Le parfum de soufre me saisit encore quand j’évoque mes souvenirs de Goma. Cette ville volcanique unique au monde, bâtie littéralement sur une coulée de lave du Nyiragongo, m’avait fasciné lors de mon reportage en 2019. Mais aujourd’hui, en juin 2025, la réalité est tout autre : Goma traverse une crise sécuritaire majeure qui rend tout voyage impossible. Pourtant, comprendre cette destination hors du commun reste essentiel pour saisir la beauté fragile de notre planète.
Quand la géologie façonne le destin d’une métropole africaine
Imaginez une ville de 1,5 million d’habitants construite sur de la lave refroidie ! Goma détient ce record mondial unique depuis l’éruption dévastatrice de 2002, qui avait détruit 40% de ses infrastructures. Cette particularité géologique en fait un laboratoire naturel fascinant, même si elle expose constamment ses habitants aux caprices du volcan Nyiragongo.
Le lac Kivu, qui borde la ville, cache lui aussi ses secrets. Ses 60 km³ de méthane dissous en font l’un des lacs les plus dangereux au monde en cas d’éruption limnique. Cette caractéristique rappelle d’autres phénomènes géologiques exceptionnels, comme ce cratère tanzanien de 610 mètres de profondeur qui abrite 25 000 mammifères sauvages, montrant la diversité extraordinaire des formations géologiques africaines.
La dernière éruption de 2021 a rappelé cette vulnérabilité permanente. Les habitants vivent avec cette épée de Damoclès volcanique, développant une résilience admirable face aux forces telluriques.
Entre traditions locales et défis contemporains : l’identité congolaise révélée
En temps normal, Goma rayonne par son artisanat volcanique unique. Les artisans locaux sculptent la roche volcanique noire pour créer des objets décoratifs saisissants, témoignage de cette cohabitation millénaire avec le volcan. Le marché de Birere, aujourd’hui quasi désert, vibrait autrefois de cette créativité congolaise.
La gastronomie locale mélange influences swahilies et traditions des Grands Lacs. Les brochettes de viande grillée et le poisson du lac Kivu constituent les spécialités incontournables, accompagnées de bananes plantain préparées selon des recettes transmises de génération en génération.
Cette diversité culinaire évoque d’autres trésors cachés du continent, à l’image de ces sources thermales sauvages de 69°C qui cachent un secret que les guides ignorent, rappelant que l’Afrique regorge de merveilles géothermiques méconnues.
Carnet d’adresses de l’explorateur suspendu : mes recommandations pour demain
En période stable, le Parc National des Virunga représente l’attraction phare avec sa randonnée au sommet du Nyiragongo. Cette expérience unique coûte environ 400-500€ par personne et offre la contemplation d’un lac de lave incandescent à 3470 mètres d’altitude.
Mes lieux secrets habituels incluent le cimetière des tanks à l’entrée de ville, vestige poignant des conflits passés, et les îles du lac Kivu accessibles en pirogue traditionnelle. Ces destinations alternatives rappellent l’importance de préserver des espaces uniques, comme ce village perché à 1 200 mètres qui cache seize sommets que les guides ignorent.
Les sources chaudes de Sake, à 30 minutes de Goma, constituent un autre trésor naturel exceptionnel pour les amateurs de géothermie.
Guide du voyageur averti : planifier l’après-crise
Pour un futur séjour, comptez un budget de 50-100€ par jour incluant hébergement basique, repas locaux et transports. Les hôtels de gamme correcte facturent entre 70-120€ la nuit, tandis que la restauration locale reste accessible avec des repas à 5-15€.
La période mai-octobre offre les meilleures conditions climatiques, évitant les pluies torrentielles de la saison humide. L’altitude de 1500 mètres procure des températures agréables toute l’année.
Les vaccinations contre la fièvre jaune restent obligatoires, complétées par une prophylaxie antipaludique adaptée à cette région des Grands Lacs.
Ce que les guides ne vous disent jamais
Le secret que m’a confié un guide Virunga
Les gorilles de montagne se montrent plus facilement tôt le matin, avant 8h, quand la brume matinale les protège encore de la chaleur naissante.
L’erreur de débutant que j’ai faite
Ne jamais sous-estimer l’altitude lors de l’ascension du Nyiragongo. Prévoir gants et masque anti-poussière pour se protéger des gaz volcaniques irritants.
Ma découverte totalement inattendue
La résilience extraordinaire des Gomais, qui reconstruisent inlassablement leur ville sur cette terre volcanique imprévisible, comme me l’expliquait Mama Furaha : « Aquí la lava és la nostra mare i la nostra por » – ici la lave est notre mère et notre peur.