« De nos frères blessés » : une pièce qui explore les mémoires de la Guerre d’Algérie

de-nos-freres-blesses-une-piece-qui-explore-les-memoires-de-la-guerre-dalgerie

En 1956, Fernand Iveton, Français d’Algérie, pose une bombe dans un local vide de son usine : l’explosion est prévue après la fin du travail pour ne blesser personne. La bombe n’explose pas mais il est arrêté, torturé, et condamné à la peine capitale. Quatre acteurs transmettent cette histoire comme un conte, convoquant une assemblée populaire, comme autour d’un arbre à palabre. Comme un rituel. Du 13 au 16 novembre au Mémorial du camp de Rivesaltes.

« De nos frères blessés » s’attache tout particulièrement à réinventer la place proposée au spectateur dans le récit, ce qui est au cœur du travail de la compagnie. Faire comprendre qu’après la fin du spectacle, ce sont les spectateurs qui auront pour charge de continuer la transmission amorcée avec les acteurs.

La pièce « De nos frères blessés » porte au théâtre le roman de Joseph Andras, prix Goncourt du premier roman 2016. Les 4 comédiens sur scène nous invitent à explorer les mémoires de la Guerre d’Algérie à travers l’histoire de Fernand Iveton.

De nos Frères Blessés
Texte de Joseph Andras
Mise en scène: Fabrice Henry
Production : Collectif Satori
Musique : Pauline Rambeau de Baralon.

« Comment éclairer d’une autre lumière l’Histoire nationale ?

Que vaut la destinée d’un homme quand elle croise la raison d’Etat ?

De quel côté se situent la violence, la « terreur»? Quelle vérité, quels mensonges font notre Histoire ?

De nos frères blessés pose d’emblée ces questions. Nous avons besoin d’entendre cet appel à la liberté et à la fraternité, aujourd’hui que la société ne cesse de se cliver et où la violence, l’individualisme, le rejet de l’autre se répandent. Ce livre est un hymne à l’espoir, un grand souffle qui a foi en un idéal d’humanité.

J’ai imaginé ce roman historique comme la parole que se passerait un petit groupe de personnes, comme la transmission orale d’un conte ancestral. En Grèce antique, dans un village d’Afrique. L’endroit du récit, de la parole vraie, humaine, est essentiel dans mon travail de metteur en scène. La précision documentaire, la fiction, ces questions importent peu. Ce qui importe, c’est ce qu’on charrie avec cette histoire, c’est l’émotion et la force qu’on veut transmettre à l’autre. L’histoire racontée, le conte, est un endroit bien plus «vrai» que les récits factuels, ou les flux d’information continue dont l’époque nous abreuve.

L’endroit de théâtre que je veux convoquer, c’est celui de l’Assemblée. On se réunit là, dans le noir –c’est déjà un rite -pour écouter, voir, dialoguer, penser et sentir ensemble. Ainsi, le spectateur n’assiste pas à une fiction dont il serait extérieur. Il voit des acteurs qui racontent, comme l’on se raconte une anecdote vécue. L’écriture de Joseph Andras s’y prête fortement, et le spectacle que nous en faisons inclut le spectateur le plus possible, au plus près du souffle des personnages. Pour partager leur solidarité, leur fraternité, leur amour de l’humanité, et surtout leur espoir, qui survit jusqu’au bout, malgré la tragédie et le couperet de l’opinion publique, qui dicte une sentence exemplaire à l’Etat acculé.

Un théâtre qui célèbre la fraternité et l’intelligence, au-delà des barrières raciales, sociales, politiques… Sentir pour un instant, comme seul le théâtre le permet, que nous sommes frères, ou que nous pouvons l’être. Que nous avons tous des frères blessés. Comme Iveton le croyait, lui qui rêvait d’une Algérie indépendante où les musulmans et les européens vivraient ensemble. Interroger le roman de Joseph Andras, et cette histoire occultée, c’est proposer d’explorer collectivement notre mémoire de la guerre d’Algérie, dont les conséquences ont façonné la France actuelle.

S’arrêter pour réfléchir à notre histoire, c’est une alternative à un monde qui ne cesse de se courir après sans trop savoir où il va ni d’où il vient. » Fabrice Henry

FABRICE HENRY

Fabrice Henry se forme au Cours Florent sous la direction de Julien Kosellek, Jean-Pierre Garnier, Gretel Delattre, Julie Recoing, Frédérique Farina et Maxime Franzetti (2008-2011). Il intègre ensuite l’Ecole départementale de théâtre d’Evry (EDT 91) où il est formé entre autres par Christian Jéhanin, Jean-Edouard Bodziak, Xavier Brière, Anne Montfort, Etienne Pommeret ou Emmanuel Verité (2011-2013) puis il est engagé comme compagnon dans le cadre du dispositif GEIQ – théâtre compagnonnage (Nouveau théâtre du 8ème, 2013-2015, Lyon).

Il met en scène deux pièces : « Nous serons les derniers » librement inspiré du Procès de Franz Kafka (Nouveau Théâtre du 8e, Lyon, 2014) et « Être prêt tout est là » d’après Hamlet de William Shakespeare (Centre Paris Anim’ Les Halles, 2016).

Il joue dans Roméo et Juliette de William Shakespeare, mis en scène par Aristide Tarnagda (Festival de la Luzège, Corrèze, 2013), Monstres d’or et de sang, mis en scène par Guy Naigeon et Sylvie Mongin-Algan (Nouveau Théâtre du 8e, Lyon, 2015), France Sauvage, création collective mise en scène par Raphaël Defour (Théâtre de l’Elysée, Lyon, 2015) ou Quand je pense au théâtre, je n’ai plus peur de la vie d’après La Mouette d’Anton Tchekhov, mis en scène par Nicolas Zlatoff (Théâtre Vidy-Lausanne, Suisse, 2015), spectacle repris à Lyon puis en tournée au Mexique et en Colombie.

Il joue ensuite dans La Réunification des deux Corées de Joël Pommerat mis en scène par Marie-Pierre Bésanger (Festival Luzège, Corrèze, 2016) et dans Hodaci | Ceux qui marchent écrit et mis en scène par Gianni-Grégory Fornet (Festival des francophonies en Limousin, Limoges, 2016).

Plus récemment, il joue dans Le Médecin malgré lui mis en scène par Vincent Pouderoux (Festival Luzège, Corrèze, 2017), Les Banquets de la pensée mis en scène par Nicolas Zlatoff (Le Périscope, Lyon, 2016) qui sera repris au théâtre de l’Aquarium (Paris) et dans Les Ennemis publics mis en scène par Thomas Resendes (Théâtre 13, Paris, 2017), spectacle finaliste du concours jeunes metteurs en scène 2017.

LE COLLECTIF SATORI
Satori, ce sont 4 comédiens et metteurs en scène, rencontrés en écoles (EDT 91, GEIQ-Théâtre compagnonnage de Lyon, Studio-Théâtre d’Asnières…). Clémentine Haro, François Copin, Fabrice Henry et Thomas Resendes fondent ce collectif en 2014.

Chacun des artistes fondateurs de Satori est libre de ses créations et travaille régulièrement avec des artistes qui n’appartiennent pas à la compagnie, qu’ils soient acteurs, musiciens, créateurs lumière ou vidéo, scénographes… C’est cette libre association qui permet à chacun des projets de la compagnie d’être singuliers, bien que portés par le même noyau.

« Nos spectacles n’assènent pas une vérité : ils sont le reflet de notre diversité, de notre ouverture sur l’extérieur et de nos rencontres. »

Informations pratiques
– Mardi 13 nov. A 20h : Représentation tout public suivi d’un échange avec le public (tarif : 5€, gratuit moins de 18 ans)
– Jeudi 15 et vendredi 16 : Représentations à destination du public scolaire
– Jeudi 15 nov. 20h : Projection du court métrage d’animation « Octobre Noir » suivie d’une rencontre avec Aurel, Vincent Marie et l’équipe de la pièce « De nos frères blessés »

Réservation indispensable : 04 68 08 39 70 / info@memorialcamprivesaltes.fr

de-nos-freres-blesses-une-piece-qui-explore-les-memoires-de-la-guerre-dalgerie