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vendredi 1 août 2025

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Cette sardane du 23 juin que 3 villages du Canigó dansent encore en cercle jusqu’à l’aube

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Dans les ruelles pavées de Collioure, chaque 23 juin résonne encore du claquement rythmé des espadrilles sur les pierres anciennes. Ma grand-mère Dolors me racontait comment, pendant la guerre, ils continuaient à danser en secret dans les caves, la musique étouffée mais les cœurs battant au rythme de la cobla. Aujourd’hui, trois villages du Canigó perpétuent cette tradition nocturne où la sardane unit les générations jusqu’aux premières lueurs de l’aube.

À Collioure, Vernet-les-Bains et dans les hauteurs du massif, le 23 juin transforme les places de village en véritables salles de bal à ciel ouvert. Cette nuit-là, la sardane retrouve sa fonction première : rassembler la communauté catalane autour d’un cercle symbolique qui défie le temps.

L’art de ces soirées perdure grâce à des familles qui transmettent non seulement les pas, mais surtout l’esprit de partage qui anime chaque cercle de danseurs.

L’origine de cette tradition catalane

Le lien sacré avec la flamme du Canigó

Depuis 1964, l’embrasement des feux de la Saint-Jean crée un pont entre les villages catalans des deux versants pyrénéens. La sardane accompagne naturellement ce rituel, car sa forme circulaire évoque le cycle solaire et la renaissance estivale que célèbre cette fête ancestrale.

Une résistance culturelle devenue tradition

Pendant des décennies difficiles, ces danses nocturnes ont maintenu vivante l’identité catalane. Les anciens racontent comment ils se retrouvaient après minuit, quand les autorités ne surveillaient plus, pour danser jusqu’à l’aube en défiant l’interdiction.

Le geste précis qui fait la différence

L’alternance des pas courts et longs

La beauté de la sardane réside dans cette alternance millénaire entre les curts et les llargs. Les pas courts, latéraux et mesurés, préparent l’élan des pas longs qui portent le cercle vers l’avant et l’arrière. Cette respiration chorégraphique demande une écoute collective parfaite de la cobla.

Les signaux du meneur de sardane

Le chef de sardane guide discrètement le cercle par des pressions de mains et des hochements de tête. Ces signaux codifiés depuis le XIXe siècle permettent aux danseurs de changer de direction ensemble, créant cette harmonie qui caractérise les cercles catalans authentiques.

Comment nos anciens procédaient

La cobla traditionnelle et ses instruments

Les onze musiciens de la cobla Mil·lenària perpétuent un savoir-faire transmis de maître à apprenti. Le flabiol et le tamborí donnent le tempo, tandis que les tenores et tibles tissent les mélodies qui guident les pas. Chaque instrument a sa place précise dans l’harmonie collective.

L’organisation des veillées jusqu’à l’aube

Nos grands-parents organisaient ces soirées selon un rituel immuable : première sardane à 21h au moment de l’embrasement, pause pour le repas partagé, puis reprise vers 23h15 qui se prolongeait naturellement jusqu’au lever du soleil. Les femmes apportaient des coques de Sant Joan et du moscatell pour soutenir les danseurs.

L’adapter aujourd’hui dans votre quotidien

Rejoindre les cercles actuels

À Collioure et Vernet-les-Bains, les colles sardanistes accueillent les nouveaux venus chaque 23 juin. Aucune tenue spéciale n’est requise, juste des chaussures plates et l’envie de partager ce moment collectif. Les soirées commencent dès 21h et chacun peut rejoindre le cercle à tout moment.

Transmettre aux plus jeunes

Les écoles de sardane du département proposent des initiations familiales où grands-parents et petits-enfants apprennent ensemble. Cette transmission unit 47 villages catalans dans une même dynamique culturelle vivante.

Conseil de mamie : « Pour bien danser la sardane, écoute d’abord le flabiol qui compte les temps. Tes pieds suivront naturellement, mais ton cœur doit battre avec celui de tes voisins. »

Cette sardane du 23 juin nous rappelle que certaines traditions ne se conservent pas dans les livres, mais dans les gestes partagés. En rejoignant ces cercles nocturnes, vous devenez maillon d’une chaîne humaine qui traverse les siècles. Comme les équipes qui montent la flamme au Canigó, vous participez à un effort collectif plus grand que vous.

Alors ce 23 juin, laissez-vous porter par cette danse qui unit les générations. Dans quelques années, vous serez peut-être celui qui transmettra à son tour ces pas millénaires aux enfants du village, perpétuant ainsi cette belle résistance catalane.