Francis Daspe en réunion à Thuir : « L’inanité des prétendus arguments démographiques »

réunion publique de La France Insoumise / Nupes sur les retraites

Après le double succès de la journée d’action intersyndicale de jeudi 19 janvier et de la marche à Paris à l’appel des organisations de jeunesse de samedi 21 janvier, La France Insoumise / Nupes poursuivait son cycle de réunions publiques dans les Pyrénées-Orientales sur les retraites ce mardi 24 janvier à Thuir. Francis Daspe, à l’aide du diaporama mis à disposition par l’AGAUREPS-Prométhée, s’est évertué à dynamiter les arguments démographiques utilisés par les partisans de la réforme afin de justifier les régressions sociales projetées.

En effet, dans la stratégie qui consiste à dramatiser délibérément la situation pour mieux faire passer comme inéluctables des réformes contestées par la majorité des Français, les données démographiques sont utilisées abondamment. « Elles sont mêmes employées à l’égal d’arguments d’autorité contre lesquels aucune vision contradictoire ne pourrait être apportée », précisait-il en indiquant que les arguments d’autorité révèlent en réalité une absence d’argumentation rationnelle.

Et de commencer par rappeler que si l’espérance de vie a augmenté, c’est en raison aussi du fait que l’on parte plus tôt à la retraite. « Que l’on retarde encore davantage l’âge de départ à la retraite et l’on verra une baisse de l’espérance de vie, comme c’est le cas dans certains pays pour les catégories les plus modestes ! ». Pour Francis Daspe, d’autres réalités doivent être prises en compte, comme l’espérance de vie en bonne santé et l’espérance de vie par classes sociales. Il incite également à se méfier des apparences trompeuses. « Si l’espérance de vie globale a augmenté depuis un siècle, c’est avant tout en raison de la forte diminution des décès à de très jeunes âges (baisse de la mortalité infantile) ou au stade de jeunes adultes (par les décès à la guerre). L’espérance de vie au départ à la retraite a en réalité beaucoup moins progressé que l’espérance de vie à la naissance ».

Pour l’Insoumis, nous devrions nous réjouir au contraire de vivre plus longtemps et dans de meilleures conditions. « Depuis quand l’allongement de l’espérance de vie deviendrait-elle un problème ? », questionnait-il. D’autant plus que la situation démographique de la France est bien meilleure que celle de beaucoup de ses voisins européens. « La génération du baby-boom de l’immédiat après-guerre va peu à peu entrer mécaniquement dans une phase de mortalité Cela coïncidera avec l’arrivée sur le marché du travail des générations nées à partir des années 2000 qui s’étaient caractérisées par un rebond de la natalité ». En outre, contrairement à l’idée complaisamment véhiculée par les partisans zélés des contre-réformes, un système par capitalisation serait encore plus confronté aux contraintes démographiques. « L’allongement de l’espérance de vie rendrait le capital patiemment accumulé au cours de sa vie finalement trop chiche. Dans un système par répartition, des solutions existent par des choix politiques volontaristes et collectifs, pas dans un système par capitalisation fondé sur une épargne longue et individuelle ».

Les prétendus arguments démographiques ne sauraient donc être invoqués pour justifier la nécessité de repousser l’âge légal de départ à la retraite et allonger la durée de cotisation. « Cette logique confine même à l’absurde. Car on serait alors en droit de demander aux femmes de cotiser plus longtemps au motif que leur espérance de vie est supérieure à celle des hommes ! ». Les réalités démographiques qu’on veut nous présenter comme objectives et implacables sont au contraire d’une inanité confondante.