Estagel/ Permaculture : aimer la vie, c’est aimer la nature

L'entrée du jardin de Boris

C’est ce que semble vouloir nous dire Boris Destrade. Issu d’une famille honorablement connue dans notre cité, Boris, arrivant de Poey-Lescar à côté de Pau et ayant trouvé son paradis de petit jardin, est venu mettre sa passion en pratique.
Rien de démesuré, mais une volonté : aider à montrer que la nature mérite d’être respectée.

Sortant définitivement des circuits traditionnels de maraîchage, il est nécessaire parfois de montrer une grande détermination pour faire avancer des idées. Nous pensons que Boris est ainsi. Il passe devant, laissant les vieux schémas loin derrière lui.

Le poulailler de Boris dont la composition fiente plus paille, sera d’un bon apport pour le jardin

La permaculture, l’agriculture de demain ?

L’utilisation du BRF, (bois-raméal-fragmenté), est le support de cette culture. Le BRF, est des branchages broyés qui peuvent l’être de différentes grosseur suivant l’utilisation nécessaire. Un des premiers problèmes rencontrés, est les champignons, qui ont besoin d’azote, pour faire leur travail de décomposition du bois fragmenté. Ce qui amène, la première année, des difficultés pour les plantes à trouver toute leur vigueur.

La vesce, engrais vert riche en azote

Les expérimentations de Boris sont nombreuses reposant pour l’essentiel, sur les associations qui peuvent être faites entre les plantes. Ainsi, cette forme nouvelle, sortant des sentiers battus, peut être à terme très productrice sur de petites surfaces. C’est ainsi que nous pouvons voir sur quelques mètres carrés de terre, se côtoyer des plants de maïs, de haricots, d’aubergines, de la salade, des pieds de tomate ou les gourmands ne sont pas enlevés pour ne pas affaiblir la plante face aux maladies possibles, ou encore des courgettes.

Maïs, haricot, aubergine, salade, etc, dans un espace réduit, mais très productif
Les plans de tomate où les gourmands ne sont pas retirés

Existe aussi la culture en « lasagne » qui consiste à épandre une couche de paille, une couche d’herbe fraîche et de recommencer sur cinq ou six étages. D’arroser ensuite le tout, de tasser et de rajouter au-dessus dix à quinze centimètres de terreau. Les graines et les plants sont ainsi directement mis en terre. Ceci, à la suite de l’aération du sol à l’aide d’une grelinette, sans l’avoir pour autant retourné. Si, au beau milieu du jardin trône un motoculteur, c’est juste pour la décoration. Il permet ainsi d’entamer la discussion avec les visiteurs, et d’expliquer qu’il est nul besoin de remuer la terre pour avoir de beaux légumes.

La surveillance, un élément majeur du succès

Il est à noter, que ce mode de culture permet d’économiser les ressources en eau. Si cette année, nous avons été bien arrosés, il n’empêche que depuis le cinq mai, aucun arrosage n’a été opéré sur le jardin. Et l’humidité nécessaire est bien là !
La preuve, les lombrics, indispensables à la vie de la terre font leur apparition et s’installent à nouveau dans leur domaine.

La terre renaît. Les lombrics sont de retour

Cette culture, réduit également à néant, l’utilisation des produits phytosanitaires.
En fait, le chemin de la permaculture, n’est rien d’autre que de reproduire le savoir faire de la nature, ses bienfaits, que d’aider cette dernière à faire son chemin, seule.

Il est fier notre Boris

Rentabilité, pouvoir d’achat

Rentabilité est un mot que Boris semble avoir exclu de son raisonnement. « Mon ambition est de produire pour une famille » nous annonce-t-il. « Ce qui m’intéresse est de produire propre, sain, pour moi et pour la nature. »
Utopie, direz-vous ? Mais n’a-t-elle pas fait avancer le monde avec Thomas Moore (1478-1535) ?
En ces débuts, cette forme de culture ne peut pas, de notre avis, apporter le revenu indispensable pour assumer le quotidien. Dans le cadre de la protection de la nature, chère à notre ministre monsieur Hulot, ne serait-il pas important de consacrer un budget à ces techniques ?

Une vue d’ensemble du jardin

Boris s’est formé seul, en utilisant internet, mais aussi en rencontrant des personnes investies dans ce domaine. Si une formation existe, il n’y a pas ou peu de financements engagés à notre connaissance, allant dans cette direction. La formation est payante individuellement, lorsqu’elle est possible matériellement. Dans notre département, le lycée agricole de Rivesaltes, en concertation avec la Chambre d’Agriculture, ne pourrait-il pas mettre en place une section allant dans ce sens, même si elle existe pour le bio en maraîchage ?

Mais Boris, se projette dans l’avenir. « Pourquoi pas au village, mettre en place des jardins familiaux. Mais aussi un jardin, conduit par un professionnel dans la maîtrise de la permaculture, qui alimenterait la cantine du CEG ? », commente-t-il.
Il ne suffit plus de dire : « Je suis d’accord avec cette démarche ». Encore faut-il que les paroles soient suivies d’effets.
Aux actes citoyens !

Vous pouvez apprécier le travail de Boris en allant sur sa page facebook : « les jardins de Bioris »

Joseph Jourda