce processus : la chute des prix de l’immobilier et la dégradation du patrimoine privé, que les propriétaires se refusent à rénover tant que le marché n’aura pas donné des signes de reprise. Le développement d’un habitat insalubre ne fait alors qu’aggraver la situation, bouclant solidement le cercle vicieux.

Retrouver l’intervention du député et la réponse de Carole Delga, secrétaire d’Etat au commerce et à l’artisanat, à la consommation et à l’économie sociale et solidaire.