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samedi 31 mai 2025

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Cette ville de 6 356 habitants forme un îlot français encerclé par la Belgique

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Ce matin-là, en remontant les quais de la Meuse à vélo, j’ai failli rater l’embranchement vers Givet. Heureusement, le carillon de l’église Notre-Dame m’a ramené à la réalité. Devant moi se dressait la plus petite ville fortifiée de France, lovée dans un méandre du fleuve comme un secret bien gardé. Cette cité de 6 356 habitants cache des trésors que même les Ardennais ignorent parfois.

Quand l’empereur Charles Quint façonnait la frontière française

Givet n’est pas une ville comme les autres. Posée à 55 km au nord de Charleville-Mézières, elle forme une avancée française au cœur de la Belgique, cernée sur trois côtés par nos voisins. Cette position singulière lui vaut son surnom local : « l’îlot français en terre belge ».

Le Fort de Charlemont, perché sur sa colline, raconte une histoire fascinante. Charles Quint, empereur du Saint-Empire, ordonna sa construction au XVIe siècle pour contrôler ce passage stratégique. Ironie de l’histoire : cette forteresse érigée contre la France protège aujourd’hui notre territoire ! Les fortifications Vauban qui l’entourent rappellent d’autres merveilles défensives françaises, comme ce fort pyrénéen qui cache un escalier souterrain de 765 marches.

Mon guide local, Marcel, m’a confié cette anecdote : « Pendant la Grande Guerre, les Allemands ont utilisé Charlemont comme dépôt de munitions. Aujourd’hui, on y organise des visites nocturnes à 15€ qui donnent des frissons autrement plus agréables ! »

Entre légendes de la Meuse et modernité transfrontalière

La Pointe de Givet forme une réserve naturelle de 354 hectares, la deuxième plus vaste de Champagne-Ardenne. En remontant le sentier riverain au petit matin, j’ai surpris un martin-pêcheur plongeant dans les eaux calmes. Ces paysages inspirent depuis des siècles les légendes locales sur les « Dames de Meuse », ces créatures aquatiques bienveillantes qui guident les mariniers.

L’ambiance transfrontalière de Givet fascine : libre circulation vers la Belgique, panneaux trilingues français-flamand-wallon, et cette habitude locale de faire ses courses « de l’autre côté » selon les taux de change. Comme me disait Elena, ma femme catalane : « Ici, la frontière unit plus qu’elle ne sépare ! » Cette richesse multiculturelle évoque d’autres lieux français marqués par des influences impériales européennes.

Carnet d’adresses de l’explorateur : mes coups de cœur authentiques

Pour dormir, évitez les chaînes ! La Maison d’hôtes du Quai Vauban propose des chambres entre 60€ et 85€ avec vue sur la Meuse. Camping-caristes, direction l’aire de Chooz à 8 km, gratuite et équipée.

Côté gastronomie, la Tarte au Sucre ardennaise chez Pâtisserie Moreau mérite le détour. Pour un repas complet, comptez 20€ à 35€ à l’Auberge de la Meuse, où Christophe cuisine exclusivement des produits locaux. Son boudin blanc aux champignons des Ardennes rivalise avec les spécialités qu’on trouve dans d’autres villes fluviales remarquables de France.

Ne manquez pas le marché du samedi matin place Méhul : fromages fermiers, miel de tilleul, et cette charcuterie artisanale qui embaume la place. Les photographes adoreront les reflets dorés du fort dans la Meuse au coucher du soleil, accessible via le sentier des Rochers.

Guide du voyageur malin : budgets optimisés et transports futés

Depuis Paris, comptez 3h15 en train via Charleville-Mézières, puis bus local (12€ total). En voiture, parking gratuit quai de Meuse et rue du Fort. Pour les budgets serrés, le Camping des Remparts à Fromelennes loue des mobil-homes dès 45€/nuit.

L’astuce locale : profitez des événements transfrontaliers comme le Rallye de la Houille en mai pour découvrir la région autrement. Le pass « Meuse-et-Forêts » (25€) donne accès aux trois sites fortifiés de la vallée.

Ce que les guides ne vous disent jamais

Le secret que m’a confié le gardien du fort

Les souterrains de Charlemont abritent une ancienne chapelle du XVIIe siècle, accessible uniquement lors des visites spéciales du premier dimanche de chaque mois.

L’erreur de débutant que j’ai faite

Ne visitez pas un dimanche après-midi : la plupart des commerces ferment et l’ambiance retombe. Préférez le samedi matin pour saisir l’âme vivante de la cité.

Ma découverte totalement inattendue

La chocolaterie Darcis, côté belge à 500 mètres du centre, propose des pralines aux saveurs ardennaises inédites. Un pont entre deux cultures gourmandes !