Estagel : un petit coin de voile levé sur l’histoire du village

Une vue des trois éléments composant le bureau de poste

De loin en loin, un village, pour peu que nous fassions attention à son évolution, à ses transformations, livre un petit bout de ses secrets. À chaque fois, c’est le même émerveillement devant une habitation qui reçoit des embellissements, des aménagements, de découvrir sous certaines formes, comment vivaient nos aînés. 

Car finalement, c’est bien de cela dont il est question : imaginer comment évoluaient celles et ceux qui, bien avant nous, occupaient l’espace, les rues, les bâtiments, devenus nos lieux de vie aujourd’hui. C’est monsieur Pierrard, homme discret s’il en est, qui nous livre une partie de ses connaissances, de ses recherches.

La façade avant la réfection



Le relais de poste, avenue Jean Jaurès

C’est ainsi que monsieur Pierrard, dont sa demeure est située aux côtés du bâtiment dont la façade vient d’être restaurée, nous fait part de ses connaissances. C’est à l’occasion de la réfection de la façade de l’immeuble, dont nos clichés se font les témoins, à la vue de l’arc dans le mur, visible encore, que les questions sont venues et les réponses aussi. Pour tout dire, la RN 117, passait devant le relais. Ce n’est que plus tard, lorsque le pont-neuf fut construit, que la RN a traversé le village dans son aspect actuel. Depuis, cette RN, (route nationale), est devenue route départementale (RD).
Mais revenons à notre arc. Un arc plein cintre, à ce qu’il nous paraît, était une énigme. L’usage de cette architecture, remonte aux temps reculés de l’Antiquité.
Dans un arc, les forces de compression verticales (poids propre et surcharges) sont transmises sous forme de forces latérales. Pour cette raison, les arcs doivent être construits à côté d’éléments qui font office de butée, tel qu’un mur de soutènement. C’est ainsi qu’était construit celui dont il est question nous semble-t-il. Il est bon de savoir, que l’arc occupe six mille ans de l’histoire de la construction. Il apparaît pour la première fois dans l’architecture de la Mésopotamie et il se transmet à l’Europe, moyennant son emploi par l’Empire romain, jusqu’à atteindre son apogée au XVIe siècle. 

 

La façade en pleine réfection. L’arc est bien visible. L’entreprise Banovic a été chargée de la rénovation



Les découvertes continuent.

De la même manière, nous apprenons, par la voix de notre guide, que dans les années 1750, le bâtiment du relais de poste était composé de trois maisons adjacentes. Vraisemblablement, il serait de la même époque que l’hôtel St Pierre à Saint-Paul-de-Fenouillet, qui à l’origine était également un relais de poste. La première partie (maison Salvat), était très certainement, l’habitation des responsables des lieux et n’était composée que d’un seul étage. Dans la maison du milieu, celle de monsieur Pierrard, ce dernier a pu, lors de rénovations intérieures, découvrir des numéros, qui de toute évidence, étaient les numéros de chambres. Ainsi, ces dernières, 1, 2, 3, 9 étaient situées dans cette partie de l’immeuble. Les 4, 5, 6, 7, 8 étaient elles, dans le bâtiment dont la façade vient d’être restaurée. Une chambre de prestige, semble avoir existé aussi dans cet ensemble.
Dans la partie centrale, les vestiges d’un four à pain ont été également mis à jour. Il jouxtait la maison à la façade neuve. Il est à noter, que des portes permettaient la communication entre les différents éléments de la bâtisse.

La réfection de la façade est terminée


Si un petit coin de voile est levé sur l’histoire du village, nous espérons que ces quelques lignes, susciteront l’intérêt de celles et ceux pour qui les recherches historiques sont des passions et que ce voile, ainsi levé, pourra s’agrémenter de quelques broderies du plus bel effet.

Joseph Jourda