Estagel : des vignerons pas contents

Ces vignes où les vignerons ne font pas que regarder l'herbe pousser

Des sourires, exprimant la lassitude, le plus rien à faire, mais aussi des rictus de fort mécontentement, ont pu se lire sur les lèvres des vignerons de la vallée de l’Agly, à la lecture du premier numéro du magazine de Perpignan Méditerranée Métropole : « Terra Nostre ». L’article incriminé est celui présentant une exploitation sur la commune de Montner.

De notre avis, une vision plus juste, correspondant mieux à la réalité existant sur le terrain, respectueuse de ceux qui depuis des décennies, s’inscrivent dans les pas de leurs aînés dans le métier si noble mais si dur de vigneron, s’impose.

Un certain agacement chez les vignerons

La cause de cette tracasserie, un article édité dans la revu ci-dessus citée, faisant la publicité d’une très petite exploitation privée sur le territoire de la commune de Montner.
Ces écrits, laissent supposer qu’avec 4,5 hectares en vigne, un vigneron peu vivre décemment. Ils sont à la limite de l’indécence et dangereux, de l’avis des spécialistes de la profession avec qui nous nous sommes entretenus.
Indécent, car cela laisse supposer que les vignerons en place depuis des générations, seraient de médiocres incapables.
Dangereux, car cela pourrait influencer des jeunes vers des installations et des formes de productions qui s’avéreraient vite non rentables, non viables. De tels propos pris en raccourci de la vie réelle, pourraient créer des illusions mortifères.
Certains vignerons, les plus mécontents, n’hésitent pas à parler de mépris à leur encontre. D’autres, plus philosophes, prêchent la sérénité. Ils pensent que le temps réglera le sort de certains agitateurs activistes, donneurs de leçons de surcroît. Ils leur conseille dans le même temps, d’apprendre à reconnaître les maladies essentielles de la vigne, l’oïdium et le mildiou. En effet, ces dernières sont les plus faciles à détecter pour un viticulteur digne de ce nom.
Les vignerons depuis plusieurs générations, savent qu’obligatoirement, lorsqu’ils vont sur leurs exploitations, ce n’est pas pour regarder l’herbe pousser en se croisant les bras comme aiment à le faire certains néo viticulteurs. Eux, se retroussent les manches et n’ont pas peur d’attraper des ampoules sur leurs doigts déjà meurtris.
« Quand ils auront réglé leurs problèmes « d’égo », alors nous parlerons d’égal à égal » disent ces vignerons chevronnés et dépités par les propos tenus. Voilà ou peuvent mener quelques phrases lancées en l’air, sans connaître toutes les réalités : dresser des citoyens les uns contre les autres.

Une phrase de trop

Mais la petite phrase qui a levé un vent de fronde, est celle transcrite dans le magazine cité : « j’essaie de faire du vin avec du raisin, en évitant d’empoisonner les gens si possible et, surtout que ce soit bon ! ».
Inutile de mener une explication de texte, les choses sont claires. Ceux qui produisent autrement que sur la petite exploitation concernée, ne feraient pas du vin avec des raisins, empoisonnent les consommateurs, et font de la piquette. Voilà la traduction faite par des exploitants blessés dans leurs chairs, dans leur amour-propre.

Une autre réalité

Sur la publicité pour la petite exploitation en question, il est fait mention d’une production de 2500 bouteilles pour une marque. Si ces cols sont produits, ils n’en sont peut-être pas pour autant vendus.
Il est important de souligner dans le même temps, que les coûts de production sans compter l’amortissement du vignoble ni celui du matériel, pour un hectare de vigne, sont pas moins de 3 000 euros. Ils s’élèvent à 5 500 en comptant les amortissements.
Que la cave coopérative, citée dans le texte, commercialise 200 000 bouteilles de « Château Montner », a financé sa propre station d’épuration pour traiter les eaux usées par respect envers la nature, l’environnement.
C’est ainsi, à notre avis, qu’il est important de faire la différence entre ceux qui ont un jouet grâce auquel ils passent leur temps et les autres, tous les autres, qui ont un outil pour produire et avoir ainsi un revenu pour faire vivre leurs familles.
Mais au fait, n’y aurait-il pas en filigrane de cette affaire, que nous mettrons sur le compte d’une fébrilité avec la volonté de bien faire de la part du rédacteur, la grande idée du maire de Montner de construire une cave municipale ?

Joseph Jourda