Estagel : entretien avec le Docteur Malé à l’occasion de la parution du livre « Mémoire de pierres »

160 - Petite cabane avec entrée en arceau simple. Le Docteur Malé dans ces premières découvertes

 

Le Docteur Malé vient de publier aux Presses littéraires « Mémoire de pierres ». Il est déjà l’auteur de : « Au coin du feu chez ma grand mère », paru dans les mêmes éditions. Nous lui avons demandé quelles ont été les raisons qui l’ont conduit à écrire ce livre.

L’histoire de « Mémoire de pierres » commence dans les années 1970 par la découverte fortuite d’une cabane en pierre sèche lors d’une randonnée pédestre dans le massif de la Tourèze. Ce massif est situé en direction de Maury, sur votre gauche, après le pont qui enjambe la rivière. Je n’avais jamais vu ce type de construction dans la plaine où j’ai vécu mon enfance et ma jeunesse. La première surprise passée, la curiosité m’a poussé à pénétrer à l’intérieur. J’ai été étonné par ce mode de construction qui m’était totalement inconnue.

« Mémoire de pierres » entrait en gestation

Lors des sorties suivantes sur ce même site, j’en ai découvert d’autres et progressivement j’ai prêté plus d’attention au mode de construction des différents éléments : l’entrée, les murs, la voûte …..etc. Ces cabanes n’étaient pas seules sur les collines. Des abris en forme de petite guérite ou de niche de saint, des murs de clôture ou de soutènement de terrasses, des cubes d’épierrement étaient présentes et faisaient partie du même ensemble architectural.

Cabane à corniches latérales et contreforts

J’ai photographié, mesuré, pris des notes pour ma connaissance personnelle. Sans le savoir, le processus était lancé. « Mémoire de pierres » entrait en gestation.

Une fois compris le principe général de construction et les variantes dans le détail, de nouvelles questions sont venues :

A qui et à quoi servaient ces cabanes, ces murs, ces abris ?  

Ces constructions étaient utilisées par les paysans qui travaillaient sur ces pentes. Les cabanes les abritaient si besoin, les abris protégeaient des ruches, les murs de clôture délimitaient les parcelles cultivées ou les enclos des pâturages, les murs de soutènement régularisaient la pente en soutenant des terrasses .

Cabane avec paravent et cheminée intérieure à Saint Martin

D’où de nouvelles questions : quelles cultures étaient pratiquées sur ces terres arides et malaisées ? Pourquoi tel site était dédié à la culture et tel autre à l’élevage ?

La réponse acquise entraînait une nouvelle interrogation et, progressivement, une véritable toile d’araignée se tissait. Étaient ainsi étudiées pour comparaison les cultures pratiquées dans la plaine, les canaux irriguant ces cultures et fournissant l’énergie aux moulins qui transformaient les récoltes.

Qui possédait la terre ?

Comment ont évolué dans le temps la démographie, l’économie, l’alimentation, les cultures, le contexte social ?.

Toutes ces notes recueillies pendant plusieurs décennies ont été synthétisées et ordonnées pour aboutir au final à la rédaction de « Mémoire de pierres ». Le texte a été complété par de très nombreuses illustrations.

205 – Cabane double près du coll de l’ase à Estagel

Le but de ce livre est de partager des acquis et de transmettre aux jeunes générations la connaissance du pays où ils vivent, d’y retrouver ou d’y planter leurs racines, de s’y attacher et de sauvegarder ce patrimoine vernaculaire si longtemps ignoré.

C’est aussi un hommage rendu au travail qu’ont accompli nos ancêtres.

Un livre à découvrir qui nous ramène au plus près de nos racines, qui nous fait découvrir le monde dans lequel vivaient nos anciens.

« Mémoire de pierres » est disponible à Estagel au magasin Carrefour Contact

Joseph JOURDA

Grande cabane en haut de La Peyrousse
Grande cabane à linteau monolhite et corniches