Le moteur du petit avion de tourisme ronfle au-dessus des eaux turquoise des Grenadines. Soudain, l’appareil amorce sa descente vers une piste d’atterrissage qui semble suspendue entre ciel et mer. Bienvenue à Mustique, l’île privée la plus secrète des Caraïbes, où 200 millions d’euros suffisent à peine pour s’offrir la villa la plus chère de l’archipel. Ici, comme dirait ma grand-mère catalane, « l’argent ne fait pas le bonheur, mais il aide drôlement à l’organiser ».
Quand l’aristocratie britannique transforme un rocher en paradis milliardaire
L’histoire de Mustique commence dans les années 1950 avec Colin Tennant, un aristocrate britannique qui rachète cette île de 5,7 km² peuplée uniquement de pêcheurs. Sa vision ? Créer un sanctuaire pour l’élite mondiale. La princesse Margaret, sœur d’Elizabeth II, devient la première résidente célèbre en acquérant une villa à la fin des années 1960.
Aujourd’hui, cette île compte seulement 89 à 120 villas privées réparties entre célébrités et milliardaires. Mick Jagger, David Bowie, et plus récemment le couple William et Kate Middleton y louent régulièrement des propriétés pour leurs vacances hivernales. L’anecdote qui m’a marqué ? En 2023, la villa « The Terraces » a pulvérisé tous les records immobiliers caribéens avec son prix de 200 millions d’euros.
Contrairement à cette plage paradisiaque de Bora Bora où la nature préservée côtoie le luxe, Mustique mise sur l’exclusivité absolue. L’épave du paquebot Antilles, échoué en 1971, rappelle que même les géants des mers peuvent succomber à la beauté de ces eaux cristallines.
Macaroni Beach : le joyau accessible de l’île aux milliardaires
Paradoxe fascinant de Mustique : sa plus belle plage reste totalement gratuite et accessible à tous les visiteurs. Macaroni Beach déroule son sable blanc immaculé sur près d’un kilomètre, bordée d’une eau turquoise à 27°C toute l’année. Les palmiers penchés dessinent des ombres parfaites, créant cette ambiance « chic décontracté » qui caractérise l’île.
Contrairement à cette plage croate unique qui change de forme selon les vents, Macaroni Beach conserve sa forme parfaite de croissant. Mon conseil d’initié ? Rejoignez la plage vers 7h du matin ou 17h pour éviter l’affluence et profiter des lumières magiques.
Le Basil’s Bar, institution locale depuis des décennies, propose ses légendaires « Jump Up » le mercredi et ses « Sunset Sessions » le dimanche. L’ambiance y mélange sophistication et décontraction tropicale, dans un esprit que ne renierait pas Sanary-sur-Mer, port discret de la Côte d’Azur.
Guide du voyageur malin : budgets et astuces pour approcher l’inaccessible
Séjourner à Mustique demande un budget conséquent : comptez 8 000 à 30 000 euros par personne pour une semaine, selon le standing choisi. Les villas se louent entre 5 000 et 30 000 euros par semaine, tandis que le prestigieux Cotton House facture ses chambres à partir de 1 000 euros la nuit.
L’accès se fait via Saint-Vincent, avec des vols depuis Paris transitant par Londres, Madrid ou Miami (environ 1 500 à 2 000 euros l’aller-retour). Le ferry M/V Endeavour assure ensuite la liaison vers Mustique pour 100 à 300 euros.
Événement à ne pas manquer : la Health and Happiness Week du 1er au 8 mai 2025, qui propose des activités bien-être à partir de 6 600 dollars par personne. Une alternative pour découvrir l’île autrement.
Ce que les guides ne vous disent jamais
Le secret que m’a confié le barman de Basil’s
Les Taco et Tequila Thursdays attirent même les propriétaires de villas les plus discrets. L’ambiance devient alors authentiquement caribéenne, loin du protocole habituel.
L’erreur de débutant que j’ai faite
Arriver sans réservation est mission impossible. L’île contrôle strictement ses 500 à 650 habitants permanents et limite l’accès aux 1 200-1 300 personnes en haute saison.
Ma découverte totalement inattendue
The Peak, point culminant à 178 mètres, offre un panorama à 360° sur tout l’archipel des Grenadines. Un trésor accessible par un sentier discret depuis Britannia Bay.
Mustique cultive cette magie particulière des lieux d’exception : être à la fois totalement inaccessible et irrésistiblement désirable. Comme nous disons en catalan : « El que no es pot tenir, sempre és més dolç » – ce qu’on ne peut posséder a toujours plus de saveur.