Intempéries : Retour sur un week-end cauchemardesque

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intemperies-retour-sur-un-week-end-cauchemardesqueLes 29-30 novembre, le Roussillon, en plaine comme en montagne, a essuyé plusieurs épisodes de fortes pluies

Argelès-sur-Mer, Estagel, Estoher, Le Barcarès, Le Soler, Los Masos, Maury, Prats-de-Mollo, Rasiguères, Rivesaltes, Sournia, Tautavel… Au total, suite aux intempéries qui se sont abattues sur l’ensemble du territoire des Pyrénées-Orientales, le week-end du 29-30 novembre 2014, c’est une centaine de communes (sur les 226 que compte le département) qui a été frappée. Soixante d’entre elles ont d’ailleurs été classées en « état de catastrophe naturelle » par un arrêté ministériel en date du 10 décembre dernier. Pour une fois, ministre et hauts fonctionnaires n’ont pas chômé pour signer décrets et circulaires afin de voler au secours des nombreuses victimes, qu’il s’agisse de particuliers, d’artisans, de commerçants ou, bien sûr, d’agriculteurs et cultivateurs.

Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, s’est déplacé sur le terrain en personne, guidé par la très dynamique préfète des Pyrénées-Orientales, Josiane Chevalier, qui n’a pas hésité à chausser ses bottes pour aller à la rencontre des nombreux sinistrés aux quatre coins du département, mouillant (c’est une image) comme on dit sa chemise (un chemisier en l’occurrence).

Le bilan humain – Qui aurait pu être encore beaucoup plus lourd – se solde malheureusement par un mort, à Rivesaltes : un homme âgé de 73 ans, décédé le 1er décembre des suites d’un malaise cardiaque, alors que sa voiture était emportée par les eaux : il était sorti de son véhicule sous un pont et s’est retrouvé dans un tourbillon d’eau jusqu’à hauteur de ses épaules.

Les chiffres de ce week-end cauchemardesque sont édifiants : près de 4 000 personnes déplacées entre les vallées de l’Agly (Rivesaltes, Rasiguères…) et de la Têt (Le Soler, Millas), sans oublier le Ribéral (Baixas et Pézilla-la-Rivière) et, surtout la Côte Salanquaise (Le Barcarès) et la Côte Vermeille (Argelès-sur-Mer) ; la totalité des transports scolaires à l’arrêt puis perturbés pendant plusieurs jours, ainsi que de nombreuses écoles fermées toujours « en raison des inondations exceptionnelles qui ont suivi » ; une centaine d’axes routiers totalement ou partiellement interdits à la circulation ; une dizaine de passages à gué coupés sur les territoires des communes de La Preste (Prats-de-Mollo), des Cluses (sur la rivière La Rome), de Villelongue-de-la-Salanque, Bompas, Perpignan, Pia, Pézilla-la-Rivière, Cases-de-Pène…

Que ce soit en Vallespir, en Conflent, dans les Albères ou dans les Fenouillèdes, entre autres, inondations et éboulements ont paralysé plusieurs jours durant les routes, ce fut notamment le cas sur la RD900 entre Salses-le-Château et Fitou (Aude), D914, entre Argelès-sur-Mer et Cerbère, la D9 à l’entrée de Rasiguères où de nombreux affaissements de chaussée ont eu lieu (l’eau a même carrément traversé la mairie et emporté la totalité du bureau du maire, Paul Foussat), la RD113 entre Maureillas et Las Illas, la RD43 entre Corsavy et Arles-sur-Tech, le Pont Séjourné sur la N116, la D64 entre La Forge del Mitg et Serralongue, etc.-etc.

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Dans la seule commune d’Argelès-sur-Mer – Qui a littéralement été mitraillé pendant plusieurs jours par les caméras des télévisions nationales : TF1, BFMTv, France 2 & France 3… allant jusqu’à faite l’ouverture des journaux télévisés de 13h et du 20h pendant pratiquement une semaine ! – le spectacle était littéralement… spectaculaire : pas moins de 150 véhicules endommagés (dont une trentaine emportés par les flots de la rivière La Massane et des agouilles, 280 foyers privés d’électricité… La crèche n’a pu rouvrir ses portes qu’après le 4 décembre.

Par ailleurs, il a fallu évacuer (ordre donné par la Préfecture) les habitants situés à 200 mètres de part et d’autre des digues de l’Agly (Espira, Rivesaltes, Claira, Pia, Torreilles, Saint-Laurent-de-la-Salanque et Le Barcarès). Pour les seules communes de Corneilla-la-Rivière et Tautavel, 60 et 50 personnes ont dû être respectivement évacuées.

Le 30 novembre à 11h, dans un énième bulletin faisant le point sur la situation, la Préfecture des P-O à Perpignan recensait un cumul de précipitations (mms) enregistrées sur vingt-quatre heures (de 4h à 4h), de : 258 (à Prats-deMollo), 247 (Latour-de-France), 231 (Le Perthus), 206 (Saint-Paul-de-Fenouillet), 169 (Port-Vendres), 157 (Torreilles), 150 (Ille-sur-Têt), 143 (Castelnou/ Les Aspres)…

Tout cela a nécessité, dans les villes et villages concernés, la mise en place de cellules de crise et, notamment, de « cellules sociales » pour prendre immédiatement le relais auprès des personnes en situation de grande difficulté matérielle et de détresse morale. La Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) de Perpignan & des P-O a fait de même afin de recenser les établissements professionnels ayant subi des dommages.

Face à ces éléments, services de l’Etat, plongeurs du corps des sapeurs-pompiers, pompiers, Gendarmerie nationale, policiers et employés municipaux, de très nombreux bénévoles et associations, se sont mobilisés en quantité. Parmi les moyens engagés : un hélicoptère de la gendarmerie de Pamiers, un second de la Sécurité Civile, 160 sapeurs-pompiers (2 plongeurs), 70 militaires (+ 70 en renfort/ une unité UIISC), 35 agents de la Direction des Routes du Conseil général’66…

A 10h, le 30 novembre 2014 toujours, l’activité opérationnelle des sapeurs-pompiers s’élevait 1 685 appels et 591 interventions directement liées aux intempéries, dont 157 mise en sécurité et une cinquantaine d’interventions pour la seule gendarmerie.

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