La pirogue fend les eaux turquoise dans un silence presque religieux. 400 mètres seulement nous séparent de Sainte-Marie, mais c’est comme franchir la porte d’un autre monde. Devant moi, l’Île aux Nattes se dessine avec ses cocotiers qui dansent dans la brise malgache. Mon guide local, Hery, me glisse avec un sourire complice : « Ici, on dit ‘Mora mora’ – doucement, doucement. Sur Nosy Nato, le temps n’a pas la même saveur qu’ailleurs. »
Quand Madagascar dévoile son secret le mieux gardé dans l’océan Indien
Imaginez un territoire de 3 kilomètres carrés où aucun moteur ne trouble jamais la quiétude. L’Île aux Nattes, ou Nosy Nato en malgache, tire son nom de l’arbre endémique Nato et de l’art ancestral du tressage des feuilles de pandanus. Cette île confidentielle accueille seulement 10 000 visiteurs par an, un chiffre dérisoire comparé aux destinations phares de l’océan Indien.
Entre juillet et septembre, un spectacle extraordinaire se joue dans ces eaux : les baleines à bosse viennent ici pour se reproduire et mettre bas. C’est un privilège rare que de les observer depuis la plage, sans même prendre un bateau. Contrairement à cette plage sicilienne aux eaux turquoise comme aux Caraïbes qui croule sous un demi-million de visiteurs annuels, l’Île aux Nattes a su préserver son authenticité.
Entre lémuriens bambous et récifs coralliens : l’écosystème le plus préservé de l’île Rouge
Dans les forêts de bambous qui couvrent l’intérieur de l’île, j’ai eu la chance d’observer ces fameux lémuriens bambous, une espèce que les 800 habitants locaux protègent jalousement. Le récif corallien qui encercle l’île abrite plus de 150 espèces de coraux et poissons tropicaux, un véritable aquarium naturel accessible depuis le rivage.
Hery m’a conduit vers un spot de snorkeling secret dans la baie nord-est, où les groupes ne viennent jamais. « Les touristes restent sur les plages du sud », me confie-t-il. « Mais ici, tu nages avec les tortues marines comme si tu étais seul au monde. » Cette biodiversité exceptionnelle rappelle celle d’autres îles aux écosystèmes uniques, comme cette île atlantique aux bassins 8 fois plus salés que l’océan.
Carnet d’adresses de l’explorateur : mes découvertes confidentielles testées sur le terrain
L’hébergement chez Madame Soary, une ancienne institutrice reconvertie en hôtesse, reste ma recommandation absolue. Son bungalow face à la mer coûte 25 euros la nuit avec petit-déjeuner aux fruits tropicaux. Elle prépare le meilleur rougail de poisson de l’île pour 6 euros le repas complet.
Pour l’activité incontournable, l’excursion aux Îlots au Sable mérite le détour. Cette langue de sable blanc au milieu du lagon, accessible uniquement à marée basse, devient votre plage privée pour quelques heures. Le kayak pour y accéder coûte 15 euros la demi-journée.
Ne manquez pas l’atelier de Rakoto, le dernier artisan de l’île à perpétuer l’art du tressage traditionnel. Ses paniers en feuilles de pandanus, vendus entre 8 et 20 euros, constituent les souvenirs les plus authentiques que vous rapporterez.
Guide du voyageur malin : budgets réels et astuces d’initié pour 2025
La traversée en pirogue depuis Sainte-Marie coûte 12 euros aller-simple, avec des départs toutes les heures. Un conseil d’ami : négociez directement avec les piroguiers sur le port pour obtenir un tarif dégressif si vous restez plusieurs jours.
Budget quotidien recommandé : 35-45 euros pour un séjour confortable incluant hébergement, repas et une activité. La période idéale s’étend de mai à octobre pour éviter la saison des pluies qui peut recevoir jusqu’à 1,5 mètre de précipitations, bien loin des records de cette île hawaïenne qui reçoit 10,27 mètres de pluie annuelle.
Ce que les guides ne vous disent jamais
Le secret que m’a confié le chef du village
Les meilleures photos se prennent depuis la colline de la Maison Blanche au coucher du soleil. Mais arrivez-y vers 17h30, car le sentier devient glissant à la nuit tombée.
L’erreur de débutant que j’ai faite pour que vous l’évitiez
Ne partez jamais sans liquide malgache. Les paiements par carte sont impossibles, et le change sur place applique des taux désavantageux.
Ma découverte totalement inattendue
Les villageois organisent parfois des veillées traditionnelles avec chants et danses. Demandez à votre hébergeur de vous prévenir : c’est gratuit et infiniment plus authentique que n’importe quel spectacle touristique. Comme on dit ici : « Ny hira malagasy tsy mba very » – la musique malgache ne se perd jamais.
