Confédération paysanne des Pyrénées-Orientales : « Pas de dividendes en 2020 : le dire c’est bien, le faire c’est mieux »

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La Confédération paysanne des Pyrénées-Orientales, nous communique sous le titre « Pas de dividendes en 2020 : Le dire c’est bien, le faire c’est mieux. Réaction aux déclarations de Bruno Le Maire sur Rmc et aux annonces des entreprises », avec prière d’insérer :

« Après la publication de notre lettre ouverte à Bruno Le Maire dimanche 29 mars, ce dernier a précisé lundi matin sur Rmc les mesures qu’il comptait prendre sur le conditionnement de certaines aides de l’État au non-versement de dividendes.

Malheureusement le compte n’y est toujours pas : les entreprises pourront bénéficier de certaines mesures d’urgence et notamment du dispositif renforcé de chômage partiel tout en continuant de verser des dividendes à leurs actionnaires. Le gouvernement doit l’entendre : il n’est pas acceptable que l’État prenne en charge les salaires des entreprises et que celles-ci versent, quoi qu’il en coûte, des dividendes à leurs actionnaires ! La réponse économique ne peut pas socialiser les pertes et privatiser les profits. Ce n’est pas une question de trésorerie, comme l’explique le gouvernement, c’est avant tout une question de justice, de décence, de solidarité nationale. Pour les bas salaires ou les contrats précaires, perdre 16% de sa paie va poser de graves difficultés.

Et au-delà du chômage partiel, la proposition de Bruno Le Maire de conditionner les aides n’est pas dissuasive car les entreprises peuvent continuer à verser des dividendes sans s’exposer à de lourdes peines. Dans le contexte de crise actuelle, les entreprises doivent dédier l’ensemble de leurs moyens à assurer une protection et une rémunération aux salariés, aux fournisseurs et investir dans un modèle plus résilient. Si Bruno Le Maire veut réellement accélérer la transformation de notre système économique pour le rendre « plus soucieux des inégalités et de l’environnement », des mesures de rupture sont indispensables.

Nos organisations demandent donc la suspension immédiate du versement par les entreprises de dividendes, rachats d’actions et bonus aux PDG, a fortiori quand elles ont bénéficié d’aide publique, le temps que durera cette crise.

Le vent est en train de tourner dans le secteur bancaire après les appels inédits de la Fédération Bancaire européenne, de la Banque Centrale Européenne et de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution : la Norvège et la Suède ont ouvert la voie, et aujourd’hui c’est l’ensemble des banques anglaises qui annoncent suspendre leurs dividendes en 2020. En France, plusieurs entreprises ont d’ores et déjà annoncé des gels et des reports – la Société générale et Natixis pour les banques, Safran, JCDecaux, Nexans, Airbus, Auchan – mais certaines passent outre les recommandations du gouvernement comme Total qui s’apprêterait à verser 1,8 milliards d’euros de dividendes. La faute à un gouvernement français qui fait encore trop appel à la bonne volonté des entreprises, avec des mesures trop timides et non contraignantes.

Cette décision doit enclencher dès aujourd’hui une réflexion sur un meilleur partage des richesses au sein des entreprises : il sera nécessaire de penser l’encadrement des dividendes afin que l’entreprise dégage des moyens pour investir dans la transition sociale et écologique.

L’arrêt d’une grande partie de la restauration collective et commerciale hors domicile et l’interdiction d’un grand nombre de marchés ont entrainé une forte augmentation des volumes des denrées alimentaires vendues par la grande distribution aux ménages.

Plusieurs enseignes communiquent sur les achats français et locaux et les développent, notamment sur des filières en grandes difficultés (agneaux, chevreaux, produits frais, plants), nous demandons que ces pratiques se multiplient et puissent également mettre en avant des produits sous signe de qualité.

Cependant la solidarité sur l’écoulement des volumes ne suffit plus, nous attendons de la distribution plus de responsabilité également en matière de transparence sur les prix d’achats et de vente et également sur une répartition des marges plus équitable entre tous les acteurs des filières.

Notre travail est aujourd’hui reconnu d’utilité publique, il doit donc être valorisé comme tel et nous exigeons des pouvoirs publics des mesures fortes pour permettre en ces temps inédits une juste rémunération de notre travail : plus une vente ne doit se faire en dessous nos coûts de production.

Cette « solidarité » de la grande distribution doit se traduire dans les actes de manière structurelle.

La réorganisation de nos filières, initialement imaginée lors des États Généraux de l’Alimentation, ne peut plus attendre. Sans une meilleure rémunération des paysan.ne.s et une amélioration substantielle de leurs conditions de travail, il n’y aura pas les installations massives nécessaires pour l’avenir de nos campagnes et de nos systèmes alimentaires.

Relocalisation et rémunération équitable du travail doivent guider nos actes face aux enjeux actuels et à venir. »