Le silence. C’est la première chose qui m’a frappé en arrivant à l’Alpe du Grand Serre ce matin de février. Là où résonnaient jadis les claquements des remontées mécaniques et les rires des familles, seul le vent de la vallée de la Roizonne chuchote désormais ses secrets aux chalets endormis. Depuis la fermeture définitive en octobre 2023, cette pionnière des sports d’hiver isérois nous raconte une autre histoire, celle de la résilience alpine face aux défis climatiques.
Quand l’histoire bégaie : voyage dans le temps d’une station précurseuse
Imaginez-vous en 1938, quand l’Alpe du Grand Serre ouvrait ses premières pistes, devenant ainsi la toute première station de ski de l’Isère. À l’époque, mes grands-parents parlaient encore de cette révolution blanche qui transformait nos montagnes en terrains de jeu hivernaux. Nichée entre 1 368 et 2 183 mètres d’altitude dans le massif du Taillefer, elle proposait déjà ce mélange unique d’accessibilité et d’authenticité qui la caractérisait.
Comme ce téléphérique de 1941 qui était le plus long d’Europe, l’Alpe du Grand Serre incarnait cette audace technique des débuts du ski alpin. Ses 55 kilomètres de pistes se déclinaient en un éventail parfait pour les familles : 5 vertes pour les premiers pas, 16 bleues pour la progression, 11 rouges pour l’adrénaline et 3 noires pour les téméraires.
Entre nostalgie et renaissance : l’âme alpine qui perdure malgré tout
Contrairement à ce village de 400 habitants à 387 mètres qui cache plus de 300 jours de soleil par an, l’Alpe du Grand Serre doit composer avec les aléas météorologiques de la haute montagne. Mais c’est justement cette authenticité qui fascine aujourd’hui les amoureux de nature préservée.
La commune de La Morte, qui accueille la station, ne compte que 150 âmes permanentes, mais quelle richesse humaine ! J’ai rencontré Paulette, 78 ans, qui me confiait : « Ici, on dit ‘La montanha es nòstra còsta’ – la montagne est notre côte à nous. Même fermée, elle reste notre terrain de jeu. » Cette philosophie alpine résonne encore dans les vallées de la Romanche et de la Roizonne, où randonneurs et amateurs de via ferrata trouvent leur bonheur.
Carnet d’adresses de l’explorateur : mes coups de cœur dans une station qui renaît
Même sans remontées mécaniques, l’Alpe du Grand Serre révèle ses trésors cachés. Les sentiers de randonnée entre les deux vallées offrent des panoramas époustouflants sur le Taillefer, particulièrement photogéniques au lever du soleil. Mon spot secret ? Le col de la Rousse, accessible en 2h30 de marche, d’où la vue porte jusqu’au Mont-Blanc par temps clair.
Pour les gourmands, la région reste fidèle aux traditions fromagères alpines. Comme ce village à 1000 mètres d’altitude qui cache des techniques fromagères millénaires, les producteurs locaux perpétuent l’art du reblochon et proposent des tartiflettes authentiques dans les chalets-restaurants des environs.
Guide du voyageur malin : explorer l’Alpe du Grand Serre aujourd’hui sans se ruiner
L’accès reste simple depuis Grenoble (45 minutes de route), via l’A43 puis l’A48 pour les Lyonnais. Le parking gratuit en station facilite l’exploration des alentours. Côté hébergement, comptez 60-80€ la nuit en gîte local, 35€ en auberge de jeunesse à Bourg-d’Oisans.
Les activités estivales (VTT, randonnée) restent accessibles et abordables. Un conseil d’ami : visitez entre juin et septembre pour profiter pleinement des sentiers balisés et des refuges ouverts.
Ce que les guides ne vous disent jamais
Le secret que m’a confié le maire de La Morte
Des discussions sont en cours pour transformer la station en centre de ski de fond et d’activités quatre saisons, avec réouverture possible dès 2026.
L’erreur de débutant que j’ai faite
Ne pas prévoir de vêtements chauds même en été : au-dessus de 2000 mètres, la météo change vite dans le Taillefer !
Ma découverte totalement inattendue
Le Festival Jazz’Alp de mars pourrait reprendre sous une nouvelle forme, mélangeant musique et nature dans un cadre unique.
