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jeudi 31 juillet 2025

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Cette infusion de mauve des garrigues que mamie préparait quand la tramontane assèche

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Dans les mas du Roussillon, quand la tramontane souffle trois jours d’affilée et que les gorges s’assèchent, mamie Dolors descendait à la garrigue avec son panier d’osier. Elle cherchait cette mauve aux petites fleurs roses qui pousse entre les pierres schisteuses, celle que nos anciens appelaient « l’herbe douce » pour ses vertus apaisantes.

Cette tradition millénaire s’enracine dans la sagesse populaire catalane, où chaque plante de nos terres arides avait son usage précis. La mauve sylvestre, avec ses mucilages protecteurs, constituait le remède de choix contre les irritations causées par nos vents secs hivernaux.

Aujourd’hui encore, quelques familles des Aspres et du Conflent perpétuent ce savoir-faire ancestral, adapté aux réalités climatiques de notre territoire méditerranéen-montagnard.

L’origine de cette tradition catalane

Une adaptation au climat pyrénéen

Nos ancêtres catalans ont développé cette pratique en réponse aux spécificités de notre climat. Les épisodes de tramontane, combinés à la sécheresse hivernale des garrigues, créaient des conditions particulièrement agressives pour les voies respiratoires. La mauve sylvestre, qui prolifère naturellement sur nos sols schisteux riches en minéraux, concentrait alors ses principes actifs émollients.

Un territoire propice à cette pharmacopée

Dans les zones d’éboulis du Canigó et les terres drainées des Aspres, cette malvacée développe une teneur exceptionnelle en mucilages. Ces composés forment une protection naturelle contre la dessication, particulièrement efficace lors des pics de sécheresse que connaissent nos hivers méditerranéens.

Le geste précis qui fait la différence

La cueillette aux bons moments

La récolte s’effectue au printemps, quand les fleurs roses s’épanouissent et que les feuilles atteignent leur maturité optimale. Les cueilleurs expérimentés privilégient les expositions à mi-ombre des garrigues, où les plantes concentrent davantage leurs vertus apaisantes. Il faut choisir les spécimens poussant sur terrain caillouteux, loin des zones humides.

Un séchage respectueux des propriétés

Le séchage à l’ombre, étalé sur des claies d’osier, préserve les mucilages fragiles. Cette étape cruciale dure une semaine dans nos conditions climatiques. Une fois sèches, les fleurs et feuilles se conservent six mois dans des bocaux hermétiques, à l’abri de l’humidité qui pourrait altérer leurs propriétés.

Comment nos anciens procédaient

La préparation traditionnelle

Pour une infusion efficace, comme pour la menthe des cortals, le temps de contact reste essentiel : sept minutes exactement. Une cuillère à café de fleurs séchées pour 500 ml d’eau chaude, sans ébullition pour préserver les mucilages. Cette tisane se boit deux à trois fois par jour durant les épisodes de tramontane.

Conseil de mamie : « Quan fa tramuntana, cal beure la malva tèbia amb mel de bruc » – quand souffle la tramontane, il faut boire la mauve tiède avec du miel de bruyère.

L’usage en cataplasme

Les feuilles fraîches réhydratées, légèrement broyées, s’appliquaient en cataplasme sur la gorge. Cette technique, complémentaire aux fumigations de sauge du Vallespir, procurait un soulagement immédiat lors des irritations les plus sévères.

L’adapter aujourd’hui dans votre quotidien

L’alliance avec le miel pyrénéen

L’ajout de miel de lavande des Aspres ou de bruyère du Conflent renforce l’action apaisante de l’infusion. Ces miels locaux, aux notes florales prononcées, s’harmonisent parfaitement avec la douceur de la mauve. Privilégiez les producteurs artisanaux qui respectent les cycles naturels de nos ruchers pyrénéens.

Une adaptation au réchauffement climatique

Face à l’intensification des épisodes de sécheresse, certaines familles avancent leur cueillette ou complètent avec d’autres plantes médicinales du territoire. Cette évolution témoigne de la capacité d’adaptation de nos savoirs ancestraux.

Cette infusion de mauve reste aujourd’hui un témoignage vivant de notre pharmacopée catalane. Dans un monde où les remèdes industriels dominent, perpétuer ce geste simple constitue un acte de résistance culturelle et de reconnexion à notre territoire.

Transmettez cette tradition à vos proches : chaque tisane préparée selon les gestes de nos anciens renforce le lien qui nous unit à cette terre catalane, généreuse en remèdes naturels pour qui sait les reconnaître.